Après avoir été officiellement investi candidat de son parti aux élections présidentielles sous les acclamations des militants et dans l’euphorie totale, le président du RPM Ibrahim Boubacar Keïta s’est adressé à ses militants en ses termes : “La décision entérinée par le congrès respecte la volonté de tout le peuple RPM d’être acteur de son propre destin. Les préoccupations (éducation, santé, agriculture, environnement…) justifieraient à souhait l’engagement du RPM, aux côtés de notre peuple pour l’édification d’une démocratie enfin digne de son passé, et de tout son parcours historique contemporain, de la construction d’un Etat de droit véritable et non sa caricature, d’une économie moderne, gérée de manière orthodoxe et efficiente et non pas à coups spectaculaires”.
Dans son intervention, le candidat a parlé des grands chantiers et des grandes préoccupations de son parti, c’était le dimanche 28 janvier, lors de la clôture du 2ème congrès ordinaire au CICB. On notait la présence des hommes politiques dont Soumeylou Boubèye Maïga, El Madani Diallo, Me Mountaga Tall, Oumar Mariko, Me Mamadou Gakou, Cheich Hamala Haïdara et Mme Diabaté Fatoumata Guindo.
Chose promise, chose faite, le RPM avait déclaré à haute et intelligible voix qu’il présentera un candidat issu de ses rangs aux élections présidentielles. Le choix, comme il fallait s’y attendre, s’est porté sur IBK, président du parti et président de l’Assemblée Nationale. Requinqué à bloc, IBK a prononcé un discours dans laquelle il n’a pas mâché ses mots.
CANDIDAT PAR MISSION ET PAR DEVOIR
D’abord, il a commencé par dire: le RPM sera présent, Inch’Allah aux élections présidentielles d’Avril 2007. Il le sera par mission et par devoir. Oui par mission, s’il est vrai que l’objectif de tout parti politique est la conquête du pouvoir politique pour mettre en oeuvre le projet de société qu’il propose à ses concitoyens et appliquer le programme qui doit le traduire en réalités concrètes.
CRITIQUES A L’EGARD DU POUVOIR
Selon IBK, pour le RPM : ”il ne s’agit pas, il ne s’agira pas, pour ce faire, de dresser un catalogue d’infrastructures à construire, d’équipements agricoles à distribuer pour réussir un douteux <<remake>> du miracle indien ou malaisien, non, il s’agira pour nous d’avoir une vision qui tienne compte de l’état réel actuel de notre pays, de notre environnement, du monde, bref de l’ensemble de ces relations internationales complexes sans l’intelligence réelle desquelles, l’on ne pourra jamais développer ce pays en termes de croissance durable et soutenable, profitable à l’ensemble national, surtout aux plus faibles”.
HISTORIQUE DE L’ETAT AU MALI
Le président du RPM, en même temps candidat du parti aux élections présidentielles de 2007a fait l’historique de l’Etat du Mali qui demeure une fierté pour les Maliens étant donné qu’il est le résultat des efforts concertés. A ce sujet, il a dit :”Grand et vieux pays de l’Afrique Occidentale, carrefour de civilisations fondatrices d’entités prestigieuses, le Mali sait l’Etat depuis le 11ème siècle, date de la création du premier Etat fondé et géré par des Africains. Ce fut l’empire du Ghana. Ce premier Etat africain et noir a émerveillé les historiens par son haut degré d’organisation et sa présence rapidement acquise dans le monde d’alors.
L’Etat malien qui suivra ne sera pas en reste et poursuivra l’élargissement des relations internationales de notre pays. Cet Etat fut également remarquable par son organisation et son autorité.
L’Etat n’est donc pas une création coloniale au Mali. C’est bien, nous souvenant de tous cela que lorsque nous fûmes conviés aux affaires au niveau que chacun sait, nous avons partagé avec le président Konaré le souci d’un redressement rapide de l’Etat et de son autorité”.
REINSTAURER L’AUTORITE DE L’ETAT
Le parti du Tisserand s’en est pris à la gestion du pouvoir d’ATT. Le RPM, une fois au pouvoir, établira : “une autorité fondée sur le droit et le dialogue permanent avec le peuple, notamment à travers un système de concertations générales à l’échelon national et à celui régional”.
Pour fustiger la situation qui prévaut aujourd’hui, il a ajouté ceci :”un Etat bien campé dans son rôle de sécurisation des personnes et de leurs biens régulateur du champ économique sans en être acteur d’aucune façon, d’égal partage au seul bénéfice de tous les fils du pays, un Etat non populiste et surtout repoussant toute démagogie antinomique, avec une gestion moderne.. Enfin un Etat fondé solidement sur le règne du droit. En sorte qu’il suffise de le dire pour assurer l’harmonie sociale et la quiétude politique et économique. Un Etat impartial et non partisan. Voilà l’Etat que nous avons essayé de construire et dont nous sommes fiers d’avoir posé les fondations. Assurément un Etat non patrimonialiste. Voilà la tache à laquelle nous convions de nouveau l’ensemble national car aujourd’hui un tel Etat n’existe plus au Mali”.
LE REGIME ATT AUX ANTIPODES DE LA DEMOCRATIE
IBK a dénoncé les campagnes dont il fait l’objet depuis qu’il a déclaré qu’il sera candidat en ces termes : “Ce qui est sûr et évident pour tout citoyen, c’est la difficulté à comprendre et à admettre que être simplement candidat à une élection, fut-elle présidentielle, puisse faire d’un parti et de son candidat des ennemis jurés à combattre et à essayer d’abattre par tous les moyens. Cela relève plutôt des pratiques chères à des régimes qui se trouvent aux antipodes de la démocratie”.
POURQUOI PLEBISCITER ATT ?
Le candidat IBK a posé cette question et s’est adressé au peuple malien ainsi : “Pourquoi notre peuple serait-il appelé à plébisciter un système dont il se rend compte avec clarté qu’il a profité de circonstances historiques particulièrement favorables pour lui imposer une imposture démocratique. Voilà la tâche, voici la mission”.
TACHES ET MISSIONS A ACCOMPLIR
Redresser l’Etat, lui rendre son crédit, son autorité et fonder un véritable et non factice Etat de droit. Respecter son peuple, le considérer, ce n’est pas en accédant de manière volontariste et populiste à toute requête à la faveur de rencontres de fortune et lui donner ainsi le faux sentiment qu’on l’aime et qu’on serait prêt, pour lui complaire, à faire fi de toute organisation et méthode, de toute programmation exigée par une gestion moderne, démocratique et efficiente de la chose publique.
Aimer son peuple, le considérer, mieux, le respecter, c’est accepter qu’il s’exprime, à l’instar des peuples libres du monde, sans contraintes ni pressions, sans intervention d’une quelconque sécurité dite d’Etat.
Aimer son peuple, le considérer, mieux, le respecter, c’est lui dire la vérité en toutes circonstances, c’est reconnaître à leur juste mérite, les résultats des luttes des travailleurs pour l’amélioration de leurs conditions de vie. C’est refuser tout patrimonialisme qui consiste en l’occurrence à se les approprier.
Aimer son peuple, le considérer, mieux, le respecter, c’est accepter d’organiser dans des conditions de clarté et de transparence absolues, toute consultation devant décider de son destin. Telles sont les missions et tâches qui attendent le RPM.
LES GRANDS CHANTIERS D’IBK
Que dire de l’école aujourd’hui?
Que dire de la formation de nos cadres aujourd’hui?
Il ne s’agit pas de rendre l’école muette, de décréter la paix scolaire pour se donner l’illusion d’avoir remis l’école à l’école et d’avoir la garantie désormais d’une formation de qualité. Loin s’en faut!
Et c’est une véritable tragédie que notre pays vivra si de véritables et profonds changements ne s’opéraient pour faire de l’école, un véritable outil de préparation à la vie active et citoyenne, et à la rude et impitoyable compétition internationale.
LA SANTE
Il n’est pas normal que de nombreuses maliennes perdent encore en ce 21ème siècle, la vie, en la donnant. Il n’est pas normal que la malnutrition, les maladies hydriques et d’autres parfaitement maîtrisables car préventives, fassent encore des victimes dans notre pays. Pourtant que n’avons-nous entendu et que n’entendons-nous autour de différentes campagnes conduites aux fins d’éradication des grandes pathologies?
L’édification d’une démocratie enfin digne de son passé, et de tout son parcours historique contemporain, de la construction d’un Etat de droit véritable et non sa caricature, d’une économie moderne, gérée de manière orthodoxe et efficiente et non par-à-coups spectaculaires,telle est la vision et l’engagement du RPM.
IBK souhaite, que des débats utiles soient instaurés à la télévision pour des échanges sûrement éclairants entre candidats.
Le projet démocratique malien devrait pouvoir relever un tel défi qui n’est qu’une pratique réputée normale dans toute démocratie de bon aloi.
Aidez-nous ! Aidez-vous !
Ce discours d’IBK est un vrai discours de campagne et confirme l’ambition de l’homme et de son parti.
Mamadi TOUNKARA
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