Le Front pour la Démocratie et la République (FDR) opposé à l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) a raté son départ. Ce n’est pas un membre de l’alliance qui soutient la candidature du président ATT qui le dit. Mais plutôt le premier secrétaire du parti Faso, l’éternel contestataire, le Professeur Issa N’Diaye. Une première surprise politique amenant plus d’un à s’étonner du côté de cette alliance de circonstance décidée à en découdre avec ATT candidat à sa propre succession pour un second mandat. Le secrétaire du Faso a-t-il voulu créer l’étonnement au sein du front auquel lui-même fait partie ?
La question mérite d’être posée pour certains qui ne connaissent pas encore l’homme qui n’a jamais voulu garder sa langue dans sa poche, pour fustiger ou inviter au débat. Et lorsqu’il a décidé d’adhérer au FDR, des observateurs avaient exprimé leur inquiétude. Pour eux, Issa va difficilement s’entendre avec ses nouveaux alliés notamment le RPM d’El Hadj Ibrahim Boubacar Kéïta. Pour claquer la porte de ce parti, il avait dénoncé “les méthodes de voyous” en cours dans cette formation politique.
Aujourd’hui encore, le Professeur monte au créneau et porte des gangs pour dénoncer certaines pratiques que expliquent que le FDR porte en son sein les germes de sa dislocation. Du moins si l’on s’en tient au contenu d’un document publié sous la plume d’Issa N’Diaye par le confrère “Info-Matin” dans son édition d’hier
Le FDR, un front voué à l’échec
Le refus de tout débat démocratique, selon le premier secrétaire du Faso, est la première raison du faux départ du front pour la démocratie et la république. Cette déclaration du professeur Issa N’Diaye vaut un aveu de taille pour tous les Maliens et les Maliennes en ce début de la campagne pour le premier tour du scrutin présidentiel. En quoi le FDR est appelé à mourir à peine né?
“Les propos et comportements arrogants, les manoeuvres dilatoires et les combines, la duplicité, la manipulation des textes de création à des fins difficilement avouables, les complots et ententes préalables pour neutraliser les autres et s’assurer de certaines positions à l’intérieur du front, la politique du fait accompli, le coup de force qui a abouti à la mise en place de la direction en tordant le cou aux principes, la volonté de tout accaparer et de ne laisser aux autres que le rôle de fantassins dans les batailles à livrer, tout cela et bien d’autres choses encore ont contribué à créer et à renforcer le climat de crise de confiance prolongée en son sein…”, répond le premier secrétaire du parti Faso .
Pour Issa N’Diaye, les fondateurs de front n’ont pas fait leur autocritique pour tirer les leçons des erreurs du passé. A l’entendre, “les hommes n’ont pas changé, n’ont rien appris. Ils ne voulent pas changer le système en place dont ils ont souvent largement profité…”. C’est pourquoi Issa N’Diaye explique son doute par rapport à la sincérité de ses camarades à reprendre la place du président Amadou Toumani Touré. Le professeur déplore la vision du FDR qui, selon lui, a choisi de n’être qu’une simple alliance électorale. Par ce fait, déclare t-il le Front est condamné à l’échec.
Comme pour régler des comptes, l’ex-secrétaire politique du RPM enfonce le clou en indiquant que le regroupement politique dont il est membre n’a pas de projet véritable pour le Mali. Il justifie ses propos par le fait qu’il ne parle que des individus, d’ambitions individuelles. On ne parle que de “je” et non des populations et de leurs préoccupations.
Excepté le Docteur Oumar Mariko, candidat du parti SADI, les autres candidats n’ont pas été sur le front des luttes sociales et populaires. Pour Issa N’Diaye, tous étaient du côté du pouvoir jusqu’au dernier moment. Le front se caractérise aussi par une absence de stratégie pour faire face à l’adversaire le jour.
Laya DIARRA
Soir de Bamako du 13 Avril 2007
“