Venu représenter son nouveau groupement électoraliste, L’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) au deuxième congrès ordinaire du RPM, tenu le 28 janvier au Centre International de Conférence de Bamako (CICB), Me Mountaga Tall, le Président du CNID Faso Yiriwa Ton, a commis la lourde maladresse de remuer le couteau dans des plaies non totalement cicatrisées.
Conséquence: il a été proprement conspué par les milliers de congressistes irrités par ses propos provocateurs. Arrêté et jeté en prison en 1997, pour «vol et recel de cartes d”électeurs» sur plainte de Me Kassoum Tapo, alors président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) Me Tall n’a pas fini, dix ans après et malgré le rapprochement créé par Espoir 2002, de nourrir un désir de revanche sur IBK, Premier ministre au moment des faits.
e traitement ainsi réservé à Mountaga Tall qui relève certainement d”une certaine forme de discourtoisie spontanée, doit être expliqué. Ce qui ne veut pas dire, le justifier car Mountaga, après tout, même avoir cheminé avec le RPM auquel il doit son poste de député à l”Assemblée Nationale, a la rancune inoxydable.
Alors même que rien ne l”obligeait à prendre la parole, Mountaga s”est prestement inscrit sur la liste des intervenants, car, d”après lui "les partis politiques membres de l”Alliance pour la Démocratie et le Progrès ont souhaité s”exprimer d”une seule et même voix".
Mountaga, au lieu de s”en tenir à la stricte courtoisie, a estimé devoir s”écarter de son propos pourtant écrit pour répondre à ce qu”il avait peut être considéré comme une attaque personnelle, en réaction à certains passages du discours d”ouverture prononcé par IBK.
Il dira que l”ADP, déjà son candidat en la personne du "Président de la République Amadou Toumani Touré". Fort bien dit.
Le chahut, qui couvait dans la salle, a pris définitivement corps quand Mountaga se croira obligé de parler des élections de 1997 et de l”actuelle imbroglio de la Commission Electorale Nationale Indépendante.
De 1997, Mountaga n”a retenu qu”une chose : l”arrestation de certains leaders de partis politiques de l”opposition, alors que le Premier ministre n”était autre qu”un certain Ibrahim Boubacar Kéïta.
De la CENI, Mountaga Tall comme s”il avait été cité, conclura en ces termes : "pour nous, le débat est clos dès qu”il y a eu une décision de justice".
Ce dernier morceau a été le véritable pavé dans la mare. Les militants ne se sont plus retenus et ont crié au scandale. Ils ont fustigé et l”impudence et l”outrecuidance de cet ex-allié du RPM qui mord le sein qui l”a nourri !
C”est donc avec une grande peine que Mountaga Tall a pu souhaiter plein succès aux travaux du congrès avant de donner une accolade au Président IBK, visiblement embarrassé.
La vraie histoire de l’arrestation de Me Tall en 1997
En 1997, le climat politique entre le Président Konaré et les partis d”opposition s”est profondément détérioré. Le pays était au bout de l”insurrection. Les élections qui se sont tenues, au forceps, par la CENI ont été contestés et dans le fond et dans la forme.
IBK, était alors Premier ministre. C”est à lui qu”est revenu le fardeau de la pacification du pays. La méthode, qui était pleine d”énergie, a pu choquer. Et beaucoup, même certains du camp présidentiel, ont déploré les excès collatéraux.
C”est vrai qu”à l”époque Mountaga Tall a été arrêté comme l”ont été Choguel, Youssouf Traoré et bien d”autres. On se souvient que le Colonel Youssouf, qui devait voir son immunité parlementaire levée, a été poursuivi pour appel à la violence pour des propos tenus à la Bourse du travail.
Mais Mountaga Tall, pour être honnête a été arrêté pour autre chose. Les Maliens sont tous tombés des nues quand, au cours d”un débat télévisé, Me Tall a fièrement exhibé un lot de cartes d”électeurs, preuve suffisante pour lui du tripatouillage électoral.
Si, sur le coup, Mountaga a bien marqué un point consistant, dans les faits son information était fausse, car son pétard était mouillé. Et Me Kassoum Tapo, alors Président de la CENI, ne s”est pas fait prier pour porter plainte contre Mountaga pour "vol et recel de cartes d”électeurs".
Voilà les faits. Une plainte en bonne et due forme a été déposée au niveau du doyen des juges d”instruction d”une instance de la capiltale.
Voilà donc pourquoi Mountaga a été arrêté. Mais IBK pouvait-il interférer dans la procédure? Certainement pas, car au nom de la séparation des pouvoirs, une telle démonstration aurait été décriée.
Mais Mountaga Tall se souvient-il que dans la conquête du pouvoir, il a porté des fausses et graves accusations, sans aucun fondement, qui lui ont valu d”être poursuivi comme tout citoyen? N”est-il pas avocat, pour le savoir?
Alassane DIARRA
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