Comment assurer le financement de la campagne ?
La réponse varie selon les choix du staff de campagne de chaque candidat.
A moins d”une semaine de l”élection présidentielle, la campagne électorale a considérablement gagné en vitesse. Les huit candidats sont sollicités sur plusieurs fronts. Une suractivité qui nécessite des efforts financiers. En effet quelque soit la stratégie adoptée, le candidat est tenu de puiser dans sa caisse. Pour aller à la rencontre des militants ou des électeurs, organiser les meeting, il faut de l”argent. Il en faut également pour assurer les déplacements à l”intérieur du pays, pour mobiliser les troupes, confectionner des T-shirts, des affiches ou organiser des manifestations pour les femmes et les jeunes.
Comment couvrir toutes ces sollicitations ? La réponse dépend des choix des staffs de campagne des différents candidats.
Au Parena, on reconnaît qu”on a pas beaucoup d”argent, mais beaucoup d”idées, de l”imagination et de l”anticipation, explique Djiguiba Keïta dit PPR, le porte-parole du candidat Tiébilé Dramé.
Le parti qui avait programmé cette candidature, a pris le temps de s”organiser. Il a mené une collecte ciblée en direction de militants et sympathisants. Des amis du candidat ont apporté leurs contributions. Ainsi, grâce à toutes les dispositions prises, le parti estime avoir aujourd”hui les moyens de sa politique. Le candidat Tiébilé Dramé pourra aller aux militants partout où il le faut, la direction de la campagne dispose des ressources pour les tournées et, si nécessaire, pour les accessoires et gadgets de campagne.
MOBILISATION DES MILITANTS :
La campagne de Amadou Toumani Touré, président sortant, s”appuie sur l”ADP, le Mouvement citoyen et les associations et mouvements de soutien. Cette spécificité a conduit le candidat à créer un directoire de campagne et une coordination.
Harouna Cissé, le coordinateur, souligne que la campagne du candidat ATT est l”affaire de tous. Tous ceux qui aspirent voir Amadou Toumani Touré rempiler pour un nouveau mandat. C”est avec ceux-ci que la coordination a élaboré un budget pour mener à bien la campagne. Une campagne de proximité et de simplicité, explique Harouna Cissé qui assure la jonction entre les différentes entités.
Il y a aussi ceux qui trouvent gênant de parler du financement de la campagne de leur champion. Boubacar Touré, secrétaire à la communication du RPM et une des chevilles ouvrières de la candidature de Ibrahima Boubacar Keïta, est de ceux-là. Il est peu loquace sur le sujet. Ici aussi, on a vu les choses venir et on s”est préparé en conséquence. Le parti a bénéficié d”appuis de ses structures, des clubs de soutien et de l”assistance de la dizaine de partis mobilisés sur la candidature de IBK. La priorité reste la mobilisation des militants, la formation des délégués du parti (qui se poursuit depuis 4 à 5 mois), et la communication du candidat. Selon Boubacar Touré, les T-shirts, les casquettes et les pagnes ne sont pas une priorité dans leur stratégie de campagne. Il reconnaît cependant que des sympathisants ont pris sur eux d”élaborer ces accessoires pour soutenir le candidat.
Le candidat de Convergence 2007, Soumeylou Boubèye Maïga, n”a pas un parti derrière lui. Il ne peut compter que sur une jeune association et a bâti sa stratégie sur cette réalité. L”essentiel du financement de sa campagne provient de la contribution modique de certaines structures. Si le candidat n”éprouve pas de difficultés pour ses déplacements, il s”est organisé à solliciter très peu de missions de ses collaborateurs. Les militants étant invités à intervenir au plus près.
CONTRIBUTIONS :
Mme Sidibé Aminata Diallo est, elle, à la tête d”un jeune parti mais celui-ci n”est pas riche, ses militants non plus. La candidate du Parti pour l”éducation à l”environnement et au développement durable (REDD) n”a donc pas demandé à ses militants de contribuer à sa campagne. Elle s”est organisée pour assurer ses déplacements dans le Mali profond, pour confectionner quelques affiches et des T-shirts. La seule femme candidate compte sur le soutien de quelques structures de proximité et sur l”investissement humain de sympathisants.
Pour le financement de sa campagne, Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise compte sur lui même, sur le parti et quelques amis. Ainsi, à la CSD-Mogotiguiya, les élus du parti (élus nationaux et maires) ont apporté une contribution. Des amis du président de la formation l”ont aussi soutenu. C”est le parti qui a financé la moitié de la caution. Le candidat a trouvé le reste.
Pour utiliser judicieusement ses ressources, Mamadou Bakary Sangaré met l”accent sur des zones ciblées, là où il a des chances d”obtenir un bon score. Le parti a renoncé ainsi aux grandes démonstrations, dit-il.
Le parti Sadi et Oumar Mariko ont, eux, décidé de financer la campagne en mettant à contribution les militants. Ils n”ont reçu aucune aide d”institutions ou d”autres partis. Ce sont des militants de Sadi qui ont cotisé pour régler la caution et confectionner les affiches. Oumar Mariko a ainsi pu en faire imprimer une dizaine de milliers et prévoit d”en faire faire d”autres. Le parti a aidé le candidat à constituer une direction de campagne, un comité électoral et à s”attacher les services de deux experts.
Le candidat Madiassa Maguiraga table aussi sur les bonnes volontés pour financer sa campagne. Des opérateurs économiques proches ont ainsi apporté une contribution. Avec des moyens aussi réduit, difficile de mettre en place une véritable direction de campagne. Madiassa Maguiraga travaille donc avec six collaborateurs pour coordonner ses activités. Il a fait fabriquer quelques affiches et des T-shirts. Et prévoit des déplacements sur des zones où sa voix à des chances de porter.
A. LAM
L”Essor du 23 Avril 2007
“