« Je voudrais saluer la présence d’un certain nombre d’anciens et de personnalité parmi nous. Je voudrai en particulier saluer la présence de notre doyen Sory Konandji. En 1992, j’étais venu en campagne à Ségou pour présider la commission d’investiture de l’Adema pour les élections de la même année. J’étais allé le voir. Il se trouvait que d’autres nous avaient précédés et avaient même investi sa femme (NDLR : Mme Konandji Nana Guidjilaye fut Députée de Ségou de 1992 à 1997) comme candidate et aujourd’hui présente parmi nous ce matin. Je voudrai aussi saluer le doyen Dramane Coulibaly que beaucoup de gens ne connaissent pas ici puisque ce sont les premiers militants de la colonisation, mais tous ceux qui connaissent l’histoire du RDA….les Dramane Coulibaly, les Diarra H…on peut passer la journée à faire une conférence rien que sur leur lutte. Je voudrais saluer la présence de mon ami Alou Traoré qui est venu de Bamako, qui est le frère de Mamadou Traoré dit Prof.
Je voudrais dire qu’il y a au moins trois noms qui me lient à Ségou ici dans le cadre de notre lutte politique. Il y a deux que peut être beaucoup ne connaissent pas. Nous avions eu un aîné, Docteur Ousmane Diarra qui était nos aînés dans le Parti Malien du Travail (PMT) et qui est décédé dans un accident de circulation dans les années 1970. Je peux dire que le PMT est à la base de la création de l’ADEMA et de beaucoup d’autres associations. Moi j’en étais membre très tôt, avant d’avoir 20 ans. Je crois que sous notre direction, nous avons pu mener la lutte démocratique à bon port. J’ai connu Samba Lamine Traoré du RDA qui est décédé. Je l’ai connu surtout dans les années 1980 quand le PMT et le RDA travaillaient à mettre en place le Front National Démocratique et Populaire (FNDP). Et puis j’ai connu Maître Mountaga Tall. Je ne peux pas venir ici et ne pas lui rendre hommage, même si on n’est pas dans le même camp parce que…..mais c’est ça aussi la démocratie. Ne pas être dans le même camp, ça veut pas dire que l’autre n’a aucun mérite. Tall a incarné la lutte que nous avions menée contre la dictature. Je me souviens que le jour où il devrait partir, parce qu’il était beaucoup menacé par la dictature, nous avions tenu la veille une réunion CNID-ADEMA et le lendemain il y avait une marche du Barreau.
C’est au cours de cette marche que nous lui avions informé qu’il était menacé et que bon…..il a du partir. Je dis tout cela pourquoi. Si nous sommes ici c’est dans la fidélité à cette lutte, c’est dans la fidélité à ces valeurs là. Et aujourd’hui, ce n’est pas pour rien qu’après Bamako, nous avons fait notre meeting qui suit à Ségou, parce que ce dont il s’agit, nous essayons de lutter contre ceux qui veulent nous amener dans la démission et le déshonneur. Nous combattons contre la démission et le déshonneur. Je le dis ici à Ségou parce que Ségou a toujours été une terre de courage, d’engagement, de lutte et de résistance. Cette lutte là, elle concerne chacun de nous ici parce qu’y en a qui veulent vous transformer en monnaie d’échange. Ils veulent vous prendre comme des marchandises pour aller dire : Ah, moi j’ai 100 électeurs, j’ai 200 électeurs ! Je t’amène ça. Ils pensent que c’est comme ça que les responsabilités qu’ils ont eues grâce à la lutte de tout le monde, ils peuvent les conserver ! Et ce à quoi je vous invite, c’est que chacun, là où il est…parce qu’ici il n’y a pas que des militants de l’ADEMA contrairement à ce que les gens croient. Il y a quelqu’un du RPM qui a intervenu, il y a quelqu’un de l’UFDP…nous avons des gens de tous les partis mais tous ceux qui ne veulent pas que leurs luttes soient confisquées par d’autres, que leurs mémoires soient confisquées par d’autres, c’est eux qui se retrouvent dans CONVERGENCES 2007. Et moi je vous dis : il faudrait que chacun, dans les urnes, le moment venu, fasse mentir ceux qui sont des défaitistes. Parce que y en a qui sont des éternels coursiers, d’ailleurs ce sont des chevaux tout le temps.
Et ces cavaliers vont partout pour dire : je me mets à votre disposition, je peux faire ceci, je peux faire cela mais ils comptent sur qui ? Sur vous ? Il faut montrer que vous n’êtes pas des marchandises qu’on échange comme des bêtes, il faut montrer que vous n’êtes pas comme une monnaie d’échange pour d’autres. C’est à cette condition là que, ce pourquoi nous luttons, pourra profiter à tout le monde parce que la réalité de notre pays aujourd’hui c’est quoi. Il y a plus de 70 % de maliens dans la pauvreté. Je ne sais pas si les gens réalisent. Ca veut dire que 7 maliens sur 10 sont dans la pauvreté, ils sont mêmes en dessous de la pauvreté. Ca veut dire que les trois autres sont encore plus fragiles, puisque c’est eux qui supportent les autres. Et c’est pourquoi, chacun d’entre nous ici, a des difficultés pour envoyer ses enfants à l’école, pour se faire soigner. La jeunesse n’a pas même d’avenir parce qu’aujourd’hui personne ne peut dire que si le pays continue comme ça, que demain ce sera mieux qu’aujourd’hui. Personne ! Donc si vous voulez que nous, nous ne continuions pas de travailler pour nos enfants…parce que ce qui se passe aujourd’hui, ce sont les pères qui continuent de travailler pour les enfants. Ce sont les mères qui continuent de travailler pour les enfants alors que nous les avions mis à l’école pour qu’ils trouvent un diplôme, un emploi et supporter leur famille, mais c’est le contraire !
A 20 ans, 25 ans 30 ans ils vivent sur le dos de leurs parents qui, eux-mêmes n’ont rien. Et vous voulez faire croire que le pays là, c’est le paradis ? On est tous là ! Je crois que vous devez vous mobilisez pour faire mentir ceux qui prônent ce genre de propagande. Et ça, ça ne passe pas par autre chose. Si vous prenez confiance en vous même, je suis persuadé que nous irons jusqu’à là où vous n’imaginez pas. Et moi je l’ai dit à Bamako, je le répète ici, je le répéterai partout, nous irons aux élections de 2007 pour faire gagner ceux qui attendent des solutions, pour faire gagner ceux qui souffrent, pour faire gagner ceux qu’on veut transformer en marchandises pour que eux-mêmes prennent leur destinée en main. C’est ça. Si je le dis, on ne le dit contre personne, contre aucun parti. D’ailleurs les citoyens maliens doivent s’interroger. Est-ce que c’est normal que nos impôts financent des partis qui ne veulent pas aller aux élections ? Les maliens se sont battus, y en a qui portent encore les blessures de 1991, y en a qui sont morts pour dire non, il faut que chaque malien ait le parti de son choix, que les partis aillent aux élections.
A cette condition, on les finance. Et puis voilà, tout le monde dit non : nous sommes tellement forts qu’on ne peut pas aller aux élections, nous sommes tellement forts qu’on peut faire gagner d’autres mais nous n’avons pas confiance en nous-mêmes. Est-ce que nos impôts doivent continuer à financer des gens comme ça ? Parce qu’après, c’est ce problème qui va se poser. Moi j’ai dit à Bamako l’autre jour, si le pays continue comme ça, les gens n’iront plus voter parce que si tout le monde vient vous dire : non, nous sommes pareils ! 20, 30, 40, 50, nous sommes des jumeaux et après ils viennent vous dire, venez quand même nous départager. Mais pourquoi alors les gens vont aller les départager. Il faut les laisser entre eux là-bas. C’est ça qui va se passer et c’est pourquoi si on ne fait pas attention, ce pays court à la dérive. Si on n’arrête pas ça, le pays court à la dérive et moi là….. je ne suis pas le plus courageux entre vous, je ne suis pas le plus intelligent, je suis simplement à la convergence de tous ceux que tout le monde pense. Personne, aucun citoyen sérieux, honnête n’admet ça.
Et même ceux qui font semblant d’y croire savent que c’est pas vrai. Vous savez, moi, j’ai exercé beaucoup de pouvoir. Et je me suis rendu compte qu’à un moment donné, dans le pouvoir, si vous ne faites pas attention, vous n’entendrez et vous ne vous voyez que vous-mêmes, parce que vous êtes entouré par tellement de gens qui vous font croire que non, vous êtes un prophète, vous êtes un messie et que, quelque côté que tu te tournes, tu n’entends et tu ne vois que toi-même. Et ça là c’est une dérive extrêmement grave. Avec l’aide de Dieu, avec votre aide, nous allons mettre fin à ça. Dans le cadre de la préparation des élections, nous allons former au mois de février 30 000 personnes pour les bureaux de vote, pour les contentieux etc.…. pour qu’il y ait plus de transparence, pour qu’il y ait plus de contrôle, pour qu’il y ait plus de vigilance. Et je suis persuadé qu’avec tous ces éléments qu’on aura sur le terrain, avec la confiance des populations, nous irons le plus loin possible. Moi, je vous dis, à partir d’ici allons y en marche pour 2007. Moi je suis devant vous ! Je vous remercie » .
Propos recueillis par Mamby Diallo Correspondant à Macina“