Le sempiternel dossier brûlant de l”immigration sur lequel le président-candidat Amadou Toumani Touré a récemment fait gaffe à Paris en soutenant devant nos compatriotes de cette ville qu”il n”a «jamais payé le billet d”un quelconque Malien pour qu”il se rende en France», a été le thème de campagne favori judicieusement utilisé par IBK en première région. Celui-ci a, au cours de son passage, le jeudi 29 avril dernier, à Yélimané et à Kayes, forcé l”estime et la considération des populations qui lui promis de voter massivement pour lui au détriment de «ATT, la gaffe».
L”immigration dans la première région du Mali (Kayes) est un sujet à la fois assez sensible et très délicat. Car cette région du pays est la plus concernée par cette question qui a toujours fait couler beaucoup d”encre et des salive.
En effet, ce sont les jeunes, les bras valides de cette région qui émigrent le plus en France ou en Europe à la recherche du bien-être d”abord pour eux-mêmes ensuite pour leurs parents. Hélas, cette émigration ne se fait pas dans les règles de l”art avec toutes les conséquences dramatiques que nous connaissons : naufrages en mer, expulsion dans des conditions inhumaines.
La question de l”immigration entre le Mali et la France est un sujet, à la fois, délicat et complexe. En France, récemment, dans le cadre de la connexion de l”Office de la Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM) sur la bande KU qui permet aux Maliens de l”extérieur de pouvoir câbler la chaîne nationale, le président de la République, Amadou Toumani Touré qui ne "remue pas sept fois sa langue dans sa bouche" pour reprendre l”autre, a commis une très grave erreur en déclarant qu”il n”a jamais acheté le billet d”un quelconque Malien pour qu”il se rende en France.
Cette bourde qui n”est pas tombée dans des oreilles de sourd a été comprise par les Maliens de l”extérieur et leurs parents résidant au pays comme une fuite de responsabilité de la part du président de la République. Depuis lors, ceux-ci nourrissent une certaine aversion vis-à-vis du chef de l”Etat. En campagne dans la région de Kayes, le jeudi 18 avril dernier, le candidat du Rassemblement Pour le Mali (RPM) Ibrahim Boubacar Kéïta a judicieusement récupéré en sa faveur cette gaffe du président-candidat ATT.
"Nos frères et sœurs, nos enfants vont à l”immigration, non pas pour le simple plaisir des pays étrangers, mais pour la recherche du bien-être social profitable à eux et à leurs familles. Ils contribuent non seulement au développement du pays d”origine mais également de celui d”accueil. Dans ces conditions, ils méritent respect, considération et protection. A défaut de ne pouvoir leur assurer ceux-ci, l”on ne doit pas, non plus, les livrer pieds et poings liés sort aux pays d”accueil. En disant récemment en France pour le lancement de la connexion de l”ORTM au réseau KU qui permet aux Maliens de l”extérieur de câbler la chaîne nationale partout où ils se trouvent, qu”il n”a pas payé le billet d”un quelconque Malien pour la France en particulier et l”Europe en général, ATT a montré qu”il se soucie peu de la vie des Maliens de l”extérieur. Alors, peuple de la région de Kayes, comment voulez-vous voter pour quelqu”un qui n”aime pas nos frères, nos sœurs et nos enfants. Une seule raison suffit pour ne pas voter ATT : celui de l”immigration" a martelé IBK.
Selon des sources concordantes, les propos de ATT ont engendré un drame social dans la région de Kayes, car les enfants, qui sont tentés par l”aventure, ne bénéficient plus d”aide de leurs parents. Conséquence : ils sont des laissés pour compte, livrés au vagabondage (alcool, la drogue et la prostitution) avec son corollaire de délitement des liens sociaux. Toutes choses qui ont fait dire aux Kaysiens sortis très massivement pour accueillir IBK, le jeudi 18 avril dernier, qu” "ATT n”aura absolument rien comme voix dans la capitale des rails, sauf si l”administration lui en donne"
Auparavant, IBK avait développé les sujets relatifs à la pauvreté, au sous-développement qui classe le Mali au bas de l”échelle des peuples du monde (175è sur 177), à l”effondrement de l”école, à la baise des performances dans le domaine de l”agriculture, surtout au niveau du coton, ainsi que la mauvaise gestion des entreprises d”Etat, la Régie des chemins de fer du Mali, par exemple, ainsi que de nos ressources naturelles, devant des milliers et des milliers de Kaysiens qui lui ont réservé un accueil jamais égalé dans l”histoire de la ville, selon les témoignages.
En effet, ce jeudi 19 avril dernier, c”était tout Kayes qui était derrière IBK dans un cortège impressionnant qui a mis plus d”une heure d’horloge sur une distance d”une petite dizaine de kilomètres qui sépare l”aéroport Dag-Dag et le stade municipal de la ville où s”est tenu le grand meeting dans la ferveur totale. Bakary Koniba Traoré alias Pionnier, un des vice-présidents du parti et Mohamed Ali Thiam, islamiste convaincu opposé à l”actuel régime, y ont pris la parole pour demander solennellement à ATT de tout faire pour que la victoire prochaine de IBK ne soit pas spoliée comme en 2002.
Envoyé spécial Alassane DIARRA
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