La coalition qui soutient la candidature du président sortant, Amadou Toumani Touré, a bouclé sa campagne française en donnant rendez-vous à la presse parisienne, le 26 avril, dans un restaurant malien de Paris. Dans la foule des journalistes se sont glissés quelques représentants d’associations ou d’autres groupes politiques, mais ce n’était visiblement pas le lieu pour apporter la contradiction au chapelet de louanges des organisateurs de la rencontre.
Après avoir parcouru toute la France et de nombreux pays européens, les représentants de la coalition de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP), soutien du candidat Amadou Toumani Touré (ATT), ont fait le point de leur mission en énumérant les réunions publiques organisées dans les foyers de travailleurs immigrés. Sur ce terrain, la concurrence était présente, mais les amis d’ATT ont estimé avoir obtenu une meilleure écoute. Face aux journalistes ils ont beaucoup parlé de «l’homme qui a mis fin à la dictature de Moussa Traoré et qui a aussi jeté les bases de la démocratie au Mali en laissant la main à un civil avant de revenir au pouvoir pour devenir l’homme du consensus». La paix sociale retrouvée au Mali est pour les représentants de la coalition ADP «un capital très fort» qui reste l’atout majeur du quinquennat qui s’achève. Ils ont davantage insisté sur l’image de l’homme de paix que sur le bilan économique .
D’ailleurs, les opposants à la candidature du président sortant relèvent un bilan économique mitigé. Mais la coalition ADP rejette la responsabilité sur les années de guerre en Côte d’Ivoire qui ont entravé les échanges du Mali avec l’étranger. Faux, répondent les amis du candidat de la Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi), Oumar Mariko qui condamnent plutôt une privatisation non maîtrisée de certains secteurs d’activité. La contestation vient également du camp de l’ancien Premier ministre et actuel président de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) qui parle «d’Etat désorganisé». Les amis de ATT ont tourné l’opposition en dérision en faisant remarquer que «tous les opposants d’aujourd’hui ont tous adhéré au concept du consensus politique prôné par ATT». Ils citent en exemple la coalition de 44 partis politiques et mouvements associatifs qui soutiennent la candidature du président sortant pour un nouveau mandat de cinq ans. Mais l’opposition politique refuse d’intégrer un mouvement de «pensée unique».
«La Maison de l’Afrique»
Les conférenciers, tous Maliens de l’étranger, ont expliqué à leur auditoire les engagements pris par leur champion qui a refusé de signer, avec les autorités françaises, les procédures de reconduite à la frontière des «sans-papiers» maliens. Ils ont rappelé leurs exigences de traitement plus dignes «des travailleurs menacés de rapatriement par vols charters» et rêvent du jour où les travailleurs immigrés seront considérés comme des «coopérants étrangers». Ce dossier serait, selon eux, une des priorités de prochain quinquennat. Le candidat ATT aurait déjà promis de «structurer et de renforcer le Centre d’information et d’orientation» destiné à apporter des renseignements utiles à tout candidat à l’immigration. Sidi Tidiane Guèye, le président de la Fédération des travailleurs africains en France (Fetaf) a profité de l’occasion pour déplorer les sous-entendus entre «immigration et identité nationale» lors de la présidentielle en France. Il a également demandé aux intervenants de soutenir, auprès du candidat et très probable futur président, sa grande idée de «la Maison de l’Afrique» à Paris.
Enfin, l’équipe de soutien à la candidature d’ATT a rappelé à l’assistance avoir fait tout son possible pour l’expression à travers le vote des 25 000 Maliens de France, des 2 500 d’Espagne et des 400 résidant au Portugal. En Europe 79 bureaux de vote seront à disposition des Maliens, le dimanche 29 avril. Il y aura en région parisienne 55 bureaux de vote, 13 en province, dans les principales villes comme Marseille, Lyon, Orléans, Mulhouse, Le Havre, Dreux, etc., 10 en Espagne et un unique bureau au Portugal. Les électeurs maliens pourront s’adresser à leur consulat en France pour connaître leur bureau de vote.
par Didier Samson
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