Les campagnes électorales de 2007 se déroulent dans une confusion totale. En effet, cette année, nous n’avons que huit candidats aux élections présidentielles contre vingt et quatre en 2002. Aussi, le temps des campagnes électorales a été prorogé, mais dès le début de ces campagnes, au regard des déclarations parfois incendiaires de certains candidats bien avant l’ouverture officielle des campagnes présidentielles, les populations des différentes localités du pays avaient pensé que les campagnes de 2007 allaient être les plus chaudes, des plus agitées depuis l’ouverture démocratique.
Il semble qu’envers et contre tous, jusqu’à la preuve du contraire, les campagnes présidentielles de 2007 peuvent être considérées comme civilisées, apaisées. Cela s’explique sans doute par la maturité des candidats en lice à l’occasion des élections présidentielles de 2007. Ils ne se font certes, pas de cadeaux, mais tous semblent soucieux du déroulement régulier et pacifique de ces élections.
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DES CAMPAGNES EN DEÇA DES ATTENTES
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Voilà que les uns et les autres ont été pris de court par tous les candidats. Certes, on ne peut affirmer que c’est le calme plat, que les huit candidats en lice n’ont pas mouillé les maillots; chacun aura fait sa campagne à sa façon selon ses moyens. Quoiqu’on dise, ces campagnes tirent vers leur fin et les électeurs sont toujours sur leur faim. Des constats, tout le monde aura compris que les campagnes présidentielles de 2007 n’ont pas été à la hauteur des attentes.
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Les animations essentielles se sont déroulées dans le Mali profond car, à l’évidence les enjeux de la capitale sont bien maigres. Mais, qu’en est-il de la situation au niveau des localités de l’intérieur? En cette veille d’élections présidentielles de 2007, quoi qu’on dise, le président ATT, candidat à sa propre succession est favori dans plusieurs circonscriptions électorales. Les raisons en sont très simples: malgré les critiques tous azimuts à son endroit, force est de constater que ces dernières années, pendant son mandat, il a pu mettre en oeuvre un projet de société qui a pris en compte, au-delà du District de Bamako, plusieurs autres localités de l’intérieur.
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N’est-ce pas pourquoi certaines parties du District et environs se sentent quelque peu lésées par rapport aux réalisations faites jusqu’ici? En tout cas, il ne fait aucun doute que chaque localité a sa spécificité
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POURQUOI TOUS LES CANDIDATS SONT-ILS BIEN ACCUEILLIS A L’INTERIEUR?
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Au regard des réalisations faites par ATT pendant les cinq ans dans plusieurs localités du pays où il n’y en avait jamais eu du genre, dans certains cas depuis l’indépendance du pays, le candidat ATT est le bienvenu dans la quasi totalité de ces localités. Cela est d’autant pertinent que, jusqu’à la veille de l’ouverture des campagnes électorales, ATT n’a cessé de sillonner lesdites localités. C’est pourquoi ces conquérants avaient estimé qu’il avait une longueur d’onde sur eux sur le terrain en terme de campagnes électorales. Cela s’expliquait, notamment par ses sorties plus régulières à la télévision nationale. Cette attitude d’ATT battue en brèche par ses adversaires politiques avait pourtant été annoncée par lui lors de la présentation des voeux des membres du gouvernement.
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Le président ATT avait ainsi dit en substance qu’il n’était pas question d’interrompre la réalisation de son projet de société sous prétexte des campagnes électorales qui s’annonçaient. Dès lors, il fallait s’attendre à ce qu’il poursuivre les inaugurations de chantiers à l’intérieur du pays. Chose qui aura suscité la révolte des responsables des partis qui souhaitent réaliser l’alternance politique en 2007. C’est ainsi qu’une marche s’en est suivie après des déclarations diverses sur ce qu’ils ont appelé l’inégalité d’accès aux médias d’Etat.
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Après cet ouragan, nous avons pu nous rendre compte, surtout avec l’ouverture officielle de la campagne présidentielle que le candidat ATT, à l’instar des autres, en particulier ceux du RPM, de Convergence 2007, du PARENA, voire du PPP et du REDD, est accueilli par une foule nombreuse dans presque toutes les localités du pays. Pourquoi tous les candidats sont-ils aussi bien accueillis à l’intérieur? Cela ne cache-t-il pas quelque chose?
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FAIT-ON
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D’ores et déjà, n’ya-t-il pas lieu de faire attention, de ne pas confondre la foule avec les électeurs, les militants? Il semble en effet que, dans notre processus démocratique, nous avons plus d’animateurs à l’occasion des élections que de militants. Ainsi, il se crée une sorte de confusion, dans la mesure où chaque candidat retourne requinqué, ragaillardi des différentes localités du pays. C’est pourquoi certains candidats, en manifestant leur satisfaction par rapport à l’accueil à eux réservé frissonnent et nourrissent consécutivement à cela de grandes ambitions. Il y a de sérieuses raisons d’en être inquiet, puisqu’il est difficile de savoir exactement pour qui toutes ces foules sortent.
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A la limite, cette situation pourrait être de nature à susciter des réactions négatives chez certains candidats après le vote, surtout lorsque ceux-ci avaient surestimé leur capacité électorale. A ce rythme, ne pourrait-on pas affirmer que les sorties massives, dans bien des cas, s’expliquent par le fait que les campagnes électorales sont aussi une opportunité pour les populations rurales de revoir de nombreuses personnalités du pays chez elles? Surtout quand on sait que ceux-ci ne s’y rendent jamais les mains vides. Alors, candidats, attention à ne pas confondre foule et électeurs. La désillusion pourrait coûter très cher.
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Moussa SOW
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