Le comportement de la Cour Constitutionnelle est selon le secrétaire général de SADI, Dr Oumar Mariko, la cause principale du fait qu”il n”a pas introduit de requêtes demandant l”annulation des résultats de la présidentielle du 29 avril dernier à laquelle il était lui-même candidat. Sinon le candidat malheureux est d”accord avec leaders du FDR que le scrutin n”a été ni transparent, ni sincère encore moins crédible. Cependant, il a jugé inopportun de s”engager dans un combat inutile avec une classe politique douteuse. D”où sa démarche en solitaire.
Un mois, jour pour jour, après la tenue du premier tour de la présidentielle du 29 avril dernier qui a consacré la victoire du président-candidat Amadou Toumani Touré avec 71,20% des suffrages, le Dr Oumar Mariko, secrétaire général du parti SADI et candidat malheureux à cette élection vient rompre le silence. En effet, il a animé, hier mardi 29 mai, au Centre international de conférences de Bamako (CICB) une conférence de presse pour faire le point sur le déroulement du scrutin.
Comme le dit un adage bien connu de chez nous : "mieux vaut tard que jamais". Cependant, il y”a des retards qui suscitent des doutes voire même des suspicions. Et c”est le cas du Dr Oumar Mariko, qui a observé un silence inhabituel sans réagir face au scrutin. D”où les affirmations de certains : Dr Mariko a été corrompu par ATT avec une somme importante et une voiture 4X4 toute neuve. Interpellé sur le sujet l”intrépide défenseur des paysans s”est inscrit en faux contre ces affirmations. "Je sais d”où viennent ces rumeurs".
"Normalement ATT ne devrait pas me battre à Niono, Koutiala même à Yorosso"
Ainsi, en clair, Dr Mariko balaie d”un revers de la main les affirmations, avant de soutenir qu”il avait déjà dit l”essentiel à propos de la présidentielle du 29 avril quand il a déclaré, quelques jours avant le scrutin, que cette "élection ne sera ni transparente, ni sincère encore moins crédible". Mieux, il a fait référence à un communiqué de son parti au sortir de l”élection qui indiquait que les inquiétudes de SADI ont été confirmées.
Ce n”est pas tout, Dr Mariko a également laissé entendre qu”il a été pris par le temps trop court imparti entre la présidentielle et les législatives. "Il me fallait arrondir les angles au sein de mon parti, mettre les militants en ordre de bataille pour les élections législatives prochaines". Sinon le leader charismatique du SADI est d”accord avec ceux du FDR (Front pour la Démocratie et la République), IBK, Tiébilé Dramé, Soumeylou Boubèye Maïga que le scrutin du 29 avril dernier ne s”est pas bien déroulé.
Dr Mariko revendique la troisième place à la présidentielle d’avril 2007
Et Dr Mariko d”énumérer les mêmes griefs présentés par le FDR à savoir l”implication de l”administration publique civile et militaire ainsi que l”utilisation des moyens de l”Etat. S”y ajoutent le chantage fait aux populations, l”achat des consciences, la distribution illégale des cartes d”électeurs et l”anticipation du vote au seul profit du présiden Amadou Toumani Touré. "Si les choses s”étaient passées normalement ATT ne devrait pas me battre à Niono, Koutiala même à Yorosso. Le takokélé, c”est-à-dire la victoire dès le premier tour est le fruit de la fraude" a indiqué le conférencier.
A la question de savoir pourquoi, il n”a pas introduit de requêtes auprès de la Cour Constitutionnelle, Dr Mariko est sans équivoque : "Il était inutile de saisir la Cour Constitutionnelle au regard de son caractère hautement politique et de son comportement servile surtout si l’on sait comment ses membres sont nommés. C”est-à-dire trois par le président de la République, trois par le Conseil supérieur de la Magistrature qu”il préside lui-même et trois par le président de l”Assemblée nationale".
Ainsi, Dr Mariko estime que la Cour Constitutionnelle est au service du prince du jour. Afin de mettre en évidence son caractère partisan, l”enfant de Kolondiéba a souligné qu” "au lieu de 70, 82 % pour ATT selon l”administration territoriale, elle a augmenté les voix de celui-ci à 71, 20% des suffrages alors qu”en 2002, elle a annulé plus de 500 000 voix pour faire l”affaire du régime, tout en jetant IBK par la fenêtre". Ainsi, Dr Mariko estime qu”il y a eu le même scénario cette année. C”est pourquoi, il conteste son classement de quatrième très loin derrière ATT, IBK et Tiébilé Dramé. A son avis, c”est la troisième place qui devait lui revenir au regard de ses performances sur l”échiquier politique national face à Me Mountaga Tall et Choguel Maïga, qui ont vendu leur âme et leur parti à ATT.
Après la Cour Constitutionnelle, l”administration territoriale et la CENI n”ont pas échappé aux diatribes du Dr Mariko. "La seconde est pire, selon lui, que la première dans leur volonté d”assurer la réélection du président ATT. C”est pourquoi elle s”est précipitée de déclarer que le scrutin du 29 avril s”est bien déroulé quand bien même elle avait élevé la voix contre l”inégalité d”accès aux médiats d”Etat et l”ouverture prématurée de la campagne " a-t-il souligné avant de soutenir que "la forme actuelle de la CENI doit disparaître"
Ainsi pour quelle raison le SADI n”a pas rejoint le FDR pour mener ensemble le combat pour le rétablissement de la vérité des urnes ? "Nous avons jugé inopportun de nous engager dans un combat inutile avec une classe politique douteuse. Je sais qu”il n”y a pas de sincérité dans le combat. Je suis pas d”accord avec la politique d”être ensemble le jour et de se trahir la nuit". D”où sa démarche en solitaire. "Moi, je ne suis pas allé voir ATT contrairement à certains. Je ne suis ni avec l”ADP encore moins avec le FDR, leur combat n”est pas le nôtre. Le nôtre, c”est la défense des intérêts du peuple et non des intérêts personnels et sordides basés sur l”argent ou sur des porte-feuilles ministériels. Mon parti peut-être membre d”un gouvernement, quant à moi, je ne serai pas ministre dans ces conditions".
Et pourtant, le SADI est en liste commune dans certaines localités du pays pour les législatives avec les partis de l”ADP et du FDR comme le PCR, le MIRIA pour le premier regroupement, ainsi que le RPM ou le PARENA pour le second. Sur la question, Dr Mariko affirme que cela est dû à des réalités locales et qu”après les élections, chacun ira de son côté.
A noter que Dr Mariko lui-même est candidat pour ces élections législatives dans sa ville natale de Kolondiéba. Et, il espère gagner dès le premier tour si "les apprentis sorciers" comme aime à le dire IBK, ne viennent pas lui brouiller les pistes par des moyens peu orthodoxes.
Chahana TAKIOU
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