Après le masss… sacre, le sacre !

0

Une machine protocolaire en panne, des hôtes de marque abandonnés à eux –mêmes, des Forces de sécurité embrouillées, un aéroport embouteillé et des invités de prestige absents à l’appel… Volontairement ou involontairement.

L’investiture du Généralus léopardis, le 8 juin dernier au CICB, pour un second et dernier bail sur la colline du pouvoir, a été un flop magistral.

Annoncée, à grands renforts de publicité pour être l’évènement de l’année, l’intronisation de A.T.T II a fini en eau de boudin. Sans compter, les gaffes du Directeur du protocole de la présidence, qui ont déteint sur la cérémonie. Mauvais présage.

Elu, par 1,6 million d’électeurs, seulement, -c”est-à-dire par moins d’un malien sur quatre –sur 6,8 millions inscrits sur les listes électorales, le Généralus léopardis vient d’être victime, pour la seconde fois, d’un coup du sort. A la débâcle électorale, est venue se greffer une autre, plus cruelle, plus tragique : le fiasco de son intronisation.

Erreurs de casting

Annoncée pour 10 heures, la cérémonie d’investiture du nouveau chef de l’Etat n’a débuté qu’à 12 h30 mn. Pendant ce temps, dans la salle Djéli Baba Sissoko abritant l’évènement, c’est chacun pour soi, Dieu pour chacun. Tirés à quatre épingles, lunettes rondes posées à même le nez, les membres du protocole de la présidence ont brillé par leur amateurisme.

Bernard Konchner, l’envoyé spécial de Sarko, arrivé peu avant 10 heures, a dû tenir sur ses vieilles jambes, 15 minutes durant, avant qu’il soit secouru par Roger Ouégnin, ex –directeur du protocole de feu Félix – Houphouet Boigny.

Constatant que le tout –nouveau Ministre des Affaires Etrangères de la Gaule, pardon de France, est livré est lui –même, Roger Ouégnin se lève, redresse sa veste et empoigne, par le bras, Mr Konaté, (le fils de Tiéoulé Mamadou Konaté, faisant office de conseiller à la présidence) en lui enjoignant de trouver un « tabouret » pour Kouchner ; lequel commençait, déjà, à transpirer à grosses gouttes. Comme un jet d’eau.

D’autres hôtes de marque, comme cet Ambassadeur d’un pays arabe, ont fait les frais de la « démission » du protocole de la Rue Publique.

Autre déculottée enregistrée par la cérémonie d’investiture du Généralus léopardis : l’absence remarquée d’illustres chefs d’Etat, pourtant attendus.

Sur 25 chefs d’Etat annoncés, six, seulement, ont répondu à l’appel : Omar Bongo Ondimba du Gabon, Ablassé Compaoré du Burkina Faso, Yayi Boni du Bénin, François Bozizé de Centrafrique, Sassou N’Guessou du Congo et Sidi Ould Cheick Abdellahi de Mauritanie.

Certains chefs d’Etat –c’est le cas de Blaise Compaoré –ont été soumis à un véritable parcours du combattant… dans les airs.

Pinochet qui devrait l’accueillir, à sa descente d’avion, a accompagné Guillaume Soro, Premier Ministre de Côte –d’Ivoire, à l’Hôtel de l’Amitié.

Cette erreur d’aiguillonnage, ajoutée à l’embouteillage monstre de l’aéroport de Bamako –Sénou, ont obligé le Président du Faso et sa délégation à garder les airs, une vingtaine de minutes durant. Avant qu’il soit autorisé, par la tour de contrôle, à se poser.

Partout, le même constat. Partout, le même regret : le tâtonnement du protocole de la Rue publique. L’investiture du Généralus léopardis a été pilotée à vue. Censée être un évènement, elle s’est terminée en queue de carpe. Certains invités, las d’attendre, n’ont pas hésité à laisser éclater leur colère. « Si A.T.T. ne veut pas être investi, faites appel à Alpha ! », me susurre à l’oreille, un confrère burkinabé.

Mais la « vedette du jour » ne fera son apparition dans la salle qu’à 12 H 30 mn. Tout de blanc vêtu, ému et amaigri, le Généralus léopardis ne semble pas été épargné par les épreuves de l’épreuve.

Tout le monde se lève. Et l’huissier de séance, embrouillé, de demander au public, déjà debout, de se mettre debout. Protestations et railleries dans la salle. L’incident a été vite enterré sous une dalle en béton. La cérémonie d’investiture peut, désormais, commencer. Instant mémorable.

Le second mandat commence mal, très mal

Après le rituel des togeards, le tout –nouveau chef de l’Etat prend, enfin, la parole. « Plus que jamais, conforté dans ma conviction et ma foi en un avenir meilleur pour notre pays, il est venu le temps, pour le Mali, de forcer son destin et d’entamer son décollage économique et social », a t –il indiqué dans son discours d’investiture. Avant de se livrer à un chapelet de vœux pieux : assurer le bien –être des populations, l’emploi des jeunes, promouvoir l’Education, la formation et la recherche…

« Le temps est venu de construire l’université de nos besoins et d’en faire un espace d’enseignement et de recherche pour notre développement », a t –il ajouté. Avec un Ministre de l’Education alité et, démissionnaire depuis quelques mois, on n’est pas encore sorti de l’auberge.

Mais ironie du sort, ces vœux pieux tombent au plus mauvais moment. Les prix des denrées de première nécessité ont pris l’ascenseur. Le panier de la ménagère n’est plus vide, mais troué. Les prix du carburant, aussi, flambent. Sept maliens sur dix peinent à s’offrir trois repas par jour.

Le SMIC est estimé à 28.000 CFA, contre 50.000 CFA au Burkina Faso. Le chômage des jeunes n’est plus chronique, ni critique, mais clinique. La pauvreté et la misère ont franchi le seuil du tolérable… Tel est le visage hideux de notre pays, à l’issue d premier quinquennat du Généralus léopardis. Et au seuil du second, qui s’annonce périlleux. Mais A.T.T. II nourrit l’espoir de faire mieux. Et cela à travers six axes prioritaires : la réorganisation de l’action publique, la sécurité alimentaire, la promotion du secteur privé, l’insertion des femmes et des jeunes dans les circuits productifs, la création d’un environnent propice à l’émergence d’un secteur privé dynamique, les reformes sociales…

C’est en ce moment qu’intervient la plus tragique des gaffes : Modibo Diarra, le directeur du protocole de la Présidence présente Yayi Boni comme le « Président du Togo ». Avant de se ressaisir sous les huées du public : « le Président togolais devrait être là. Mais le deuil que vit son pays l’en a empêché ».

Mais la gaffe, qui a estomaqué plus d’un, dans la salle, interviendra quelques secondes, seulement, après : l’invitation faite, par le Directeur du protocole de la présidence, aux chefs d’Etat invités de venir féliciter A.T.T. Un geste, jugé inapproprié, par les proches de nos illustres hôtes.

La gêne était perceptible, dans les rangs de ces derniers. Mais le vin est tiré.

Est –ce pour cette raison que Me Wade et Alpha Oumar Konaré ont préféré prendre le large du G8 ?

Une certitude : l’absence de ces deux hommes d’Etat a été fort remarquée. Si le premier s’est fait représenter par son Premier Ministre, Macky Sall, le second, lui, a boudé l’investiture de son successeur.

Au-delà des râtées, enregistrées par la cérémonie d’investiture, le Généralus léopardis vient d’être intronisé, pour un nouveau bail de cinq ans à la tête de notre pays.

Mais pour les populations, talonnées par la pauvreté et la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité, c’est déjà ça. « Ça commence mal, très mal ! » martèlent –elles. Car, ventre vide n’a point d’orteil !

Le Mollah Omar

Commentaires via Facebook :