Après l''annonce de la création du FDR : “IBK nous a trahis ”Accusent les responsables d’une vingtaine de partis politiques

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    Après la signature de l’ADP par 14 partis politiques qui soutiendront Amadou Toumani Touré à la présidentielle d’avril prochain, Ibrahim Boubacar Kéïta est dans la logique de s’offrir des alliés. Mais la tâche ne lui paraît pas aisée. Et pour cause ! Après s’être engagé avec la CDS, le PARENA, l’ADJ et convergence 2007 dans le projet de création du FDR, le président du RPM est dans le collimateur d’une vingtaine de partis avec qui, il négociait une plate-forme dénommée FPR.

A la recherche d’alliés

    Pour aller aux élections générales de 2007, le Rassemblement Pour le Mali (RPM) avait choisi de signer uen plate-forme d’alliance avec de nouveaux partenaires. Ce besoin s’était fait sentir après le départ pour le camp présidentiel de certains alliés qui étaient avec lui dans le cadre de Espoir 2002 . C’est le cas du CNID, du MPR, du PIDS, entre autres. Au parti du Tisserand, on en veut à ces partis  d’avoir trahi IBK.

    Ainsi sachant bien que le chemin  le menant à Koulouba est semé d’embûches, IBK, qui espère créer la surprise en 2007, doit se chercher des alliés. Tout le monde sait qu’un seul parti ne saurait gagner les élections générales  de cette année au Mali, qu’il s’agisse de la présidentielle ou des législatives.

    C’est dans cette optique que depuis novembre dernier, le RPM et certains partis politiques multipliaient les réunions au domicile du député Amadou Ali Niangado  sis à Korofina, en Commune I du District de Bamako. avec comme objectif élaborer une plate-forme d’alliance dans la perspective de 2007.

    Pour la plate-forme d’alliance en gestation, les pourparlers étaient en cours entre le RPM et la dizaine de partis rescaspés de Espoir 2002.A ceux-ci étaient venus s’ajouter d’autres. Les négociations continuaient bien entre les différentes parties. D’ailleurs, l’une des réunions avait permis de faire la synthèse des différentes propositions. Et les formations politiques concernées devaient se retrouver le mercredi 15 novembre 2006, à partir de 16h, pour adopter le document final.

C’est au sortir de cette réunion que la plate-forme devait être signée entre le RPM et ses futurs partenaires. Et de sources proches du dossier, on apprenait que par rapport à la dénomination de l’alliance en gestation , on hésitait entre le Front Patriotique pour le Renouveau (FPR) et l’Alliance pour la République et le Changement (ARC).
    Cependant pendant que les 17 partis  et le RPM étaient à deux doigts de conclure parvenir à la signature d’une plate-forme, voilà que IBK et ses camarades se sont retractés. Pourquoi? Se sont-ils rendus compte que les amis avec qui ils étaient en négociation jusqu’ici ne représentaient rien  et qu’ils fallait chercher ailleurs?

Le “Kangueletigui” accusé de trahison

     Ce qui paraît évident, c’est que le RPM ne créera plus, ni le FPR, ni l’ARC,  mais plutôt le FDR (Front pour la Démocratie et la République). La décision de création du front en gestation a été prise lors d’une rencontre tenue le 4 février dernier au siège du PARENA.

    Sont parties prenantes du FDR, le Pr Abdoul Traoré dit Diop de l’ADJ (Alliance pour la Démocratie et la Justice), Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise, président de la CDS-Mogotiguya, Tiébilé Dramé, président du PARENA, Ibrahim Boubacar Kéïta, président du RPM et Soumeylou Boubèye Maïga de Convergence 2007. L’objectif du FDR, selon son porte-parole, Djiguiba Kéïta  dit “PPR”, c’est de “rassembler les forces démocratiques, républicaines et patriotiques en vue d’amorcer un véritable changement créant les conditions d’une alternance basée sur des élections libres, transparentes et crédibles.”

    Du reste, si au RPM on se frotte les mains d’avoir su recupérer certains mécontents du pouvoir ATT, en revanche, avec l’annonce de la création du FDR, l’image du président du parti du Tisserand prend un coup. En effet, IBK se fait passer pour un homme qui respecte sa parole donnée, un “Kankeletigui” qui est toujours trahi par tous. Mais voilà qu’il est à son tour, accusé de trahison par des partis politiques.

    On le sait, IBK  s’est engagé dans la création du FDR avec quatre alliés, alors qu‘il négociait jusqu’ici avecau moins 17 partis le projet de création d’une alliance. La trahison est si visibles qu’aucun des partis qui étaient parties prenantes des pourparlers au domicile du député Niangado n’est concerné par le FDR. A commencer par le président du RDT qui est resté fidèle au RPM lorsqu’il était opposé à la nouvelle majorité à l’Assemblée Nationale lors  de la formation du bureau. Le parti du député Niangado n’est pas associé au projet du front en gestation. Ne parlons pas non plus des formations politiques qui se battaient pour redynamiser Espoir 2002 autour d’IBK. Que dire aussi des partis, qui avaient rejoint IBK pour le rendre fréquentable, tout en évitant à son parti de tomber dans l’isolement,mais qui sont exclus du FDR ?

Un troisième front en gestation

    Pour manifester leur mécontentement, les alliés du RPM qui étaient à deux doigts de signer une plate-forme avec lui, ne manquent pas de mots ou d’expression. “IBK nous a roulés dans la farine”, pensent certains. “IBK et son parti nous ont donné un véritable coup de pied politique”, martèlent d’autres. “Avec ce qu’ils viennent de nous faire, on comprend qu’en position de traître, IBK et le RPM crient toujours à la trahison”, renchérissent d’autres encore.

    Face à cette situation  qualifiée de trahison, les “victimes politiques” du RPM d’IBK ont décidé de se réveiller. C’est dans ce sens qu’ils ont entrepris des pourparlers depuis la semaine dernière pour former leur groupe à part. Selon des indiscrétions, il pourra s’agir  de créer une troisième voix et non chercher à adhérer à l’ADP ou au FDR. Mais si ce troisième front ne présentait son propre candidat à la présidentielle, restera-t-il neutre en refusant d’appeler à voter pour ATT ou pour IBK ?

    A cette question, la réponse s’avère controversée. Pour certains, le groupe doit soutenir ATT sans passer par l’ADP parce que IBK à trahi. Cette option est la volonté de la majorité des partis membres du troisième bloc en gestation. Pour d’autres, le groupe, malgré tout, doit rester fidèle à IBK. Dans ce cas, le groupe  au lieu d’adhérer au FDR reste une force qui viendra en renfort. Les partisans de cette thèse sont minoritaires, puisqu’ils seraient trois partis seulement à soutenir une telle position.

    Avec cette tension ainsi née entre IBK  et certains de ses amis politiques, on peut se demander si le RPM ne paie pour comportement en allant  vite en besogne.Si le groupe venait à soutenir ATT le parti du tisserand ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même.

Oumar SIDIBE

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