« A.T.T est un mauvais Président ! »

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« Le Président n’a pas répondu aux attentes de ses concitoyens. Le Mali d’aujourd’hui est un fouillis de tragédie politique, de défaitisme national et de suicide collectif latent.

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Le Mali ne peut tolérer cette dérive monarchique, qui fait du président le centre et la circonférence de la vie nationale. Le Mali doit changer ! », écrit Ousmane Sow, dans son livre intitulé : « Un para à Koulouba : chronique d’une Nation à repenser ».

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Publié, il y a quelques jours, aux éditions Jamana, ce nouveau brûlot de 145 pages passe au crible le premier mandat du Généralus léopardis. Mais aussi, les cycles d’espoir et de désespoir qu’alternent notre pays, depuis son accession à la souveraineté nationale.

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De tous les régimes, qui se sont succédé à la tête de notre pays, celui du Généralus léopardis aura, selon l’auteur, brillé par son manque de vision. Mais aussi, par la démission des politiques : succession d’espoirs avortés, pilotage à vue de notre pays, misère des populations, corruption, démission des partis politiques etc…

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« Depuis le changement, issu des élections présidentielles d’avril 2002, nous assistons, impuissants ou muets, à une dérive inacceptable dans notre système démocratique, à une fuite de responsabilités de certains chefs de partis politiques, légalement, constitués ».

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A en croire l’auteur, les leaders politiques maliens ont abandonné le peuple à son sort, en se ruant, comme de vautours, sur les privilèges que confère la proximité avec le palais de Koulouba.

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« La trahison, dont se rendent coupables ces chefs de partis ont conduit le Mali dans une impasse », précise notre confrère. Conséquence : la misère de nos populations a franchi le seuil du tolérable. Près de sept familles sur dix peinent à s’offrir trois repas par jour. Le détournement du dénier public est devenu un excellent sport pour la santé. La corruption a fini par gangrener l’appareil d’Etat.

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« Les voleurs volent en plein jour, bâtissent leur palais au nez et à la barbe de la plèbe affamée, roulent en carrosse en éclaboussant les oubliés de l’agpe », ajoute t –il. Avant de poursuivre, amer : « Les milliards qui ont disparu sont ces sommes, qui devaient servir à bâtir des hôpitaux, à irriguer l’office du Niger, à traiter les malades qui meurent devant l’hôpital Gabriel Touré par manque de soins, à construire des écoles et offrir à nos enfants, ceux qui feront le Mali de demain, une éducation de qualité, aux antipodes de l’enseignement au rabais, qui est en train de saper les fondements de la Nation », écrit –il. Avant de conclure : « A.T.T. est un mauvais président ! ».

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La démocratie malienne discréditée.

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En effet, en cinq ans, explique l’auteur, les espoirs des maliens ont fait place au désespoir. Et, pire, dans presque tous les domaines. Avec la complicité des bataillons de « souteneurs ». Ces marchands d’illusion, soutenus financièrement par le palais. Résultat : l’homme –pivot est à la place –cabot. Et vice versa. « Le Mali est le seul pays au monde à remettre une maîtrise en droit à un étudiant, qui n’a jamais lu le code pénal… des lycéens de Sikasso sont admis au Bac avec des notes qui commandent le renvoi pur et simple. Plus de 80 % des nouveaux enseignants et des contractuels sont, aussi, illettrés que leurs éleves. Les notes s’obtiennent de deux manières : l’argent ou les faveurs sexuelles »

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Bref, poursuit l’auteur, le Mali a cessé d’être ce havre de paix et de prospérité que chantent les laudateurs du régime. Un régime qui, selon l’auteur, gouverne sans méthode, ni organisation. Un régime, enfin, qui maintient ses opposants à plat ventre. Soit par la matraque. Soit par les privilèges, accordés à ceux qui ont accepté de se renier, de renoncer à la conquête du pourvoir.

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Journaliste, basé à Montréal où, il réside depuis une décennie, Ousmane Sow n’est pas inconnu du public malien. Né à Douentza, dans la région de Mopti, il publie des chroniques dans les colonnes des Echos. Diplômé du CESTI de Dakar, notre confrère n’est pas à son premier ouvrage.

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Outre un « para à Koulouba », il est l’auteur de deux autres ouvrages : condamné à mort et touche pas à mon pain.

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Ecrit dans un style accessible, proche de celui de feu Norbert Zongo, ce livre n’est pas un réquisitoire contre le régime. Mais le résultat de cinq ans d’observation et réflexion sur la gestion de notre pays.

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Sans être un traité de science politique, ou une thèse d’histoire, ce livre donne un message d’espoir. Surtout, à travers la revue des facteurs qui plombent le décollage économique de notre pays.

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Le Mali, comme un bâteau ivre.

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Instaurée, au Mali, à la faveur de la révolution de mars 1991, la démocratie a permis de libérer le malien de la peur. Il peut parler, critiquer, dénoncer. Mais est –il, pour autant, entendu ? S’interroge l’auteur, qui enchaîne avec une autre interrogation : quel est le poids de l’opinion publique ? Rien ! Répond t –il.

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« Peu à peu, le citoyen est devenu indifférent, cynique », constate l’auteur. Avant de rassurer : « A peine 20 % de l’électorat daigne se rendre aux urnes ».

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La démocratie malienne a 16 ans. Mais, elle est déjà discréditée par les menaces, les intoxications et les calomnies, dirigées contre les opposants par les « bras armés » du régime. Ou contre des journalistes critiques, considérés comme une meute de « jaloux » et d’ « aigris » oubliés au banquet citoyen.

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Or, assure l’auteur « Un pouvoir fort s’attache, d’abord, à sécuriser sa population, non à pourchasser les dissidents sans défense ».

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Bref, cinq ans après son accession au pouvoir, cette fois par la voie des urnes, le « mythe A.T.T. » a volé en éclats.

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« Si beaucoup de Maliens ont, encore, un attachement à A.T.T, c’est en raison du souvenir de ce jeune parachutiste, qui se faisait humble, qui fut notre père Noël en treillis ». Aujourd’hui, le lieutenant –colonel A.T.T a fait place au président A.T.T. La nuance est de taille. Et l’auteur d’avertir « Nous ne pouvons pas continuer à nous accommoder d’un règne, dont la pertinence reste très discutable ».

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Pourtant, explique notre confrère, notre pays dispose d’immenses atouts, pour assurer son développement : le fleuve Niger, l’or, les ressources humaines mal exploitées et, bientôt, le pétrole etc… D’où le cri de cœur  de l’auteur : « La pauvreté du mali n’est pas une fatalité. Elle n’est pas irréversible. Elle est la conséquence de la faillite d’un projet de société flou et erratique ».

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Car, pour Ousmane Sow, faire de la politique, ce n’est pas –comme le pense A.T.T. –régler les problèmes. Certes, précise t –il, il faut régler les problèmes qui se posent à la Nation. Mais présider aux destinées d’un pays, c’est avoir de la vison, de l’audace et une volonté de prendre le chemin de la droiture et de l’émancipation. Les maliens doivent élire, le 29 avril prochain, leur Président, afin qu’il transforme leurs rêves en réalités.

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« Si les maliens sont satisfaits de son bilan [NDLR : entendez A.T.T] et croient en ses promesses, il sera réélu. Dans le cas contraire, il sera battu à plate couture, congédié sans préavis. Le peuple doit, donc, être informé et bien informé », avertit l’auteur.

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Le Mollah Omar

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