Question : Monsieur Ibrahim Boubacar Kéïta, vous êtes candidat à l”élection présidentielle. Quelles sont les motivations profondes qui vous ont incité à briguer la magistrature suprême ?
Ibrahim Boubacar Kéïta : La situation de désespoir que vit le peuple dont l”expression au quotidien nous parvient, particulièrement lors de nos déplacements à travers le pays ces jours-ci :
– la mauvaise gouvernance actuelle de notre pays,
– le recul de la démocratie,
– la corruption et les détournements de deniers publics,
– la grave crise de l”école malienne,
– le niveau élevé du chômage surtout des jeunes,
– la montée de la pauvreté comme l”atteste le dernier rapport du PNUD,
– le cauchemar que représente pour nos populations l”accès à l”eau potable et à l”électricité,
– la réduction drastique du pouvoir d”achat suite à la montée des prix des denrée de première nécessité,
– la précarité de la situation des travailleurs en général et celle des déflatés de nos sociétés et entreprises d”État en particulier,
– la situation des producteurs, surtout celle des cotonniers et des riziculteurs, etc…
Tout cela ne peut nous laisser indifférent et justifie que nous nous engageons aux côtés du peuple malien qui souffre : Dieu, le Mali, ma conscience est notre credo. Et ce ne sont pas les quelques finalisations de programmes initié depuis une décennie qui peuvent donner le change.
Les faits sont là, hélas -le constat est amer. Mais l”espoir est grand. C”est celui-là que nous souhaitons porter avec les hommes et les femmes engagés aux côtés de notre peuple.
Question : De quel projet êtes-vous porteur pour le Mali ?
Ibrahim Boubacar Kéïta : Notre engagement constant a été, est et sera toujours, si Dieu le veut, pour :
– un Mali digne, debout, qui se développe dans l”intérêt de tous ses fils, ruraux comme urbains, de l”intérieur comme de l”extérieur.
– un Mali de justice, de respect pour tous, où les droits de chaque citoyen, de chaque communauté seront garantis effectivement et où chacun sera appelé à ses devoirs.
– un Mali de présence de qualité en Afrique et dans le monde.
– un Mali où la démocratie et la bonne gouvernance seront renforcées, où la paix, l”intégrité du territoire, la sécurité et la cohésion sociale seront assurées.
– un Mali fier de son histoire et de sa culture.
Question : La demande sociale est une donnée importante dans notre pays. Pensez-vous que les politiques menées jusqu”ici sont bonnes ou allez vous en proposer de nouvelles ?
Ibrahim Boubacar Kéïta : La demande sociale est une donnée importante dans tous les pays y compris, le Mali. Elle peut prendre différents formes selon le degré de développement atteint et les éléments de la culture.
C”est peut dire que la demande sociale au Mali n”est pas aujourd”hui satisfaite. Loin s”en faut.
De bonnes politiques avaient été initiées, mais la mauvaise gouvernance, la corruption, le populisme les ont vidées de leur contenu. Il faudra les remettre sur les rails en les adaptant aux réalités d”aujourd”hui. Cette prise en compte des évolutions et des réalités du moment commande la mise en oeuvre de nouvelles politiques, de nouvelles reformes. C”est ce à quoi nous nous emploierons. InchAllah.
Question : La nécessité d”une plus grande représentativité des femmes au niveau des instances de prise de décision, semble rallier les suffrages même si la proposition d”introduire des quotas dans la loi électorale a été rejetée par l”Assemblée nationale. Que comptez vous faire personnellement pour la promotion politique de la femme ?
Ibrahim Boubacar Kéïta : La promotion de la femme et pas seulement sa promotion politique, est indispensable au développement. C”est notre conviction profonde. C”est pourquoi nous sommes ouverts à toute mesure allant dans le sens d”une participation réelle et totale de la femme à tous les niveaux de la vie économique, sociale et culturelle du pays.
Pour autant, la question de la promotion de la femme ne saurait se ramener à une affaire du seul candidat. Elle doit s”inscrire dans une dynamique collective, consensuelle, qui passe par le renforcement des capacités de la femme, l”éducation depuis la jeune fille.
Bien sûr la recherche systématique et l”élimination des pesanteurs sociales qui entravent le plein épanouissement de la femme doivent constituer un combat de tous les jours.
Question : L”insurrection armée à Kidal et Ménaka et le forum de Kidal ont rappelé la spécificité de la situation dans le nord du pays. Au cas où les Maliens vous accorderaient leur confiance, que comptez-vous faire pour le développement des régions du nord et la consolidation durable de la paix dans cette partie du pays ?
Ibrahim Boubacar Kéïta : Il n”y a pas de développement sans paix. Cela est valable pour les régions du nord et pour toutes les autres régions du Mali.
Si les Maliens nous accordaient leur confiance, avec la grâce de Dieu, nous nous attellerons au développement de l”ensemble des régions du Mali dans la paix et la sécurité. Nous disons bien paix et sécurité pour tous, y compris les forces armée armées et de sécurité et leurs familles qui ont été victimes d”actes de banditisme lors des événements de Kidal et de Ménaka avec mort d”innocentes victimes, destruction de biens et vol d”armes et de munitions. Ceci est, et reste, inadmissible. Le premier devoir du chef de l”Etat est d”assurer la sécurité des personnes et des biens. L”impunité dans ce domaine ne peut qu”encourager de tels actes odieux.
Cela dit, et nous allons nous répéter, nous sommes homme de paix partout au Mali particulièrement au Nord, dans le Monde.
Le Forum de Kidal, fort heureusement a pris en compte l”ensemble des régions du Nord et pas seulement la seule région de Kidal comme stipulé dans le fameux "Accord d”Alger" dont il a été dit beaucoup de choses sur lesquelles nous nous étendrons pas. Si les esprits s”apaisent, tant mieux.
Si le Forum de Kidal permet de mobiliser des ressources pour le développement des régions du Nord, nous en réjouissons. Quant à nous, nous emploierons, comme nous l”avons indiqué plus haut, à assurer à toutes les régions du Mali un développement harmonieux dans la paix et la sécurité pour tous.
Question : Nous avons une communauté importante résidant à l”étranger. Quels sont vos projet pour les Maliens de l”extérieur ?
Ibrahim Boubacar Kéïta : Les Maliens de l”extérieur sont d”abord des Maliens et à ce titre ont droit à toute notre considération, à notre solidarité pleine et entière.
Le rôle que jouent les Maliens de l”extérieur dans le développement du pays est considérable et nous croyons, connu de tous. Les ressources transférées par eux en direction de leur pays d”origine dépassent largement, de loin l”aide publique au développement reçue. Cela illustre parfaitement le niveau de leur contribution et justifie celui de la considération et de l”estime qui leur est du.
Nous emploierons donc à défendre leurs intérêts dans les pays d”accueil et à faciliter leur insertion dans le pays d”origine à tous les niveaux.
Question : Si vous êtes élu quelles mesures prendrez-vous en priorité dans les 100 premiers jours de votre mandat ?
Ibrahim Boubacar Kéïta : Compte tenu de la situation désastreuse dans laquelle se trouve plongé notre pays, de l”ampleur des attentes, nous disons que tous les domaines seront concernés. Chaque femme et chaque homme qui sera responsabilisé, devra considérer les tâches à lui confiées comme prioritaires, et sera jugé sur les résultats.
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Le président de l”Assemblée nationale qui se présente pour la deuxième fois à l”élection présidentielle est né le 29 janvier 1945 à Koutiala. Il obtint son BEPC en 1962 au lycée Askia Mohamed de Bamako, puis son baccalauréat option "Philo Lettres Classiques" en 1965 au lycée Askia Mohamed de la capitale.
Titulaire d”un diplôme d”études approfondies en politique internationale de l”université de Paris I en 1978, il possède un autre DEA en histoire des relations internationales contemporaines toujours de Paris I. Il a été conseiller technique principal du FED, chargé de la mise en oeuvre du premier programme de micro-réalisations de la Communauté économique européenne au Mali. Son parcours passe également par un poste de directeur représentant de Terre des Hommes France (TDHF), une ONG française et internationale, pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Puis survint la révolution démocratique de mars 1991. Membre du parti ADEMA, il est nommé directeur adjoint de campagne du candidat Alpha Oumar Konaré aux élections présidentielles d”avril-mai 1992. Après l”investiture de ce dernier en juin 1992, il est nommé conseiller diplomatique et porte-parole du président de la République. Il restera à ce poste jusqu”en novembre 1992 quand il fut envoyé à Abidjan comme ambassadeur auprès de la Côte d”Ivoire, du Gabon, du Burkina- Faso et du Niger. Il y restera jusqu”en novembre 1993, avant d”être rappeler pour occuper le poste de ministre des Affaires étrangères, des Maliens de l”extérieur et de l”Intégration africaine. Le 4 février 1994 il est nommé Premier ministre. Il restera le chef du gouvernement jusqu”en février 2000. Pendant cette même période, il est élu président du parti ADEMA. En 2001, il fonde le Rassemblement pour le Mali. L”année suivante, il est candidat à l”élection présidentielle. Éliminé au premier tour, il se présente aux élections législatives en Commune IV où il est élu dès le premier tour. Depuis 2002, il est le président de l”Assemblée nationale. rn |
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