Investiture du Président – ATT « renvoyé à ses fonctions » pour 5 ans : « La situation va changer »

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L’investiture du président ATT pour son second devait être inoubliable. Pour cela il fallait montrer à ceux qui en doutaient peut-être encore un peu (on ne sait jamais avec  tous ces aigris professionnels) que le président est bel et bien le président et que son score nord-coréen ne traduit que la volonté des Maliens avec l’onction de la communauté internationale.

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Quelques jours avant la cérémonie, la machine de propagande qui garde encore sa puissance de feu a annoncé que Bamako serait le lieu de rencontre sinon des « grands » du Monde du moins de ceux qui comptent en Afrique. Et comme à ce jeu-là, aucun excès ne les fait reculer, les zélateurs ont annoncé 25 chefs d’Etat puis 17. Mais la réalité, pour ne pas dire la vérité, ne perd jamais du temps à rattraper son retard. Le vendredi, il n’y avait que 7 chefs d’Etat et même là il a fallu repousser le début de la cérémonie (prévue pour démarrer 10h, elle n’a commencé qu’à 12h40) pour faire le plein de ceux qui ont accepté de faire le déplacement. La bonne humeur matinale a cédé le pas à l’impatience puis à l’énervement devant un retard qu’aucun officiel n’a eu la présence d’esprit d’expliquer aux nombreux invités qui attendaient dans la salle Jeli Baba Cissoko.

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Entre ceux qui étaient passablement de mauvaise humeur et ceux qui ne cessaient de regretter d’avoir rater la prière du vendredi, le président ATT n’avait pas une grande marge pour capter l’auditoire. Malgré un discours quelque peu étiré, ATT a pu réaffirmer sa volonté de réussir le décollage du pays. S’appuyant sur six axes tirés de son Programme de développement économique et social (mieux organiser l’action publique pour soutenir efficacement les autres composantes du programme, améliorer la production primaire et assurer la sécurité alimentaire, mettre en place un environnement propice à l’émergence et au développement du secteur privé, insérer les femmes et les jeunes dans les circuits productifs, développer les secteurs sociaux et procéder aux indispensables reformes de société), le président ATT a déclaré que son ambition est de faire du Mali un modèle de bonne gouvernance. C’est ainsi qu’il s’est engagé à mettre en place un « Etat fort, une administration efficace, une justice assainie et des collectivités locales renforcées ».

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S’appliquant à lire scrupuleusement son discours, ATT s’est autorisé une improvisation. « Au moment de la campagne, un des candidats a déclaré qu’il faut que la situation change, je suis d’accord avec lui, je me retrouve dans le slogan, il faut que la situation change » a lâché quelque peu hilare ATT. La salve d’applaudissements qui a accueilli cet « aveu » présidentiel vaut tous les baromètres. Malgré tout ce qui a pu se dire, malgré les efforts que personne ne nie, le désir de changement demeure insatisfait chez les Maliens. Le diagnostic de Soumeylou Boubèye Maïga, l’auteur du slogan devenu aujourd’hui un leitmotiv, pour sévère qu’il puisse paraître n’en demeure pas moins véridique. Que ce soit sur la corruption, sur l’éducation, sur l’eau, sur la pauvreté, sur la gouvernance, sur le coton, la justice, l’emploi, le régime de ATT I n’a pas montré une grande efficacité à enrayer le mal qui frappe le pays dans ces secteurs.

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En s’engageant à faire « changer la situation », ATT ne reconnaît pas seulement qu’il n’est pas le seul dépositaire de la vérité, ATT ne marque pas seulement sa volonté à s’ouvrir aux autres, mais il s’engage à respecter le serment qu’il a prêté qui selon le procureur général de la Cour suprême, Cheickna détéba Kamissoko, n’est pas une incantation. Concrètement, il s’est engagé à lutter contre la corruption et à assainir la Justice. Il a pu constater comme d’ailleurs tous les Maliens que lors de sa campagne, ses compagnons de tournées électorales ne sont pas les plus propres que compte le pays. Il y en a même qui, de l’avis de l’opinion, se sont embarqués avec lui dans l’espoir d’échapper aux foudres d’une Justice qui n’est pas un modèle d’équité. Il s’est engagé à bâtir un Etat fort. Il a pu voir que l’implication éhontée des représentants de l’Etat à ses côtés lors de la campagne : ministres, gouverneurs, préfets, sous-préfets, directeurs généraux et nationaux, DAF, forces de sécurité, militaires, etc.

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Du coup, nombre de Maliens ne peuvent s’interdire de douter de l’impartialité de ceux qui devraient être à la disposition de tous. Il devra travailler à leur redorer le blason. ATT s’est engagé à bâtir « l’Université de nos besoins ». Il a pu se rendre compte que l’éducation traverse une profonde crise d’identité. Le pacte pour une école apaisée et performante a fait son temps avec des résultats plus que mitigés. Comme l’affirment les sages, il n’y a rien de pire que de se leurrer soi-même. Le président de la République s’est engagé à travailler avec des cadres compétents et intègres. Il a pu faire le constat que durant son premier mandat, une frange assez importante des hommes et des femmes qu’il a appelés aux commandes n’étaient ni compétents, ni intègres, ni même humbles.

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Leur souci était moins le Mali que de lui plaire et de se faire les poches. ATT s’est engagé à faire plus de places aux femmes dans les instances de décision. Lors de la journée internationale de la femme, il a reconnu lui-même que les femmes étaient sous représentées, y compris dans les postes nominatifs dont il assure la charge. ATT s’est engagé à assurer le renforcement des acquis démocratiques. Il a pu se rendre compte par lui-même que malgré tout le bien qu’on a pu penser du consensus, c’est un système qui a été utilisé pour mieux partager le petit gâteau et qui a anesthésié ce que notre démocratie avait de plus dynamique et productif : les débats et la contradiction.

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Après ces engagements, ATT a eu le plaisir de voir ses invités monter à la tribune pour le féliciter. Comme « ils sont venus pour cela et sont impatients de le féliciter » (pour reprendre le directeur du protocole), il y eut de la bousculade et encore de la pagaille pour mettre fin à une cérémonie qui a été plus harassante que grandiose, une cérémonie sans âme malgré les efforts de le pimenter.

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Dans l’après-midi, pour inviter le peuple qui ne s’est pas beaucoup montrer enthousiaste pour ne pas qu’il a fait preuve d’indifférence, un concert a été organisé au stade Modibo Kéita. Même là, il y avait comme de la tristesse qui soufflait sur le stade malgré les décibels et le talent des artistes invités.

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ATT a été investi, vive le président.

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Damouré Cissé

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