Campagne Electorale à KAYES : ATT- Soumaïla CISSE battent sous un pavillon mercantiliste-keynésien. Quelle réponse pour la gauche ?

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La campagne présidentielle a commencé. A la télé comme dans la presse écrite les maliens et maliennes voient les candidats. Les journaux paraissent avec des titres qui laissent les lecteurs avertis sur leur faim. Une campagne électorale est une période de formation politique. Mais ce n’est pas le cas chez nous. Il y a un Président sortant candidat et des candidats.

 

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Normalement, la campagne devrait être axée sur la critique du bilan du Président sortant candidat. Le volumineux document de présentation de bilan gouvernemental devrait être le document de base des critiques à porter à l’action gouvernementale plus, évidemment, les comportements sociaux et anti-sociaux affichés par les hommes politiques et responsables de service pendant les cinq (5) années de pouvoir. Il ne nous a pas été possible d’obtenir une copie du document de bilan gouvernemental présenté par le Premier Ministre Ousmane Issoufi MAÏGA.

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Cependant, nous en trouvons des indications dans le Quotidien National «L’ESSOR» notamment celui du 02 Avril 2007. Mieux, les livraisons du même journal toute l’année 2006 et le premier trimestre de 2007 donnent à tout lecteur de ce journal les indications nécessaires au contrôle de l’action gouvernementale.

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Le journaliste B. COULIBALY de l’ESSOR Quotidien du 02 Avril 2007 nous apprend que le document que le Premier ministre a exposé prend en compte la période du 08 Juin 2002 au 31 Mars 2007. Selon le rapport, l’action gouvernementale «consistait fondamentalement à assurer le bien être de toutes les maliennes et de tous les maliens et faire du Mali un modèle de bonne gouvernance». Et il a été pris comme «Axes stratégiques majeurs» le «développement rural, l’investissement dans les ressources humaines, le logement, la rénovation du cadre politique ainsi que la gouvernance …».

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Le Quotidien nous apprend que «durant la période 2002-2006, les recettes (dons compris) mobilisées se sont élevées à 705 milliards de F CFA en 2006 en progression de 48,7% par rapport en 2002». La masse salariale de la fonction publique est passée de 97,4 milliards en 2002 à 158, 2 milliards en 2006.

 

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Dans le secteur de l’agriculture il résulte du rapport que «56.153 ha ont été aménagés dont 28.028 ha en maîtrise totale de l’eau et 28.125 ha en maîtrise partielle de l’eau».

 

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On nous indique l’évolution du niveau d’équipement et «la distribution aux producteurs des 8 régions et du District de Bamako d’équipements divers ainsi que la dotation de 40 exploitants en tracteurs, la construction de 2 usines de montage de tracteurs et accessoires à Sikasso et à Samanko…»

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A en croire le rapport dans le domaine industriel 105 nouvelles entreprises industrielles ont été créées entre 2003 et 2006.

 

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La santé, l’éducation, le logement, les forages, l’électrification, la modernisation des transports routiers et aériens, les entreprises artisanales et la promotion de l’entreprenariat féminin y ont occupé une place importante.

 

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Ces informations à elles seules suffisent pour faire une appréciation de l’action gouvernementale en vérifiant concrètement sur le terrain pour savoir la différence entre ce qui est dit et la réalité.

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Quel est l’impact immédiat de ces «réalisations pierre par pierre» et celui sur les populations dans les années   à venir : 5 ans, 10 ans, etc. C’est cela que le public malien est en droit d’attendre des candidats adversaires de A.T.T.

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Certains candidats, à défaut de pouvoir critiquer, chiffres à l’appui, le bilan gouvernemental tombent dans la platitude. En effet, on dit qu’il n’y a pas eu de réformes en profondeur, cependant, certains parlent de réformes «dunkafa» ou «courageuses», etc sans nous dire exactement comment ces réformes seront menées ? En quoi elles seront profondes ? Par rapport à quoi ?

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On ne dit pas si ce sont des réformes malthusiennes ou non ?

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C’est à Kayes que la campagne présidentielle a montré son vrai visage. Le Président de la convergence 2007 Soumaïlou Boubèye y était. De même que A.T.T., assisté des libéraux Mountaga Tall et Soumaïlou Cissé.

 

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A.T.T. a  laissé entendre qu’il a fait investir plus de 250 milliards dans la région de Kayes, plus de 180 milliards à Ségou et plus de 60 milliards à Sikasso.

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Cette déclaration est très significative de sens. D’abord, elle monétarise le débat politique et ensuite elle est faite sous le contrôle du plus grand chantre africain du libéralisme destructeur à savoir Soumaïlou Cissé, Président de la Commission de l’UEMOA. Mais quel effet cette déclaration pourrait avoir sur les milieux migrants kayesiens dont l’ensemble des transferts tous secteurs confondus pourrait être estimé à 120 milliards de francs CFA.

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Pour ceux qui suivent l’actualité à l’Essor quotidien, la livraison du 24 janvier2007 est révélatrice de la conception de nos bailleurs. A la page 16 sous un titre «Agriculture : priorité à la sécurisation de la production, 57 projets d’une enveloppe de 506 milliards FCFA sont en cours d’exécution ou de préparation pour faire de l’agriculture un des leviers essentiels de la croissance

 

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Dans cet article, M. Mh Traoré nous informe que c’est «une vingtaine de bailleurs de fonds (qui) financent les projets/programmes du département de l’agriculture pour un coût total de 350 milliards FCFA. La Banque Mondiale tient la tête avec 104 milliards, suivie de la BAD pour 67 milliards.  Les deux institutions assurent ainsi 52% de l’ensemble de l’enveloppe. Viennent ensuite la BID et le FIDA…». Ce qui fait écrire M. Mh Traoré que «le gouvernement considère  le secteur agricole comme le moteur de l’économie».

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«La révolution verte» qui s’annonce partout au Mali, de l’Office du Niger aux périmètres irrigués de Baguinéda, Selingué, Manantali (qui est estimé à plus de 650 000 ha aménageables) Taoussa, les Lacs Faguibine, TALO, à Maninkoura, Dioro, Kominé, Niafunké, Sikasso. Ainsi qu’il me soit permis d’instaurer un débat général sur les rapports entre la monnaie et le développement.

 

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C’est A.T.T. qui l’a ouvert à Kayes consciemment ou inconsciemment peu importe ! En plus, la question est à l’ordre du jour de notre développement industriel et agricole.

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A  en croire A.T.T, la monnaie aurait un grand rôle à jouer dans notre développement économique. A.T.T. tout comme les chantres du néo-libéralisme (les  leaders de l’UEMOA, de l’UA et de la BM) veulent inculquer dans notre tête que l’abondance monétaire au Mali conférerait des avantages et qu’aujourd’hui elle est un facteur essentiel du développement.

 

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Il est vrai qu’on peut rapprocher la situation actuelle de notre pays à celle qu’avaient les pays aujourd’hui industrialisés avant de réaliser  leur révolution industrielle (XVII et XVIII siècle). Il n’y avait pas la Banque Mondiale. Il faut en débattre parce que notre surprise est double, plus une interrogation.

 

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Surprise double : parce qu’à côté du Président A.T.T, il y avait le Président de l’UEMOA  et surtout l’intervention de A.T.T qui se caractérise par un essai très éloquent de réhabilitation de la pensée mercantiliste des XVIIe et XVIIIe siècle avec un mélange de sauce keynésienne qui consiste à dire en substance que notre état d’insuffisance alimentaire, de retard est dû à notre  situation de sous-emploi des ressources productives disponibles et que le potentiel de ces ressources, tant naturelles qu’humaines, n’est pas utilisé au plein de ses capacités et que c’est cela qui est l’indice caractéristique de notre retard sur les autres.

 

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Cela veut dire (et c’est le sens des aménagements des terres, des barrages) qu’il y a beaucoup de ressources non utilisées ou incomplètement ou mal utilisées (comme à l’O.N, les systèmes Faguibine, Manantali (650.000 ha) qui sont des sols non défrichés, des forêts mal exploitées ou qui sont soumises à des traitements non appropriés. Il s’y ajoute aussi et surtout qu’il y a des hommes et des femmes sans emploi ou qui sont occupés à des activités inutiles. Les ressources humaines (Jeunes et femmes) dont parle la L.O.A sont bien caractéristiques de ce phénomène.

 

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Cette problématique  en soulève une autre qu’elle cache à savoir la possibilité de développer pleinement nos forces productives par l’instrument monétaire d’une part, et l’Union Européenne ou les USA d’autre part.

 

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Si la présence de Soumaîla CISSE à Kayes voudrait marteler que la monnaie peut provoquer le décollage de notre économie de misère et de pauvreté, ou accélérer l’allure de notre croissance, nous devons répondre qu’il est un semeur d’illusions.

 

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De nombreux exemples existent dans le monde où cette pharmacopée a fait des cadavres vivants. Il suffit de citer les exemples  fournis par  les pays de l’Amérique latine auxquels l’instrument monétaire a causé des préjudices économiques et sociaux  incommensurables. Les études du CADTM (Comité International pour l’Annulation de la Dette du Tiers monde) sont assez expressives sur cette question.

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La Banque Mondiale est un instrument de domination des pays impérialistes. Ses interventions directes dans les économies des pays comme les nôtres ne peuvent pas développer pleinement les forces productives. Au contraire. Mais si le contraire arrivait, il ne s’agirait que d’un développement partiel qui serait dans cet ordre d’esprit tourné vers la satisfaction des intérêts capitalistes.

 

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Est-ce que l’Union Européenne échappe à cette règle ?

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Elle a, au mois de mars 2006, au moment où le pouvoir de ATT était le plus contesté, injecté 600 milliards de F CFA au Mali.

 

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On n’a pas besoin d’être un économiste à l’esprit qualifié pour savoir qu’il s’agit là de la mise en œuvre de politique inflationniste au Mali à des fins de développement économique.

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C’est une vieille recette  dénoncée partout que de compter sur les vertus d’une telle injection pour provoquer la croissance.

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Les vertus de la monnaie en tant qu’instrument excitant l’activité économique nous semblent limitées à deux niveaux.

 

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Le premier niveau est d’ordre théorique ainsi que nous l’avons amplement démontré avec les limites de la pensée mercantiliste.

 

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Le deuxième ordre de limite a deux variantes :

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L’une interne et l’autre externe.

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La variante interne est que les fonds avant d’arriver sur le terrain, les 85% sont détournés dans la capitale (cf les 22 Milliardaires sous Konaré et les nouveaux richissimes du «consensus ATT »).

 

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Les fonds détournés dorment dans les banques européennes et ailleurs ou ont servi à créer des sociétés en Europe au su et au vu des services de sécurité des pays européens. Et les fonctionnaires de l’Union Européenne dans nos pays sont  les mieux placés pour  en savoir plus. C’est la constitution d’une rente au profit d’une bourgeoisie parasitaire qui n’a aucun sentiment de survie de sa nation si ce n’est  simplement qu’il y vit physiquement.

 

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La variante externe est qu’on ne peut même pas parler d’épargne. Toutes les devises des pays membres de l’UEMOA sont englouties dans le Trésor français.

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Est-ce que la création de la Banque internationale pour le développement de la CEDEAO (BIDC) mettra fin à cette situation ?

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Les dirigeants africains actuels traînent des dossiers trop lourds et obscurs pour tenir la «tête levée nécessaire» pour revendiquer et exiger cela.

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Il est vrai que l’une des causes de notre retard est constituée par le problème des capitaux propres, mais cette situation elle-même est due au commerce  inéquitable qui nous empêche d’investir et d’épargner chez nous.

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Le vœu de certains économistes africains est en train de se réaliser à travers la création de la BIDC.

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Est-ce à dire que ce sera le début de la fin de l’appel à l’épargne des puissances financières ?

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La BIDC préfigure-t-elle la création d’une monnaie propre ? Si c’est elle qui financera les investissements, quelles seront ses relations avec les autres institutions financières internationales ?

 

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Même là, la question revient malgré l’existence de la BIDC et de sa monnaie. C’est encore la technique bancaire qui est préconisée pour le préfinancement des investissements ! A qui appartiendra la banque ? Et quel type de pouvoir politique ? Attention derrière les «miracles de la monnaie» se  cachent souvent des «mirages».

 

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L’erreur de ATT est de prendre toutes ces sommes d’argent pour du capital !

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Sans nier le fait qu’à certaines conditions (notamment un pouvoir avec des véritables patriotes) la liquidité peut permettre la possibilité de contribuer à la formation du capital national, en l’espèce, nous sommes bien loin de cette hypothèse avec les exigences de dépôt  de nos devises au Trésor public français.

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Le lourd tribut qui attend les masses paysannes n’est pas seulement à la porte du Mali mais il est au Mali. La petite bourgeoisie intellectuelle en fera aussi les frais mais moins lourdement que les travailleurs et ouvriers des entreprises.

 

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Je conclus que le Mali est un cheval que l’on vient de doper. Son jocker ATT pourra-t-il le mener à sa seconde arrivée ? Si oui, à quelles conditions ?


 

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Me Amadou Tiéoulé DIARRA, Professeur à la FSJP

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Tél : 672-3710

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E-mail : atdiarra@yahoo.fr

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