S’il est candidat à sa propre succession au palais de Louveau à Koulouba, en 2007- ce qui est hautement probable- le président ATT devra faire face à deux redoutables concurrents, du moins sur l’heure : IBK et Soumeylou Boubèye Maïga, que la presse a tendance à réduire, lui aussi, à ces trois lettres SBM.
Ancien Directeur de campagne, en 1992, de Alpha Oumar Konaré avant de devenir son conseiller spécial une fois porté à la magistrature suprême, ancien ministre des Affaires étrangères, ancien Premier ministre durant les années de braise (1994-2000) de la troisième République à la recherche de ses marques, actuel président de l’Assemblée nationale, IBK présente un pedigree exceptionnel dans le microcosme politique malien. Mais il est surtout le chef du RPM, un parti créé le 30 juin 2000 et qui, deux ans plus tard, aux législatives de 2002, s’imposait comme la première force électorale du pays en enlevant 47 des 147 sièges de l’Assemblée nationale, 66 si l’on prend en compte les 19 sièges remportés par ses alliés CNID (13) MPR (4) RDT (1) PIDS (1) dont la plupart sur les listes communes Espoir 2002 pilotées par le RPM.
Aux communales de 2003, le parti de IBK a subi une baisse de performance, se situant troisième derrière l’URD et l’ADEMA. Mais c’est un fait que la présidentielle et les communales n’ont pas le même enjeu. Il s’y ajoute que le 27 avril prochain, IBK pourrait cristalliser sur sa personne un grand nombre des déçus du quinquennat ATT qui s’achève.
Soumeylou Boubèye Maïga a conquis ses lettres de noblesse dans le militantisme sans concession contre la dictature militairo-civile qui a ruiné le Mali entre 1968 et 1991. Les hautes fonctions qu’il a exercées auprès du président Konaré durant une décennie (Chef de Cabinet présidentiel, Directeur de la Sécurité d’Etat, ministre des Forces armées) lui ont permis d’affiner sa connaissance de l’appareil d’Etat et d’y nouer de solides et fidèles amitiés. Il n’est premier vice-président de l’ADEMA que parce ses charges administratives le gênaient pour en être le président.
Son ambition pour être le président du Mali est légitimée et sous-tendue par une conviction forte : au lieu de faire la promotion d’un homme- s’appelle-t-il ATT- l’ADEMA doit assurer sa propre promotion. C’est la vocation naturelle et constitutionnelle d’un parti politique de conquérir et d’exercer le pouvoir. Du coup, contrairement à ce qui se dit et s’écrit par les temps qui courent, c’est Boubèye qui incarne la légalité au sein de l’ADEMA, les textes fondateurs de ce parti stipulant que seule une personne détenant la carte de membre du parti, payant régulièrement ses cotisations et participant aux instances et activités du parti, de façon visible et reconnue, peut prétendre à la qualité de candidat pour défendre ses couleurs à une compétition présidentielle. Force est de constater que ATT n’a pas le profil pour cet emploi. Le meeting organisé par SBM, le week-end dernier, avait valeur de test sur l’impact de son discours sur le peuple ADEMA et sa capacité à mobiliser ce peuple. L’honnêteté veut que l’on reconnaisse qu’il n’a pas démérité.
Face à ses deux rivaux, le Général ATT, déjà éprouvé par l’Accord d’Alger et le brulôt «ATT-cratie…» a du mal à mettre ses troupes en ordre de bataille. Prévue pour hier dimanche, la signature par une dizaine de partis politiques de la plate-forme destinée à soutenir sa candidature en 2007 a été reportée sine die, l’URD, qui en partage le leadership avec l’ADEMA, ayant décidé, à la dernière minute, qu’il serait plus sage et plus démocratique de consulter la base du parti avant d’aller plus loin. Emboîtant ainsi le pas au PARENA qui a été le premier à montrer cette voie. L’élection présidentielle est assurément une affaire trop sérieuse pour être confiée aux seuls états-majors politiques.
Une consolation toutefois, on peut même évoquer une éclaircie dans la grisaille de cette fin de règne pour ATT : les milliards du Millenium Challenge Account, de l’UE, du Japon. Si le Mouvement Citoyen (qu’on a enterré un peu trop vite) le PCR et le dernier carré des fidèles savent faire un bon usage, ATT gardera encore des chances intactes pour 2007.
Saouti Labass Haïdara
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