Le président Amadou Toumani Touré a de fortes chances d”être réélu pour un second et dernier mandat.
PARADOXE africain : le Mali a beau figurer au rang des pays les plus pauvres au monde, il est aussi l”une des rares vraies démocraties du continent. Le scrutin présidentiel, qui s”est déroulé hier, devrait confirmer – peu après le jeu d”apparence auquel vient de se livrer le Nigeria – ce caractère d”exemplarité.
Huit candidats sont sur les rangs. Dont le président sortant, Amadou Toumani Touré, en lice pour un nouveau mandat de cinq ans et grand favori. Son principal adversaire est Ibrahim Boubacar Keita, ancien premier ministre et président de l”Assemblée nationale. Parmi les postulants, une femme également. 6,8 millions d”électeurs sont supposés participer au scrutin, mais le taux de participation a toujours été faible : moins de 25 % lors des précédentes élections présidentielles de 1997 et 2002. Cette quatrième présidentielle depuis la chute en 1991 de la dictature malienne dirigée par Moussa Traoré ne devrait pas voir la participation augmenter de manière importante.
Ancien officier parachutiste, passé par l”École de guerre à Paris et commandant de la garde présidentielle, Amadou Toumani Touré, surnommé ATT, fut le tombeur de Moussa Traoré, au pouvoir depuis 1968. Peu après la chute de l”autocrate, il stupéfia la communauté internationale en remettant, après une année de transition, le pouvoir à un président civil, Alpha Oumar Konaré, élu en 1992 et 1997 et aujourd”hui à l”Union africaine (UA).
Recherche du consensus
Après avoir troqué sa tenue militaire pour le boubou, ATT se présente en 2002. Et est élu. Impliqué en tant que voisin dans la crise ivoirienne, il restera très discret sur ce dossier qui pèse lourd sur le Sud malien, géographiquement et économiquement proche du nord de la Côte d”Ivoire. Peu après le passage à Bamako de Nicolas Sarkozy qui vient prôner sa vision de l”immigration « choisie », ATT est confronté à une insurrection touarègue dans le nord du pays. Au début de l”année, après de nombreuses négociations, un programme décennal de développement pour le nord du Mali est adopté.
Tout au long de son exercice du pouvoir, ATT s”est illustré par sa recherche du consensus. Ses adversaires ont tous travaillé, à un moment ou à un autre, en sa compagnie. Il est soutenu par trente formations regroupées au sein de l”Alliance pour la démocratie et le progrès, et devrait – en tout cas, il l”espère – l”emporter dès le premier tour.
Menant campagne sous le slogan « Takokelen », ce qui signifie « victoire au premier tour » en bambara, Touré s”est engagé à construire des hôpitaux, des écoles et des routes, à augmenter les effectifs de la fonction publique et à atteindre 7 % de croissance économique. « Nous n”avons pas tout fait, a-t-il lancé à la veille du scrutin, mais nous avons appris au cours des cinq dernières années ce qui est possible. »
Son principal adversaire, Ibrahim Boubacar Keita, actuel président de l”Assemblée nationale, a fondé l”essentiel de sa campagne sur la volonté de changement. Un argument qui ne devrait pas suffire à convaincre. Tentant quelque peu de dramatiser l”enjeu, celui-ci a récemment repris à son compte les accusations de « tripatouillages » électoraux.
Source: Le Figaro.fr
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