IBK répond à la lettre du collectif des universitaires maliens et de la diaspora : «Nous croyons en une université libre»

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À la lumière de l’analyse faite de votre document par mes spécialistes du domaine de l’éducation et de mon expérience personnelle de six ans comme Premier Ministre du Mali, je le trouve intéressant, crédible et réalisable pour l’amélioration de l’image et l’utilité de l’Enseignement Supérieur au Mali. Voici donc mes observations, abstraction faite de la répétition des propositions 

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Madame et monsieur

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 Je vous remercie tout d’abord pour cette initiative qui est un témoignage que les Maliens, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays ont à cœur la construction d’un pays prospère.

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J’ai lu attentivement votre lettre. Vos 12 propositions en faveur de l’Enseignement Supérieur  sont partiellement intégrées au chapitre «Faire de l’école malienne un pôle d’excellence», une  de mes 5 priorités énoncées dans le programme de redressement du Mali.

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 J’ai rencontré des spécialistes maliens de l’enseignement supérieur afin de proposer des solutions réalistes, dépourvues de tout électoralisme.

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 À la lumière de l’analyse faite de votre document  par mes spécialistes du domaine de l’éducation et de mon expérience personnelle de six ans comme Premier Ministre du Mali, je  le trouve intéressant, crédible et réalisable pour l’amélioration de l’image et l’utilité de l’Enseignement Supérieur au Mali.

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 Voici donc mes observations, abstraction faite de la répétition des propositions :

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 Proposition 1

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Elle est tout à fait pertinente mais le délai doit faire l’objet d’une réflexion plus approfondie d’autant plus qu’il faut tenir compte de l’existant (le PRODEC) qu’il convient certainement d’évaluer et de réajuster pour faire face à de nouveaux challenges.

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 Proposition 2

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Il faudrait bien définir les attributions d’une Académie de ce genre afin d’éviter qu’elle ne soit qu’une simple institution de prestige ou qu’elle ne soit pas une structure dirigiste qui empêche d’autres expressions. Ainsi, l’établissement des choix stratégiques ne peut pas relever seulement d’une telle académie ; il doit plutôt s’intégrer dans le projet de société de l’équipe au pouvoir. L’Académie devra donc être plutôt une structure technique  (et non politique) qui éclaire les démarches de cette  équipe.

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 Proposition 3

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Je pense que le principe doit faire l’objet d’une réflexion et nous ne devons pas nous arrêter seulement aux postes de direction mais élargir l’excellence au niveau des exécutants. Par ailleurs, l’accès de nos compatriotes à des postes stratégiques internationaux (qui est le plus souvent un prolongement direct de leur promotion au niveau national) devra être mieux planifié. Dans cette perspective, nous mettrons en place une structure (légère mais très spécialisée) qui s’attachera essentiellement à  établir un plan de carrière pour nos cadres.

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 Proposition 4

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 Nous croyons en une université libre. Il est évident qu’il y a une condition sine qua non à remplir pour aboutir à cette liberté, c’est l’impérieuse nécessité de mettre l’universitaire à l’abri du besoin. Il nous semble donc indispensable de procurer à l’universitaire des motivations adéquates. Mais pour conjurer tout risque de fonctionnarisation du système pouvant aboutir à la mort de l’esprit de compétitivité, l’évaluation de l’universitaire sera régulière et sera basée essentiellement sur les résultats de ses travaux de recherche. Ce qui présuppose qu’il soit nécessairement un chercheur.

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 Proposition 5 :

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 Je suis tout à fait d’accord. J’ajouterais tout simplement que c’est tout le système, depuis la base, qui est à revoir. Pour qu’il y ait un rendement des pratiques et des équipements modernes au niveau supérieur, il faudrait que  nous consentions à créer déjà au niveau des écoles de base, un environnement adéquat et incitatif. Nous nous engageons à  fournir un tel effort.

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 Proposition 6

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L’honnêteté intellectuelle m’impose de rappeler qu’au Mali, nous ne sommes pas tout à fait novices en la matière.  L’expérience du MRTC dans le domaine de la recherche sur le paludisme ainsi que celle de SEREFO et du LBMA ont été tout à fait probantes. Je pense que de nombreux autres créneaux restent à explorer dans les délais les meilleurs. Je pense aux domaines des énergies renouvelables, des NTIC. Je pense aussi très fortement au domaine des sciences agro-sylvo-pastorales : après 47 ans d’indépendance, notre pays qui se dit à vocation agro-pastorale n’a pas encore réussi à mettre en place un cycle doctoral à l’IPR de Katibougou ! Nous pensons y remédier dans les délais les meilleurs. Nous n’oublions pas, bien entendu la recherche fondamentale  que nous comptons renforcer dans tous les domaines.

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 Proposition 7

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 Ce sera une de mes priorités si je suis élu. Je ferais remarquer cependant que la lutte contre ce fléau devra être pluri-dimensionnelle dans la mesure où les familles et la société civile en général semblent avoir fait une croix sur la nécessité d’avoir une éducation de qualité pour l’émergence de notre pays dans un contexte extrêmement concurrentiel. Un programme de sensibilisation devra cibler ces catégories si nous voulons réussir dans ce domaine.

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 Proposition 8

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Le sujet mérite une attention particulière. Je pense cependant que dans la configuration actuelle des besoins du Mali, il serait plus utile de former des techniciens en masse. La capacité d’absorption de  notre économie en diplômés de niveau doctorat est limitée. L’exemple de l’Allemagne est à méditer : dans la deuxième moitié du siècle précédent, plus de 60% des étudiants allemands avaient d’abord suivi une formation professionnelle avant d’accéder à l’Université. Nous estimons donc que l’accent doit être mis sur la formation professionnelle.  Cependant, le développement de l’excellence universitaire ira forcément de paire avec l’augmentation du nombre de doctorants.

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 Proposition 9

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Je partage effectivement cette idée qui est dans l’air du temps. Rappelez-vous que des entreprises occidentales (dont certaines firmes automobiles) ont créé leurs propres universités ! Nous pensons que l’une des meilleures voies pour y parvenir consistera à inciter les entreprises à créer et/ou à financer des fondations de recherche dans leurs domaines d’intervention respectifs (en leur consentant par exemple des avantages fiscaux). C’est ainsi que l’entreprise et l’Université pourraient s’ouvrir l’une à l’autre.

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 Proposition 10

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Je le pense également parce que l’Université doit être le centre même de l’excellence. Son optimisation passera par la mutualisation des moyens, par le biais d’une coopération scientifique internationale. En la matière, nous pensons que l’expérience du CAMES dans la formation des spécialistes en sciences humaines et en sciences vétérinaires doit être renforcée et élargie à d’autres domaines

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 Proposition 11

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Je partage cette opinion. N’oublions pas que nous sommes déjà dans la CEDEAO dont deux habitants sur trois sont anglophones !

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L’anglais devient donc un passage obligé pour l’intégration. Je pense même que nous devrions penser à une troisième langue pour donner plus de chances à nos apprenants. Mais il faudrait commencer par mieux former les formateurs et envisager un environnement linguistique approprié. Nous nous y engageons.

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 Proposition 12

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Je suis d’accord avec la proposition. L’histoire du développement économique nous prouve aujourd’hui que toutes les nations industrialisées ont un enseignement basé sur les langues nationales. Aucun pays au monde ne s’est développé en ayant comme moyen de communication une langue étrangère.

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Le succès des expériences menées au Mali a largement confirmé ces théories. Fort de ces certitudes, nous opterons pour le développement de la pédagogie convergente donnant la primauté à l’enseignement de toutes les matières en langues nationales dans les petites classes et à l’introduction des langues étrangères à partir des classes moyennes.

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Des mesures d’accompagnement essentielles tendant à créer un environnement linguistique dynamique seront adoptées ; ainsi le bilinguisme (langues nationales/langues étrangères) sera appliqué dans beaucoup de domaines : affichages, panneaux indicateurs, pièces d’identité, documents officiels.

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 Au regard de ces observations et de la pertinence de vos propositions, je prends l’engagement, si je suis élu, d’organiser au cours de la première année de mon mandat, des réunions de travail au département chargé de l’Enseignement Supérieur.

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Réunions auxquelles participeront  4 représentants de votre Collectif (2 du Mali et 2 de la diaspora) pour évaluer les modalités d’une rapide et bonne mise en œuvre de ce vaste chantier qui est la réforme de l’école malienne.

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 En vous renouvelant mes salutations pour cette initiative patriotique, je vous prie d’agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de mes salutations fraternelles.

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 Ibrahim Boubacar KEITA

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Candidat du RPM à l’élection présidentielle

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