« Le Takokelén » n’est pas une évidence. Qu’à Dieu ne plaise s’ils le faisaient… » De tels propos traduisent, ou du moins, trahissent le pessimiste qui anime son auteur puisque lequel écarte de facto l’idée d’être plébiscité lui-même dès le premier tour. Dans l’incapacité de trouver une réponse politique adéquate à ce slogan des partisans de son adversaire, M Keïta préfère jouer sur le registre de la contestation et de l’intimidation par anticipation. Il rappelle allègrement cette séquence de cinéma fiction « minorty report » symbole de l’absurdité et de l’incohérence.rn
C’est à la faveur d’un séminaire international sur la fraude électorale tenu la semaine dernière à l’Hôtel Nord-Sud que M Ibrahim Boubacar Keïta a tenu lesdits propos qui constituent soit dit en passant, une menace, à l’endroit du peuple souverain du Mali.
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A la lumière de ses déclarations plutôt sombres, il s’avère que l’homme ne croit même plus à ses propres chances à l’issue des présidentielles d’Avril prochain. Peut-être qu’il a fini par croire lui aussi au « Takokélén » de son rival. Il ne croit, en tout cas, pas au sien. Mais pourquoi n’espère t-il pas un seul instant être lui-même plébiscité par un « Takokelén » comme en 2002, du moins, selon ses propres déclarations? Là est toute la question. Sachant parfaitement que la gestion du pouvoir confère une certaine longueur d’onde à un candidat en exercice et, n’ignorant nullement les atouts réels de son rival, il sait pertinemment alors que ses propres chances sont minimes face au rouleau compresseur de l’adversaire politique.
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Nul besoin de fréquenter la Sorbonne pour le savoir. Il suffit de regarder quelques années en arrière. C’est parce qu’il fut nommé Premier Ministre en 1995 qu’il parvint à contrôler son parti et même tout le pays. Il perdit de son aura et la présidence de ce même parti dès qu’il quitta la fonction du chef du gouvernement en 2000. C’est la preuve manifeste qu’il tenait sa légitimité, en tout cas, sa toute puissance à travers l’exercice du pouvoir exécutif. C’est donc un fait : la gestion de ce pan de pouvoir constitue bel et bien un tremplin déterminant pour le lancement d’un candidat. Nul besoin d’user de fraudes.
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ATT, force est de l’admettre, a su bien jouer sur le registre du pouvoir. Il est parvenu à se faire très peu d’«ennemis » avec son consensus politique et beaucoup d’amis en s’autoproclamant « Président du Parti de la Demande Sociale (PDS). Ces deux concepts, dans le contexte malien, sont à même de faire traverser une rivière tumultueuse avec une pirogue à son bord, des personnages antinomiques comme l’hyène, le bouc et un tas foin bien succulent, sans aucun dommage pour un des passagers. Les préjudices, il en y aura, mais plus tard. Ca, c’est une autre histoire… L’objectif, c’est-à-dire la réélection du candidat en «Takokélén» est donc bien possible, voire plausible. IBK est la dernière personne à l’ignorer.
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Face à cette évidence, il a choisi la contestation, voire l’accusation par prénotion, un sujet bien traité par un auteur américain de film d’anticipation –Minority Report ou le Rapport Minoritaire– lequel met le célèbre acteur Tom Cruise au devant de la scène. Les générations d’un très lointain futur, pour combattre le crime, parviendront à mettre en pratique une méthode scientifique permettant d’appréhender par anticipation le « pré-présumé » auteur d’un crime avant même qu’il ne passe à l’action. Le «coupable» était donc jugé et condamné pour le forfait qu’il n’avait pas encore commis, en tout cas, dans le présent du futur. L’auteur du film a voulu montrer l’absurdité d’un système qui semble hélas, passer à la mode dans notre présent. Il rejoint ainsi nos anciens dans cet adage désormais populaire : « arrêtez-le, il a l’objet volé dans sa main». Ceci est un fait. Mais: « arrêtez-le, il a l’intention de voler », ça, c’est autre chose….».
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En somme, le procès d’intention de Ibrahim Boubacar Keïta et de ses partisans est un aveu d’impuissance et de défaitisme. Ils semblent s’être rendus compte que l’électorat des grandes villes sur lequel ils misaient, n’est qu’un conglomérat et un condensé de mécontents plus portés sur les critiques et la contestation que sur le vote proprement dit. Le «Takokélén» se jouera donc ailleurs, dans les campagnes et les communes rurales, pas dans les grands centres urbains. Cela, Ibrim et ses camarades l’ont compris, mais trop tard. Ils ne doivent maintenant, que souhaiter un hypothétique faux pas de ATT pour espérer éviter le «Takokélén». Ce qui n’est pas à exclure au rythme où certains alliés et proches du régime gèrent le navire.
rnB.S. Diarra “