Il y avait foule mercredi à la marche organisée par l’Association de soutien à IBK. Mais à l’appel des responsables du Rassemblement pour le Mali (RPM), la marche a été finalement reportée.
Pour protester contre ce qu’ils appellent les résultats tripatouillés de l’élection présidentielle du 29 avril dernier qui donnent une avance nette au candidat Amadou Toumani Touré, l’Association de soutien à IBK a décidé de se faire entendre en organisant hier une marche pacifique. Mais, la marche qui devait partir de la Place de la liberté au Mémorial Modibo Kéita, lieu de centralisation des résultats, a été reportée à la dernière minute à l’appel de Bakary Koniba Traoré.
Selon le commissaire de police du 1er arrondissement Balla Traoré, la marche d’hier a été improvisée et était de nature à troubler l’ordre public. Devant la détermination des éléments du commissaire Traoré à réprimer la marche, Bakary Konimba Traoré, aux dires du commissaire, aurait demandé aux marcheurs de regagner leurs bases.
Néanmoins, certains marcheurs, surexcités, auraient fait table rase des déclarations de leurs leaders en insistant de perturber l’ordre public. « Nous avons été obligés à la manière forte. Mais, lorsqu’un responsable dit de regagner sa base, nous ne voyons plus de raison d’insister ».
Pour le commissaire, il est souhaitable que les uns et les autres se calment, se ressaisissent en se conformant aux textes parce qu’ils ne sont pas prêts à voir un groupuscule d’individus troubler l’ordre public.
Amadou Sidibé
Faits et gestes
Le député Touré rudoyé
Lors de la marche d’hier, une altercation est intervenue entre des jeunes de l’Association IBK et des forces de l’ordre à l’issue de laquelle deux jeunes ont été battus avant d’être conduits au commissariat du 1er arrondissement. Présent à la marche, le député Boubacar Touré du RPM voulant prendre langue avec le commissaire Traoré a été rudoyé par les forces de l’ordre et jeté hors de la cour. Devant l’insistance de ses compagnons et l’intervention du commissaire, l’honorable député a finalement été reçu par Balla Traoré. Après quelques minutes de discussions en présence de Bocari Téréta, les jeunes ont pu recouvrer la liberté. Au sortir de la cour, des dizaines de jeunes scandaient « IBK président ». Eux aussi ont été sans autre forme de procès dispersés par les hommes en tenue.
Le SG de la jeunesse RPM bastonné
Juste après le départ des responsables du RPM du commissariat du 1er arrondissement, Moussa Timbiné, le secrétaire général de la jeunesse RPM a été lui aussi pris à partie par les forces de l’ordre. A dix mètres derrière la route qui sépare le commissariat du PMU-Mali, un groupe de policiers ne cessait de battre un jeune. Certains croyaient qu’ils avaient affaire à un voleur. Erreur, c’était le secrétaire général de la jeunesse RPM qui était entre leurs mains. Aucun cadeau ne lui a été fait. Il a été sérieusement tabassé par une vingtaine de porteurs d’uniformes avant d’être jeté sous un arbre. La raison avancée par le commissaire est que M. Timbiné aurait tenu des propos injurieux à l’endroit de la police et aurait lui-même exigé son arrestation.
Un blessé conduit à l’hôpital
Au moment où les forces de l’ordre se donnaient corps et âme à bastonner le jeune Timbiné, un homme habillé de boubou a été la cible de la machine répressive de la police. En effet, l’homme a été cueilli hors du commissariat. Il a été battu jusqu’à perdre connaissance. Abandonné devant la porte d’entrée d’un bureau, l’homme a été conduit à l’hôpital dans un véhicule de la police sur ordre du commissaire qui n’était pas présent au moment des faits.
La presse pressée au commissariat
La caméra de la cinéaste de l’Amap, Kadiatou Konaté, et l’appareil photo d’un autre confrère ont été confisqués par la police aux motifs qu’ils ont filmé sans leur consentement. Si le confrère de L’Indépendant est parti en laissant son appareil photo, notre consœur de l’Amap a refusé de donner le sien. « Si vous voulez m’enfermez, vous le ferez avec ma caméra. Pas question que je vous la laisse ».
BILAN DE LA MARCHE REPRIMEE
Six blessés parmi les partisans d’IBK
La marche est légale en République du Mali. C’est en voulant user de cette « arme pacifique » pour dénoncer la fraude électorale que les militants de l’Association de soutien à IBK, ont subi, hier, la terreur des forces de l’ordre.
Cette dérive démocratique qui rappelle les années noires du régime dictatorial du général Moussa Traoré a fait six blessés, dont le président de la Jeunesse Rassemblement pour le Mali, (RPM), Moussa Tembiné.
Le président du RPM, Ibrahim Boubacar Kéita, choqué, s’est rendu au chevet des blessés au Centre hospitalo-universitaire Gabriel Touré. Se refusant à toute déclaration, le président du RPM a tenu à s’enquérir personnellement de l’état des victimes qui sont restés en observation après des examens d’échographie et de radiographie.
Amadou Waïgalo
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