Lors d’une de ses sorties que la postérité ne retiendra certainement pas pour sa pertinence, le Président sortant avait appelé l’Administration à être impartiale lors des élections à venir et a assuré que l’ordre sera maintenu avant, pendant et après les élections. C’était à Fourou, village natal de son ami et ministre de l’Administration territoriale, le Général Kafougouna Koné où le général Président avait marqué un arrêt alors qu’il devait lancer les travaux de réouverture de la mine d’or de Syama.
Devenu parleur par la force des choses (haut parleur pour certains et beau parleur pour d’autres) ATT n’ignore pas le scepticisme qui attendait ses propos. Il est le seul à avoir entraîné l’Administration hors des limites de son champ d’action et à avoir enlevé aux forces armées et de sécurité toute leur couverture d’impartialité les exposant ainsi à la défiance des populations.rn
De mémoire de Malien, il faudra remonter aux temps de l’UDPM, parti unique constitutionnel pour rencontrer une telle inféodation des premiers responsables de l’Administration. Camarades de promotion pour certains, camarades d’âge pour d’autres, jeunes frères et parents pour quelques uns, les gouverneurs de Région obéissent au doigt et à l’œil au Mouvement citoyen. Ils ont entrepris, avec succès hélas, de mettre l’administration locale au pas et à la disposition des mots du Mouvement citoyen. L’entrée en campagne de ATT apporte la preuve que les gouverneurs, les préfets, les sous préfets sont à la botte du candidat ATT en qui ils voient le Président. Au passage du rodéo de ATT et de ses fan’s clubs, toute l’administration est réquisitionnée avec pour conséquences fâcheuse l’arrêt de toute la machine. Une telle administration ne peut pas être neutre ; une telle administration ne peut favoriser que le candidat ATT. Les gouverneurs, les préfets et les sous préfets sont déjà à pied d’œuvre pour contraindre les populations à choisir le Président sortant.
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Quant aux forces armées et de sécurité, il faut déplorer que malgré les appels à la raison et les mises en garde, elles sont constamment utilisées dans le champ politique. Les amis de ATT ont entrepris de caporaliser les camps au mépris des lois en vigueur. Pour cela, rien n’est de trop : chantage sur les femmes, les enfants qui ne devraient être que là où se trouvent leurs maris ; utilisation des moyens de transport de l’Armée. Ce qui fait qu’aujourd’hui, la rupture est perceptible entre les Maliens et leurs forces armées et de sécurité. Du fait qu’il est général, ATT fait clairement comprendre à ses amis militaires que le pouvoir leur est revenu et qu’il leur revenait de le garder en l’entretenant.
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De tels hommes peuvent-ils être impartiaux au point de ne pas confondre leurs intérêts et ceux de ATT ? Peuvent-ils être impartiaux au point de distinguer leurs missions qui les obligent à rester au service exclusif des populations dans la distinction de race et de coloration politique ? Parmi les torts que ATT a causé au Mali, c’est l’un des plus grands de par les conséquences durables qu’il engendre pour la stabilité et la sécurité du pays. ATT sait donc très bien que rares sont ceux qui l’écoutent et plus encore rares sont ceux qui accordent un quelconque crédit à ses déclarations. L’homme qui se targe d’avoir réussi la réconciliation nationale et la stabilité pourrait voir sous ses yeux se défaire ce qu’il n’a pas pu consolider.
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Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga
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Nouvelle République du 13 Avril 2007
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