Dans cette interview exclusive, la première qu’il a donnée depuis son élection comme premier Vice-président de l’Assemblée Nationale, le Président de l’URD, Younoussi Touré se prononce sur la désignation du Premier ministre et les nécessaires réformes constitutionnelles à entreprendre.
Le Républicain : Que vous inspire le choix de Modibo Sidibé comme Premier ministre?
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Younoussi Touré : Personnellement je me réjouis de la confiance placée en M. Modibo Sidibé par le président de la République. J’ai eu l’avantage de travailler quelques temps avec lui quand j’étais moi-même Premier ministre en 1992-93. A l’époque, il était ministre en charge de la Santé. Nous avons eu à collaborer. Je me souviens que nous avons géré ensemble un des dossiers brûlants du moment , celui des victimes de la répression des événements de mars 1991.
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M. Sidibé en tant que ministre de la santé s’occupait de tous les aspects liés aux soins médicaux et aux évacuations sanitaires. Je l’appuyais dans cet effort. Je gérais quant à moi le volet indemnisation des victimes . J’ai eu réellement plaisir à travailler avec le Ministre Modibo Sidibé parce que c’était un homme très organisé qui avait beaucoup d’idées et surtout qui travaillait beaucoup. Il n’avait pas peur d’affronter les questions les plus difficiles. A l’époque, tout était non seulement urgent mais aussi empreint de passion. Il était à cette époque difficile de trouver des hommes qui placent les problèmes dans un contexte un peu détaché du cadre passionnel dans lequel on travaillait. Et cela m’a marqué.
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Le choix du Premier ministre n’a pas été fait dans les rangs des partis politiques qui, depuis un certain temps, travaillent à leur réhabilitation .Qu’en pensez-vous?
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Il est connu de tous que l’URD milite pour le renforcement de la démocratie et du fait partisan au Mali. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute. L’URD a soutenu le président de la République en vue de sa réélection pour un second mandat. Nous restons dans ce cadre de la majorité fidèles à l’option d’accompagner le président de la République dans la gestion des affaires publiques pour le second mandat.
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Ce second mandat commence naturellement, après l’élection proprement dite du président de la République, par la formation du bureau de l’Assemblée nationale et la formation du gouvernement.
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La nomination d’un Premier ministre qui ne répond pas d’un parti politique, qui ne répond d’aucune obédience des partis politiques existant aujourd’hui au Mali, peut effectivement amener des gens à se poser des questions. Ma réponse est simple, dans le système politique malien, le président de la République a le pouvoir discrétionnaire de choisir son Premier ministre. Il peut le choisir dans la majorité parlementaire comme il peut le choisir en dehors des partis politiques. C’est vraiment une question constitutionnelle.
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Le choix du premier responsable du gouvernement appartenant au président de la République, s’il choisit un homme qui n’est pas étiqueté politiquement, nous en tant que partis politiques, nous devrons nous exercer à travailler avec lui tout en défendant fermement nos positions pour que la démocratie malienne avance. Les grands dossiers maliens soient traités pour une solution durable au profit des populations maliennes afin que l’Economie et les Finances maliennes soient bien gérées et que le niveau de vie des Maliens s’améliorent. Ce sont des principes réellement positifs sur lesquels nous restons fermes.
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Le Premier ministre qui vient d’être nommé est de mon point de vue, pour l’avoir pratiqué en des moments très difficiles, un homme ouvert .Je pense qu’il le restera quand il s’agira de travailler avec les partis politiques pour le bien du pays.
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L’accord ADEMA -URD ayant abouti à l’élection de M. Douncounda Traoré de L’ADEMA comme président de l’Assemblée nationale, certains s’attendaient à un Premier ministre URD, surtout que Soumaïla Cissé a largement battu campagne pour le Candidat ATT. Avez-vous été surpris?
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Si on replace la nomination du Premier ministre dans son véritable contexte, rien ne pouvait présager que Soumaila Cissé soit nommé Premier ministre. Dans la mesure où le président de la République ne fait pas partie d’une formation politique, il n’est pas tenu par la constitution de nommer un Premier ministre dans la majorité parlementaire. Donc à mon avis Soumaïla Cissé pouvait ne pas être le Premier ministre choisi par le président de la République.
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Je ne suis pas surpris. Le fait également que le président de l’Assemblée nationale soit un politique issu d’une composante de l’accord entre les partis politiques n’indique pas que la seconde composante qui est l’URD ait la charge de la primature Ce ne sont pas les partis politiques ou l’Assemblée nationale qui désignent le Premier ministre, et c’est ça le problème, il n’y a pas une relation directe entre ces deux cas .
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La constitution n’obligeant pas le président de la République à nommer le Premier ministre dans la majorité parlementaire, le besoin d‘une reforme constitutionnelle ne se fait-il pas ressentir ?
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La constitution malienne présente beaucoup d’insuffisances. Ce n’est pas seulement ce problème de nommer le Premier ministre dans la majorité. Il y a le fait également que des institutions importantes telle que la Cour des Comptes n’est pas prévue par la constitution alors que tous les pays voisins sont en train de s’acheminer vers l’organisation d’une Cour des Comptes qui permet de faire un contrôle assez strict des Finances publiques.
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Il y a également d’autres aspects du contrôle qui ne sont pas pris en compte par la constitution. Il est évident qu’au fur et à mesure que nous allons parfaire notre pratique de la démocratie, tous ses aspects seront revus.
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Le problème, c’est qu’une révision constitutionnelle n’est pas une petite affaire. La révision constitutionnelle au Mali demande l’organisation d’un referendum. C’est un acte politique majeur. Compte tenu de la sensibilité dont cette question est entourée, les responsables prendront beaucoup de précautions avant de l’envisager . Mais, il y a énormément de choses qui pourraient être réglées par une révision constitutionnelle qui prendra en charge toutes les lacunes qu’on observe aujourd’hui.
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Propos recueillis par Boukary Daou
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