Les leçons d’une élection présidentielle : Comment ATT a pu semer IBK, SBM, TIÉBILÉ DRAMÉ…

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La Cour constitutionnelle a rendu publiques, le lundi 28 mai, les listes de candidatures retenues pour les législatives dont le premier tour est prévu le 1er juillet prochain. Pendant que des supputations sont en cours par rapport aux alliances contre-nature qui risquent de déjouer les pronostics électoraux et politiques, un retour sur la présidentielle s’avère opportune pour tirer encore certaines leçons. A ce titre, il est important d’expliquer comment ATT, en prélude à la présidentielle de 2007, avait su piéger Someylou Boubèye Maïga, Tiébilé Dramé après donné un cadeau empoisonné à IBK.

L’indépendant bat les politiques sur leur propre terrain

A l’occasion de la présidentielle de cette année, les observateurs en général, les Maliens en particulier, ont trouvé un ATT qui a beaucoup appris, contrairement à la plupart de ses adversaires. En effet, avant et pendant la campagne, il a fait l’objet d’insultes, d’injures, de dénigrement et de propos diffamatoires de la part de certains candidats.Notamment ceux du FDR. Mais, jamais il n’a répondu à ces provocations. Ce dont il avait besoin, c’était de mieux faire vendre son projet et son programme pour “un Mali qui gagne” pour les années à venir. C’aurait été quelqu’un d’autres à sa place, le pire était à craindre.

En effet, convaincu qu’il a l’appareil d’Etat face à ses opposants, le président sortant aurait pu en faire usage pour les écraser. Comme on a l’habitude de voir ailleurs. A croire donc que l’indépendant a gagné, plus, en maturité politique que des hommes qui ont créé des partis pour faire la politique. Etonnant aussi de leur part, eux qui se disent professionnels de la politique et accusent par conséquent les indépendants d’entrer par effraction dans leur milieu. Mais, c’est “l’amateur” qui a respecté les règles du jeu plus que les professionnels. Comme s’il ya eu une inversion dans les rôles. Où est donc le professionnalisme de ceux qui mènent la politique comme activité depuis au moins 15 ans ?

La simplicité du langage d’ATT

Le scrutin du 29 avril n’a pas créé de surprise. Le peuple malien a, encore une fois, administré une belle leçon de maturité démocratique, en renouvelant sa confiance à ATT, pour cinq années supplémentaires. Mais, en vérité, le président sortant le méritait, lui qui a côtoyé les populations. Il n’y a pas un coin du territoire où il n’a pas mis pied. Il n’y a pas, non plus, une localité où les habitants diront qu’ils ne le connaissent pas.

Ainsi, au cours de ses sorties sur le terrain, ATT a cherché à connaître leurs problèmes. Pour les solutions, il leur a tenu le langage simple. Ce dont avaient besoin les populations qui ne se reconnaissent pas dans des discours académiques avec une dose forte de latin grec. Ce qui lui a valu une popularité. Parce qu’en plus de la simplicité du langage, il avait un bon bilan qui le plaçait loin devant ses concurrents .Le peuple a renouvelé sa confiance à ATT qui a démystifié la gestion du pouvoir. Autrement dit, le chef de l’Etat a montré que pour apporter une solution aux problèmes des populations, il suffit d’avoir la volonté.

Par ailleurs, pour ATT, la gestion du pouvoir est vraisemblablement une course de relais et chacun joue sa partition et se retire. C’est pourquoi, il a non seulement poursuivi et achevé les oeuvres entamées par son prédecesseur Konaré mais aussi et surtout ouvert de nouveaux chantiers. La fibre patriotique de l’homme y est pour beaucoup d’ailleurs. Alors, les travaux lancés par lui et qui ne seront pas achevés sous son règne, son successeur les héritera .

C’est pourquoi, en accueillant 71,20% des suffrages exprimés, ATT a fait mieux que les 64% des suffrages qui se sont portés sur son nom, à l’issue du second tour de l’élection présidentielle de 2002. Il est passé dès le premier tour du scrutin cette année face à sept adversaires, nettement moins nombreux qu’en 2002 où ils étaient 24 concurrents en lice. C’est la preuve que le peuple se reconnaît à travers son style.

Le piège d’ATT à ses adversaires

Dès son investiture à la magistrature suprême le 8 juin 2002, ATT avait certainement vite compris le jeu. Il a dû se mettre en tête qu’il lui faudrait briguer un second mandat. Ce que la constitution en vigueur le lui permet d’ailleurs . Comment faire ?

A cette question, la stratégie du chef de l’Etat a paru simple. Ainsi, au nom du consensus politique, qui était d’être une camisole de force, ATT a associé tout le monde à la gestion du pouvoir. Certains ont été appelés à présider l’organisation des grandes rencontres internationales au Mali. C’est le cas pour la CEN-SAD confiée à Soumeylou Boubèye Maïga, du Sommet Afrique-France. dirigé par Tiébilé Dramé. D’autres ont participé au gouvernement ou occupé des postes de responsabilité au sein de l’Etat et ses démembrements par le biais de leurs partis ou regroupements de partis.

L’objectif recherché était sans nul doute d’avoir un bilan partagé. C’est dans ce cadre aussi que beaucoup de formations politiques ont participé à la gestion du pouvoir à travers l’Assemblée Nationale. Tous les textes soumis par le gouvernement ont été adoptés par les députés soit à l’unanimité, soit à la majorité absolue. Si la motion de censure est une arme détenue par le parlement contre le gouvernement, aucun député ou groupe de députés, n’a utilisé ce moyen pour mettre en difficulté le régime ATT, qu’elle passe ou qu’elle ne passe.

D’ailleurs, les Déclarations de Politique Générale (DPG) des deux Premiers ministres (Ag Hamani et Ousmane Issoufi Maïga) sont passées comme des lettres à la poste. Or, quand on est d’un système et qu’on ne décide pas de quitter, en comptant longtemps y rester pour bénéficier des avantages et privilèges, on est solidaire de ses actions et de son bilan. Et déjà, la tâche était donc difficile pour les hommes politiques qui avaient envie d’affronter ATT à la présidentielle de 2007. S’ils critiquent le bilan du chef de l’Etat, ils se ridiculisent, puisqu’il sont eux aussi comptables de ce même bilan. Car, personne n’a démissionné ou menacé de démissionner, pour exprimer son désaccord au systèmece touréen.

Mais en décidant de soutenir le bilan, ils battent campagne pour ATT. Puisque les électeurs leur rétorqueront : “s’il est bon, pourquoi, vous vous présentez contre lui ?”

C’est certainement cette réalité du bilan à responsabilté partagée que certains se sont abstenus de présenter des candidats, en préférant soutenir ATT. Mais,d’autres, pensant créer la surprise, ont brigué la magistrature suprême. C’est pourquoi, le président sortant lors du scrutin du 29 avril, était face à des gros calibres de la politique malienne. Ses adversaires redoutables étaient des acteurs du mouvement démocratique (Soumeylou, Tiébilé Dramé, Oumar Mariko) ou des gens qui ont une assise politique depuis des années (IBK, Blaise). Mais ATT a émergé au-dessus du lot.

Le cadeau empoisonné d’IBK

Si ATT a donné un petit quelque chose à nombre des acteurs politiques au nom du principe du bilan partagé, c’est dans cette même logique qu’IBK a accédé au perchoir de l’Assemblée Nationale. Mais une promotion qui avait une odeur de piège. Et pour cause ! ATT a dû savoir que la seule place qui sied à IBK est celle de président de l’Assemblée Nationale. Puisque, le bourgeois ne pensera à aller dans les banlieues et sur le terrain qu’au moment des élections.

Ainsi,pendant que le président du parlement restera cloîtré à Bamako ou est entrain de passer d’un avion à un autre hors du Mali, le chef de l’Etat se donne le temps et le moyen de parcourir le terrain pour soit, poser des premières pierres, soit inaugurer des réalisations. Et chaque fois qu’il vient sur le terrain, il gagne ses galons auprès des populations.Contrairement au Mandé Mansa qui a coupé le pont avec la population.

C’est donc un IBK qui a déçu ses fans qui était parti à l’abordage des électeurs. En tout cas, les militants RPM se sont toujours plaints de leur président qui ne leur rend pas visite. Après la présidentielle de 2002, il n’est pas passé leur dire merci. Pis, s’ils viennent à Bamako, ils ne le voient pas non plus. Même les députés RPM avaient fait les mêmes reproches à lui. C’est donc un vote-sanction qu’IBK a eu droit de la part de ses fans.Alors que lui et les autres candidats du FDR sur ce vote-sanction pour contraire le président sortant à un second tour.

Oumar Sidibé

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