La campagne façon jeunes
Ouverte le dimanche 8 avril 2007, la campagne présidentielle est le moment, pour les candidats au poste envié de président de la République de présenter leurs projets et programmes de société à nos populations. C”est aussi le bon moment pour les citoyens de chercher à y voir clair pour faire un bon choix.
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En fait, dans la plupart des cas, c”est le contraire car le choix est conditionné. Comme le disent les jeunes " tu donnes, on vote, tu ne donnes rien, on se fout de tes discours "
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Le règne de la morosité
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La campagne doit durer trois semaines, soit 21 jours. La première semaine a été caractérisée par une morosité ambiante extraordinaire. Contrairement aux autres années, les t shirts, thés, pagnes imprimés aux couleurs des candidats se font rares.
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Aux dires de certains hommes politiques, cela est dû au fait que certains partis politiques ont signé un code de conduite leur interdisant de faire des gadgets. "Cette affaire de signature de code ne nous arrange pas du tout " nous a fait savoir un jeune militant d”un parti politique dont le candidat n”a pas fait confectionner de gadgets de campagne. Résultat, pour le moment, à part ATT, les autres candidats n”ont rien distribué, mais il semble que les états majors soient désormais entrés dans la dynamique de produire des pagnes et t shirts aux couleurs de leurs poulains. Cela ne sera pas trop tôt.
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L”ORTM interdit aux journalistes extérieurs
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Après les stagiaires, qui ne peuvent plus faire de reportages en cette période électorale et sont devenus des faiseurs (et buveurs) de thé, l”ORTM vient de mettre en oeuvre un système très compliqué d”accès à ses locaux pour les journalistes qui ont des choses à y faire. Contrôles obligatoires des sacs et autres objets que les visiteurs ont sur eux, porte d”entrée truffée d”agents de la garde nationale nuit et jour, on se croirait à l”entrée d”une garnison.
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Les journalistes vedettisés qui avaient pris goût aux salles climatisées de la rédaction se voient redevenir reporters. Non sans peine, car certains, comme on peut le constater dans leurs comptes-rendus commencent à perdre les réflexes du journaliste de terrain, en laissant parfois filer la vraie information.
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ATT, Tiébilé et les autres
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Pour la première semaine de campagne, on peut dire que ce sont les deux candidats qui ont occupé les axes routiers majeurs de la capitale pour y étaler leurs affiches. Les autres ? On les voit rarement. Lorsque les amis du candidat du Parena collent son visage sur celui d”ATT, on déchire ses affiches, ce qui crée du mécontentement chez les béliers. Heureusement, pas d”autres problèmes à signaler.
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Selon nos sources, ATT aurait donné pour consigne à ses amis, surtout aux jeunes, qui s”occupent de l”affichage de ne pas faire d”histoires avec les militants des autres candidats.
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IBK a la larme facile
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Il avait décidé de ne pas verser de larmes cette année, mais cela n”a pas duré. Lors de sa première sortie dans le Mandé, la terre de ses aïeux, comme il l”appelle lui-même, IBK n”a pas pu se retenir de verser quelques larmes. Même chose à Koutiala, sa ville natale et à Niono. A la vue des populations sorties massivement pour venir l”écouter IBK a pleuré.
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Larmes de joie, émotion ? En tout cas, le vrai malinké qu”il est l”a promis : " je ne vous trahirai jamais et je ne ferai aucun compromis avec qui que ce soit sans votre consentement " a-t-il conclu lors de son meeting de Niono.
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ATT endort son auditoire
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Lors du lancement de sa campagne au CICB, ATT a présenté son programme de développement économique et social à l”aide de diapositives. Au début, les jeunes et les femmes acclamaient l”orateur mais, par la suite, bon nombre d”entre eux dormaient, car ils comprenaient rien à ce que leur candidat disait.
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Les fans d”ATT s”attendaient certainement à un meeting suivi d”un show avec des artistes, mais l”unique artiste de la matinée était le candidat ATT, qui a souvent fait rire l”assistance avec des sorties en bambara.
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ATT met la presse nationale sur la touche
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Ils sont nombreux et très nombreux, les reporters qui misaient sur la période de la campagne présidentielle pour mettre du beurre sur les épinards en se remplissant les poches de perdiems. Malheureusement, depuis l”ouverture des hostilités, le désespoir s”installe de jour en jour. Bon nombre de confrères espéraient, au moins, être appelés pour couvrir les tournées et visites des candidats à l”intérieur du pays, mais la montagne est en train d”accoucher d”une souris. Le ton a été donné par Seydou Cissouma, le premier responsable de la communication du candidat ATT, lors du lancement du site Internet du chef de l”Etat.
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"Toute la presse peut aller sur le site du candidat, que ce soit la presse écrite, parlée ou audiovisuelle, pour avoir les informations sur le candidat ATT à la minute près ". Le message de Cissouma ne sera bien compris que lors des sorties d”ATT où aucun organe privé n”a été invité. Hormis IBK et Oumar Mariko, les candidats sortent sans aucun reporter. D”après certains responsables de la communication " nous avons des contrats avec vos organes. Ils sont en train de faire le travail ".
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En tout cas, beaucoup de reporters n”oublieront pas de sitôt la campagne électorale présidentielle de 2007.
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Le bon exemple
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Le gouverneur de Tombouctou n”est pas comme le Premier ministre, que tout le monde a vu assister au lancement de la campagne du candidat ATT. L”homme, qui depuis son arrivée ne cesse de parler de neutralité, a fait son choix. Contrairement à Pinochet, le gouverneur de Tombouctou fait la différence entre le candidat ATT et le Président de la République jusqu”au 8 juin 2007. Ainsi, en plus du Gouverneur, certains cadres qui soutiennent d”autres candidats sont restés en marge de l”accueil d”ATT à Gao.
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Comme à Gao, les fonctionnaires de Djenné qui avaient été conviés à une réunion de l”ADP ont répondu. Si ces bons exemples pouvaient être suivis par les cadres de l”administration à Bamako ! Eux qui, depuis le début de la campagne ont carrément abandonnés leurs postes.
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Des ministères déserts
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Avec l”ouverture de la campagne présidentielle, deux départements ministériels ont quasiment mis les clés sous les paillassons. Dans le premier, le chef est depuis un mois en mission, avec son chef de cabinet et son Ségal, à l”extérieur. Pour le second, le ministre tourne avec ATT.
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Dans les deux cas, des instructions ont été données pour que tous les dossiers attendent le retour des patrons. Entre temps, les secrétaires et autres travailleurs sont juste présents de 8 heures à midi. Mais ils ne font que distribuer les gadgets de campagne, avant de rejoindre les amis au QG de leur candidat.
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Madiassa Maguiraga, le candidat des internautes
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Les jeunes internautes, dans leur causeries, affirment que si le vote se déroulait par Internet Madiassa Maguiraga serait sans conteste élu Président du Mali. L”enfant de Nioro n”est point surpris de ces prises de position, car il l”habitude de travailler sur le fichier électoral et connaît aussi les techniques informatiques.
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Lors de son passage à Radio Klédu ce sont des internautes et autres jeunes qui suivent des études en informatique qui sont venus le voir. Malheureusement, beaucoup sont arrivés alors que le débat était déjà fini. Certains ont relevé son numéro de téléphone pour essayer de le joindre plus tard. En tout cas, Madiassa Maguiraga est très fier de son rang de 13ème sur 24 en 2002, mais le doyen des candidats compte sur une troisième place cette année.
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Mariko le candidat des démunis
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Un petit tour de la ville, auprès des charretiers, gargotières, vendeurs et vendeuses ambulantes nous a permis de découvrir qu”Oumar Mariko est très apprécié par cette couche de notre société. "Nous nous reconnaissons dans ses propos. Il parle des problèmes de l”Office. Moi, je suis de Diabali. Ce qu”il dit est vrai ". Pour cet autre interlocuteur, " Mariko dit la vérité. Cette année, il ne peut pas gagner, mais nous l”encourageons et nous sommes d”accord avec son message. Quand il passe à la télé nous l”écoutons, mais ce qu”il dit ne peut pas se faire maintenant. Qu”il continue, ça viendra un jour ". Du marché Dibida à Médine, nous avons constaté qu”après ATT c”est Mariko le plus cité, ce qui nous laisse penser que le scrutin du 29 avril prochain pourrait nous réserver de grosses surprises.
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Une candidate sans les femmes
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Elle a de la chance, Sidibé Aminata Diallo, la première femme candidate de l”histoire de la démocratie de notre pays. Elle a lancé sa campagne à Kati, puis elle a été à Ségou, sillonné certaines communes rurales, mais, partout, il est évident que l”accompagnement des femmes, ses sœurs, lui fait défaut. "Ce n”est pas grave qu”elles viennent ou pas, parce qu”avec moi elles sont déjà représentées. Le vote est secret et libre et je respecte toutes les opinions ", affirme la candidate. Elle se débrouille pour mener campagne avec les moyens du bord et compte, elle aussi, surprendre le 29 avril prochain. Comme le disent les Anglais : wait and see.
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