Tous les moyens, même les plus illégaux, sont mis en œuvre pour assurer la réélection d’ATT au scrutin de dimanche prochain. La confection de bulletins de votes parallèles envoyés dans des circonscriptions électorales est l’exercice auquel se livrent des partisans d’ATT.rn
Au déjeuner de presse du vendredi 20 avril 2007 à son domicile, à Sébénikoro, Ibrahim Boubacar Kéita, le président du RPM et candidat à la présidentielle du 29 avril dernier a levé le lièvre. Il s’est offusqué de la confection de bulletins de votes parallèles par un opérateur économique de la place, qui n’a jamais caché son soutien indéfectible à ATT.
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Ces propos d’IBK sont loin d’être des critiques infondées. De vrais faux bulletins de votes circulent déjà dans des circonscriptions électorales à Bamako et à l’intérieur du pays. La preuve vient d’être administrée par notre confrère du journal L’Indépendant, Chahana Takiou. Ce dernier, en mission à Fourou et à Kadiolo la semaine dernière a mis la main sur un bulletin de vote.
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La découverte de ce bulletin est loin d’être un fait banal. Elle constitue l’élément matériel de la fraude à grande échelle, que le régime en place et ses partisans ont mis en branle pour assurer le « takokélen » à ATT. Un constat d’huissier en a été fait par le RPM qui va certainement en tirer toutes les conséquences.
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Le bulletin de vote, selon les dispositions de la loi électorale, ne doit être accessible que le jour des élections, dans le bureau de vote. Par contre, le spécimen, est confectionné plusieurs jours en amont et participe à la sensibilisation des électeurs pour la bonne pratique du vote.
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La loi n°06-04 du 4 septembre 2006 portant loi électorale au Mali dispose en son chapitre IX, article 79, alinéa 2 : « … Ce bulletin est déposé dans le bureau de vote à la diligence du représentant de l’Etat dans la commune ou le district de Bamako, de l’ambassadeur ou du consul ».
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Tout porte à croire que la saisie de bulletins parallèles sur un particulier, quelques jours avant les élections, est une entrave grave à la loi électorale. Kadiolo est la commune d’origine de deux ministres du gouvernement et non des moindres : le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, le général Kafougouna Koné, et Djibril Tangara, le ministre du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées, par ailleurs président du Mouvement citoyen d’ATT.
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Lever les obstacles à la réélection d’ATT
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Les cartes d’électeurs ont été imprimées en France, il y a quelques mois de cela. Par contre l’impression des bulletins uniques a été confiée sur des bases douteuses au Groupement des imprimeurs du Mali par le général Kafougouna Koné. Le fameux Groupement, présidé par Jeamille Bittar, président contesté de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), a morcelé le marché entre 11 imprimeries membres du Groupement dont la sienne du nom de « Bittar Impression ». De grosses pointures de l’imprimerie comme Imprim Color, Graphique Industrie, etc. n’en font pas partie.
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En confiant le marché à un tel groupement dirigé par Jeamille Bittar, le ministre Kafougouna Koné, qui aurait vraisemblablement agi sous ordre, l’a fait en toute connaissance de cause. L’objectif est de lever tous les obstacles à la réélection d’ATT. Il faut un homme comme Bittar connu comme étant le champion de la fraude pour réussir le coup en un tour de main.
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Aux élections consulaires de la CCIM le 1er octobre 2006, Bittar a mis son imprimerie à contribution pour confectionner des bulletins parallèles. Il a en outre fabriqué plusieurs milliers de procurations jusqu’à se faire réélire par plus de procurations que de votes physiques. Le président controversé de la CCIM bénéficiant de la couverture de la première Dame, Mme Touré Lobbo Traoré, a eu raison d’adversaires plus méritants. Ceux-ci ont beau démontrer la fraude preuve à l’appui, ils n’ont jamais eu gain de cause.
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Le Tribunal administratif sans entrer dans le fond du contentieux a confirmé la victoire par procuration du président sortant de la CCIM. Cette stratégie de fraude ayant fait recette, Bittar la met au service d’ATT qui doit à son tour lui garantir l’impunité une fois réélu. Il faut rappeler que Bittar est épinglé par le dernier rapport de la Casca pour détournement abusif des fonds de la CCIM.
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Pour les partisans d’ATT, un second tour au scrutin du 29 avril 2007 équivaut à un échec. Le président sortant, ATT, les prépare à cela. Dans une interview sur RFI il y a quelques jours, à la question du journaliste : « En cas de 2e tour qu’allez-vous faire ? », ATT a répondu : « J’en tirerais toutes les conséquences… ». Ce qui sous-entend une idée de démission comme l’a fait le général de Gaulle, qui s’est démis de ses fonctions de président de la République française pour la simple raison qu’il avait misé sur un taux qu’il n’a pu atteindre à un référendum.
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Lui a agi en grand…
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Abdrahamane Dicko
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