Madiassa Maguiraga

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Question : Monsieur Madiassa Maguiraga, vous êtes candidat à l”élection présidentielle. Quelles sont les motivations profonds qui vous ont incité à briguer la magistrature suprême  ?
 
Madiassa Maguiraga : Depuis que j”ai terminé mes études, les gouvernements successifs du Mali n”ont pas voulu faire usage de mes compétences, et cela, jusqu”à l”heure où j”écris ces lignes. Je suis rentré d”abord en mai 1970, j”ai été contraint de repartir aussitôt. De plus, quand je suis rentré définitivement au Mali, suite à l”instauration de la démocratie, mon entreprise privée a connu toutes les difficultés imaginables.

Sur la base de mon expérience au Mali, j”ai conclu que les hommes politiques maliens dirigeants sont opposés au développement du Mali parce qu”ils refusent d”exploiter les ressources humaines exceptionnelles.
Parce que je suis soucieux de l”avenir de mon pays, il n”est pas possible que je reste à l”écart lorsque le peuple doit choisir son président. Par cette même occasion, je peux présenter aux Maliens mes idées sur les voies à suivre pour le développement.

Question : De quel projet êtes vous porteur pour le Mali.

Madiassa Maguiraga : Si on veut attaquer le problème du décollage économique et social du Mali, il faut résoudre les problèmes des salaires, de l”emploi et des mines. Tout chef d”État malien qui s”attaquera à ces problèmes mettra le Mali sur la voie du développement. Ce président doit être patriote. Cette qualité se prouve par les actes.

• Le salaire : Il faut tripler le salaire du travailleur malien. Ainsi, son rendement sera meilleur et l”économie tournera mieux. Pas question de dire qu”on n”a pas l”argent pour le faire. Cet argent est là puisque les salaires des députés ont subi des hausses vertigineuses. Cet argent est là puisqu”on ose payer le Vérificateur à plus de 3 millions par mois. Cet argent est là puisque la masse salariale actuelle est de 150 milliards et les recettes de l”Etat sont à 700 milliards.
• L”emploi : J”ai toujours dit que pour un pays sous-développé, si une personne nous dit qu”il n”y pas d”emploi, cette personne se moque de nous ou alors cette personne manque totalement d”imagination. L”emploi, on le crée. Dans un pays en retard c”est bien là qu”il a beaucoup à créer. Il y a des usines industrielles à implanter dans les domaines de consommation de la population et dans les domaines rentables d”exportation. Voyons ce que les autres font et battons-les à la concurrence.
• Les mines d”or : Un président du Mali qui cherche le bonheur de son peuple doit convaincre ce peuple que nous tirons de l”or le maximum de profit possible. Je promets, si je suis élu, de mettre immédiatement en place une commission des anciens présidents, Premiers ministres, ministres des Finances, ministres des Mines, afin qu”ils examinent tous les contrats passés et leur mode d”exécution. Leurs recommandations s”imposeront à tous. Il n”est pas normal que l”on soit assis sur de l”or et que l”on fasse le mendiant.

Question : La demande sociale est une donnée importante dans notre pays. Pensez vous que les politiques menées jusqu”ici sont bonnes ou allez-vous en proposer de nouvelles ?

Madiassa Maguiraga : J”ai parlé d”un réajustement obligatoire des salaires et de l”implantation des industries. Si on ne s”attaque pas à ces problèmes fondamentaux, les revendications sociales ne finiront jamais.
Le sacrifice doit venir en premier lieu du président lui même. Et dans ce monde globalisé où l”information est instantanément disponible, on ne peut plus réprimer une revendication sociale.

Question : La nécessité d”une plus grande représentativité des femmes au niveau des prises de décision, semble rallier les suffrages même si la proposition d”introduire des quotas dans la loi électorale a été rejetée par l”Assemblée nationale. Que comptez vous faire personnellement pour la promotion de la femme ?

Madiassa Maguiraga : Je suis pour des actions qui favorisent une meilleure éducation des femmes. Un accent peut être mis sur la science. Je suis aussi d”accord pour la fin de toute discrimination des femmes dans l”emploi et je suis favorable à un dédommagement des victimes des discriminations passées. Dans tout les cas, c”est dans l”éducation et la formation professionnelle qu”on peut réaliser une action durable.

Question : Au cas où les Maliens vous accorderaient leur confiance, que comptez-vous faire pour le développement des régions du Nord et la consolidation durable de la paix dans cette parti du pays ?

Madiassa Maguiraga : Les problèmes récents de Kidal proviennent, à mon avis, du fait que les accords précédents ont été mal appliqués et mal suivis. Le développement du Nord doit réellement profiter à ceux qui habitent les régions du Nord, pas à leurs frères ou leurs chefs résidant à Bamako.
Plus généralement, les programmes de développement doivent s”étendre aux autres zones défavorisées du Mali. Je pense à la région de Kayes qui nous donne de l”électricité, de l”or, et des transferts d”argent de l”extérieur, mais qui est à la traîne des autres régions sur le plan du développement.

Question : Nous avons une communauté importante résidant à l”étranger. Quels sont vos projet pour les Maliens de l”extérieur ?

Madiassa Maguiraga : Les ressortissants de la région de Kayes ont toujours eu une tradition d”immigration, et cela depuis la période coloniale. Après quelques années de travail à l”étranger, ils rentrent presque tous au Mali.
Il est grand temps que le Mali leur apporte l”encadrement nécessaire au départ vers l”extérieur comme au retour au Mali. Des accords avec les pays d”accueil peuvent permettre le départ d”une quantité de travailleurs chaque année.

Question : Si vous êtes élu, quelles mesures prendrez-vous en priorité dans les 100 premiers jours de votre mandat ?

Madiassa Maguiraga : Si je suis élu président de la République au Mali, dans les 100 premiers jour de mon mandat, j”apporterai une priorité aux actions suivantes :

1. Constituer un gouvernement d”hommes et femmes réputés patriotes et intègres
2. Autoriser la télévision privée
3. Revoir le budget de l”Etat en vue de procéder aux augmentations de salaires
4. Constituer une commission des anciens dignitaires maliens pour étudier les contrats de mines.

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Madiassa Maguiraga est né à Nioro du Sahel le 10 février 1943. Il effectue ses études universitaires d”ingénieur en électronique de 1961 à 1969 aux États-Unis où il a obtenu le B.S. de l”Université du Connecticut, le M.S. de l”Université de New Mexico et le Ph.D de Purdue University. Selon des données fournies par le candidat lui-même, il fut le premier Malien à obtenir un doctorat d”ingénieur.Et cela à l”âge de 26 ans. En sa qualité de "Search assistant", il a été chargé de 1967 à 1968, à Purdue University d”un projet de la Nasa relatif au "Contrôle optimal avec minimisation de la sensibilité des trajectoires pour les fusées Saturne V" de la mission lunaire Apollo.

Sur le plan académique, il a enseigné à l”Université de la science et de la technologie au Ghana en 1971. Il a aussi enseigné et effectué des travaux de recherche et fut chef du département de "Electrical engeneering" à Tuskegee University aux États-Unis, de 1972 à 1976. Il a été professeur et chef du département Électricité à la faculté polytechnique de l”Université de Kinshasa de 1977 à 1992 quand la République Démocratique du Congo s”appelait encore le Zaïre.

Rentré au pays, il crée en 1994, le Centre international des technologies avancées (CITA). On y délivre après deux ans des "diplômes universitaires de techniciens supérieurs", et après cinq ans des "diplômes d”ingénieur".
Il se lance ensuite dans la politique en créant le Parti populaire progressiste (PPP) puis se porte candidat à l”élection présidentielle de 2002. Il est classé 13è sur 24 candidats.

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