Le président sortant, Amadou Toumani Touré et le président de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) partent grands favoris de l’élection présidentielle du 29 avril 2007. Ils dépassent de très loin les six autres candidats dans les intentions de vote. Ils disposent l’un et l’autre d’appuis influents et de relais pour mener leur campagne. Mais pour ce qui concerne IBK, il a pour atouts son ancrage dans l’histoire, un parti bien implanté et une base indéfectible. Car, depuis le début de la IIIe République , il a toujours participé à la gestion du pouvoir. Conséquence, en 2002, il est arrivé 3e de la présidentielle, derrière ATT, candidat à sa propore succession qui a, à son actif, un bon bilan. Malgré tout, les observateurs estiment qu’IBK est à la fois si proche et si loin de Koulouba. Analyse.rn
IBK si proche de Koulouba
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Les observateurs du jeu politique malien sont unanimes qu’IBK reste un prétendant sérieux pour Koulouba en 2007. En effet, il apparaît comme un leader qui a les vraies qualités d’un homme d’Etat. Sa crédibilité et sa ferme conviction font dire aux uns et aux autres qu’il a des ambitions pour ce pays. IBK connaît les rouages de l’Etat en sa qualité d’ex-Premier ministre pendant six ans sous Alpha Oumar Konaré. Il conserve les mêmes atouts sous ATT dans la mesure où, étant Président de l’Assemblée Nationale, il est au courant de l’état de la nation. Il est en mesure donc de donner son avis sur un certain nombre de dossiers de l’heure, notamment la CMDT , l’EDM SA, l’Office du Niger, la lutte contre la pauvreté, la corruption et la délinquance financière…
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Sur le plan politique, son parti est parmi les grands sur l’échiquier politique national avec 2 ministres, 43 députés, plus de 1.500 conseillers communaux avec à la clé 110 maires et des cadres dans l’administration et à la tête de certaines sociétés ou entreprises d’Etat.Il est représenté par un ministre au gouvernement, ce depuis 2002. Le RPM a des structures sur le terrain.
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D’après les résultats d’un sondage publié dans Kledu Magazine du 07 mars 2005, le RPM est le seul parti politique malien à avoir une audience véritable auprès de l’opinion avec 41,90% de rôle positif. Et il apparaît également comme la locomotive du FDR qui jure de réaliser l’alternance politique cette année. Pour y parvenir, IBK a vraisemblablement compris que seul l’argent ne suffit pas pour accéder à Koulouba. Il sait également que le RPM est loin d’être cette force capable de le faire gagner eu égard aux démissions tous azimuts des cadres et militants.
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C’est pourquoi, il a donne l’impression de faire revivre ses relations et amitiés perdues. C’est dans cette optique qu’on assiste à un grand retournement entre lui et Konaré sept ans après leur rupture. A chaque sortie publique ou médiatique, le n°1 du RPM évoque le nom du président Konaré ou raconte des anecdotes sur l’ère Konaréenne pendant laquelle lui-même fut Premier ministre et président du parti Adéma durant six ans. On constate une basse de ton d’IBK à l’égard d’Alpha. Cela procède d’une stratégie de prouver qu’il est aujourd’hui plus proche d’Alpha qu’ATT.
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Socialement, le président du RPM tisse des relations solides avec certaines couches socioprofessionnelles du pays. Beaucoup de Maliens pensent qu’on peut tout reprocher à l’homme, sauf qu’il est incapable de restaurer l’autorité de l’Etat. C’est peut-être la raison pour laquelle il reste, selon un sondage de Kledu Magazine publié le 05 février 2005, le politique le plus populaire ave 32%. Ce qui veut dire que malgré le fait qu’il ait été recalé lors de la présidentielle 2002, il conserve son charisme. D’ailleurs l’homme et ses amis continuent à crier qu’on leur a volé la victoire la fois dernière. Mais aimant son pays, l’homme dit avoir refusé d’appeler les militants à descendre dans la rue pour protester contre “le tripatouillage électoral”, selon ses amis.
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Quoi qu’on dise, il semble que parmi tous les leaders politiques ainsi que les responsables aux affaires au Mali, IBK soit le seul en vue. En tout cas, IBK a plus de relations à l’extérieur que les autres. Or, qui dit relations à l’extérieur, parle d’appuis financier et politique. La géo-politique internationale exige de plus en plus les amis de l’extérieur aient leur mot à dire par rapport à une présidentielle en Afrique. Fort de tous ces atouts peut-on dire qu’en cas de candidature à la présidentielle 2007, IBK l’emporterait face à n’importe quel adversaire ?
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IBK si loin de Koulouba
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Sa place de 3è à la présidentielle de 2002 fait de lui le principal adversaire d’ATT en 2007, surtout que Soumaïla Cissé, le finaliste malheureux de 2002 n’est pas partant. Pour autant, il présente des faiblesses susceptibles de l’éloigner de Koulouba prochainement. D’abord, après avoir gardé un mutisme sur les grands dossiers du moment, IBK part à la présidentielle avec un handicap sérieux. Personne ne peut apporter la preuve de ce qu’il a dit sur ces questions pour conclure qu’il avait une vision autre que celle d’ATT. L’opinion ne comprend pas que le RPM puisse garder un pied dans le système actuel et puis tirer sur lui.
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Par ailleurs, une chose est d’avoir des relations à l’extérieur, une autre c’est d’en tirer profit. Car, malgré ses relations, il n’a pu aller au 2è tour de la présidentielle dernière. Apha n’a-t-il brouillé ses relations avec l’extérieur ?
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Par rapport à son parti, si l’on reconnaît que le RPM est bien organisé et mieux structuré sur le terrain, cette organisation est menacé d’implosion à cause des problèmes mal gérés au niveau des sections. A cela i faut ajouter une autre réalité.
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A sa création, beaucoup d’opportunistes à la recherche d’une promotion administrative ont envahi le parti. Impatients, parce que leur désir tarde à se réaliser, certains ont changé de fusil d’épaule en quittant, tandis que d’autres sont partis en indépendants lors des législatives et des municipales provoquant ainsi des fissures au parti. Comme pour dire que le RPM a déjà connu des départs lourdement ressentis.
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Pis, l’arrivée de nouvelles têtes qui se sont imposées dans les structures à la base lors des municipales ont amené des militants de première heure soit de démissionner, soit de rester mais en baissant les bras. Lors de scrutin, le parti a été incapable de gagner dans les localités où il a des députés, excepté quelques zones dont Dioïla, la Commune IV du District de Bamako. Autant dire qu’il y a un malaise au sein parti, né de la difficulté à concilier les alternatistes et les amis proches d’IBK repartis entre les militants des différents clubs de soutien à lui( ces clubs sont morts de leur belle mort) et ceux-là qui sont venus uniquement parce qu’il est un camarade à eux. La plupart de ces hommes sont indésirables parce que politiquement, n’ont pas grand chose à démontrer.
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D’autres, au sein du parti, qui pensaient que le RPM devait former l’opposition sont démobilisés parce que le parti ne l’a pas fait. Aller à l’opposition aujourd’hui est-il un scénario à envisager ? Un changement de position de la part d’IBK sétait-il une bonne chose pour cet homme qui avait appelé Espoir 2002 à voter pour ATT ? Les militants allaient -ils suivre leur chef dans une telle option ? Ceux qui fondent leur espoir sur IBK sont-ils convaincus de leur choix ?
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Cette question est nécessaire si l’on sait que l’électorat malien reste versatile et change au gré des événements. D’ailleurs, IBK doit être au courant que son image a pris un coup auprès des bamakois qui se plaignent du fait que le passage de son cortège les a soumis à une corvée dans la circulation routière. Sans compter que d’autres sont mécontents de n’avoir plus l’accès facile à lui depuis qu’il est élu président de l’Assemblée nationale.
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En tout cas, en politique, une chose, c’est de conquérir des localités, une autre est de les garder pour longtemps, puisqu’on entretient les militants. Il faut donc un travail de longue haleine, car “on récolte ce qu’on sème”. C’est dire qu’il serait difficile, sinon impossible pour le RPM de reconquérir les différentes localités où il est déjà affaibli avant le scrutin du 29 avril. Et la faute incombe à son président.
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En effet, après les élections de 2002, IBK n’est pas allé dire merci à ceux qui ont voté pour lui. Même si leurs voix n’ont pas suffi à l’élire président de la république, elles lui ont tout de même évité une mort politique programmée lorsqu’il quittait l’Adéma dans des conditions que chacun sait. Il devait au moins passer leur dire merci pour l’avoir aidé à échapper à une humiliation. Ce qui lui permettait de compter sur ces hommes et femmes la prochaine fois. Et curieusement, celui qui était le pourfendeur de Konaré jusqu’ici a décidé d’utiliser le nom de ce derneir comme font de commerce politique. Pour n’avoir rien compris dans l’attitude du n° 1 du RPM se contentent de conclure qu’IBK baisse enfin la tête devant Alpha.
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Oumar SIDIBE
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