Course à KOULOUBA 2007 : IBK pris dans son propre piège

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            A la faveur de l’élection présidentielle de cette année, IBK doit avoir compris que seul l’argent ne suffirait plus pour aller à Koulouba. Il sait également que le RPM est loin d’être cette force seule capable de le faire gagner à cette élection. C’est pourquoi, il a senti la nécessité de faire revivre ses anciennes relations et amitiés perdues; et il a pensé ainsi à Konaré. Mais en se réclamant d’Alpha dans l’espoir de toucher des dividendes électorales de ce grand retournement dans ses relations avec son ancien patron, ne court-il pas le risque de tomber dans son propre piège ? Comment et pourquoi ?rn

            S’il y a un candidat qui n’aura pas la tâche facile lors de la présidentielle de cette année, c’est sans nul doute le président du RPM. IBK a géré le pouvoir, pour avoir fait huit des dix ans de Konaré. Avant d’aller passer six ans à la primature comme Premier ministre, il fut tour à tour, conseiller à la présidence de la République, ambassadeur en Cöte D’ivoire et au Gabon mais  n’a jamais présenté ses lettres d’accréditation pour des raisons que chacun connaît, puis ministre des affaires étrangères. C’est dire que l’on connaît l’homme, ses méthodes, son tempérament, ses amitiés…

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            En plus de l’ère konaréenne, le n° 1 du RPM participe depuis 2002 à la gestion du pouvoir au nom du consensus touréen. Il est non seulement président de l’Assemblée nationale où les représentants de son parti continue d’adopter les textes envoyés par le gouvernement. Mieux, de l’avènement d’ATT à la magistrature suprême à nos jours, aucun gouvernement n’a été formé sans la participation d’au moins un représentant du RPM.

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            A preuve, après la démission du ministre de la santé du parti, le RPM est représenté au gouvernement Ousmane Issoufi Maïga par Nancoma Keita qui détient le portefeuille de l’environnement et de l’assainissement.Et n’oublions pas qu’à chaque formation de nouveau gouvernement, c’est IBK qui a toujours apporté au chef de l’Etat ou au Premier ministre, la liste des ministrables de Espoir 2002 dont il était l’inamovible président. D’ailleurs les réunions de l’alliance se tenait chez lui à Sébénikoro. Sans compter aussi que son parti détient quelques directions nationales.

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            Qu’à cela ne tienne, l’homme pense qu’il a un destin à jouer dans l’avenir du Mali. Cela ne saurait être possible tant qu’il ne va pas au palais présidentiel. Après une première tentative en 2002 soldée par un échec, IBK a été investi candidat par son parti pour le scrutin du 29 avril 2007. Seulement, être candidat n’est pas un problème, mais la difficulté peut venir du  choix des thèmes de campagne. Et à ce niveau, IBK donne l’impression d’être entre le marteau et l’enclume tant il est coincé entre deux situations etchaque option qu’il fera n’est pas sans conséquence sur sort électoral.

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            D’abord, s’il se réclamait d’ATT, les Maliens risquaient de ne pas le prendre au sérieux. Car, dans l’imagerie populaire des maliens, l’actuel locataire de Koulouba continue bien dans la réalisation des projets en faveur du développement du pays. Un constat qui n’arrange pas un candidat opposé à lui, étant donné qu’à Koulouba, il n’ y a qu’un seul fauteuil pour le président de la République. Et les maliens sont donc obligés d’élire un seul des candidats en course.

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            Alors, reconnaître que le bilan du président sortant est flatteur amène à le laisser rempiler afin de poursuivre le travail entamé. Et c’est ce que les électeurs risquent de faire. On a l’impression que pour eux, il faudrait reconduire ATT, étant qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Le reconnaître est suicidaire pour IBK qui compte vaille que vaille aller à Koulouba, quel que soit le moyen ou le chemin. Mais il semble compromettre davantage sa situation en accompagnant ATT dans sa gestion. Or,i’il  s’était retiré un peu tôt de la gestion d’ATT, il pouvait trouver des arguments pour le critiquer.

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            Pourtant, il ne fallait pas s’attendre à une telle décision. IBK comptait sur une éventuelle trahison de la part d’ATT, si celui-ci chassait les ministres RPM du gouvernement. Mais ce dernier, ayant senti le piège, n’a pas touché à son équipe gouvernementale.  Ce qui a semblé empêcher IBK de crier à une seconde trahison pour se donner une nouvelle popularité politique. N’ayant pas eu cette opportunité, Mandé Mansa n’a pas trouvé mieux que de se rabattre sur le bilan d’Alpha. Là encore, ne court-il pas un risque ?

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            S’il est vrai que ce n’est pas la même chose qu’avec ATT,  IBK ne doit pas oublier qu’il se retrouve sur un terrain glissant en revendiquant certains aspects positifs du bilan de Konaré . Ladji Bourama sait qu’il s’était bâtie une popularité en 2002 en se faisant passer pour une victime d’Alpha. Lui et son parti ont eu un certain engouement auprès des Maliens, qui, dit-on, n’aiment pas la trahison. En  vantant du bilan d’Alpha pour se faire élire en 2007, IBK ne court-il pas un grand danger?

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            En effet, si l’opinion l’avait dorloté, adopté jusqu’ici, c’est parce qu’il est une victime d’Alpha. Mais si le même homme trouve qu’il lui est nécessaire d’utiliser le nom de Konaré comme fonds de commerce électoral, l’opinion peut ne pas le suivre.  Si jamais l’opinion se rendait de son jeu, le réveil risquerait d’être brutal. Aussi ne dit-on pas “on peut tromper le peuple pendant un moment, mais on ne saurait le tromper  indéfiniment” ?

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            Les  partisans d’IBK, faut-il le rappeler, se souviennent qu’ils furent les premiers à vilipender Apha en faisant surtout comprendre aux Maliens que Konaré avait bel et bien l’intention de tripatouiller la constitution pour rester à Koulouba. Nos compatriotes  ont cru, eux qui ne portaient plus l’ancien locataire de Koulouba dans leur coeur, présenté comme un “traite” . 

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            Après avoir quitté l’Adema,des cadres et militants avaient eux aussi fait leurs valises pour suivre IBK. Dans ce lot, il fallait prendre en compte ceux-là qui n’appréciaient pas le diktat de Konaré au sein du parti. En plus, IBK avait su récupérer des mécontents qui n’appréciaient pas la façon de gérer du pays de l’ancien chef de l’Etat.

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            Ainsi celui qui, durant six ans avait bastonné les musulmans, fermé les élèves et jeté en prison  ses opposants politiques au nom de l’Adema et de Konaré devint populaire. Pour faire du mal à son ancien président, l’ex-PM va à la rencontre de ses adversaires d’hier pour réfléchir à une stratégie afin de réaliser l’alternance en 2002. Il fait comprendre aux leaders de l’ex-coppo (opposition radicale) et à l’opinion qu’il n’était qu’un simple exécutant des ordres reçus pour bastonner ou emprisonner, mais c’est Konaré le donneur d’ordre. Ce qui accentua davantage la haine que certains compatriotes avaient vis-à-vis de Konaré. A peine si on n’avait pas su dresser le peuple contre son président.

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            C’est pourquoi, des maliens qui n’avaient jusque-là pas accepté de militer dans un parti politique, avaient rejoint les clubs de soutien à IBK. D’autres compatriotes étaient déjà arrivés au sein du mouvement Alternative 2002. C’est dire jusqu’à telle degré IBK était décidé d’en finir avec Konaré, présenté comme un démon.           

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 Mais aujourd’hui, à chaque sortie publique ou médiatique, le n°1 du RPM évoque le nom du président Konaré ou raconte des anecdotes sur l’ère Konaréenne pendant laquelle lui-même fut Premier ministre et président du parti Adéma. La stratégie d’IBK pour 2007 paraît simple : montrer à l’opinion qu’il s’est réconcilié avec Alpha.  Car s’il s’était bâti une aura politique en 2002 en se faisant passer pour une victime d’Alpha, il veut utiliser le nom de Konaré pour amener les électeurs à voter massivement pour lui contre ATT en 2007.

rnOumar SIDIBE

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