Les vraies menaces contre la République

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La Bourse du travail

Les politiques à courte vue font courir de nombreux risques aux Etats qui s’engagent sur ce chemin. Il est important de distinguer les vraies menaces des fausses que parfois les hommes au pouvoir font courir pour se maintenir davantage. Au-delà des faux coups d’Etat, des complots imaginaires, le pire à craindre reste la pauvreté, l’injustice et la mal gouvernance. Le plus redoutable des coups d’Etat ne viendra pas de l’armée, il viendra de la rue.

Rien ne fait autant peur à nos chefs d’Etat qu’un coup d’Etat, fût-il faux. Ils tremblent à grosses goûtes. Pourtant, la vraie menace qui pèse contre le régime actuel, n’est autre que l’extrême misère dans laquelle vivent les populations. La pauvreté, sera plus redoutable que n’importe quel coup d’Etat dans ce nouveau millénaire, qui consacre en Afrique le règne de la mal gouvernance et de la boulimie du pouvoir. Des “Présidents pour l’honneur” au “Président capitaine”, le déficit budgétaire caractérise notre économie. Avec pour principal corollaire, une balance commerciale déficitaire d’année en année, malgré un taux de croissance que l’on prétend en hausse, les félicitations du Front monétaire international et de la Banque mondiale. Comme à l’accoutumée, notre pays va tendre la main pour combler le trou. Surtout que notre Etat mendiant, à travers son président, son Excellence Ibrahim Boubacar Keita, entretient de  bons rapports avec la mère colonie. Mais la France et Hollande ont aussi leurs problèmes. La France présente d’ailleurs des signes d’essoufflement au sein de l’Union européenne. Alors que se passera-t-il si un jour l’Etat éprouvait des difficultés à payer ses fonctionnaires ? Sans doute que les nouveaux riches et la Chine mettront la main à la poche pour soutenir le président IBK. Cependant, la menace que fait peser la situation économique de notre pays est réelle quand on sait que les amitiés et le soutien inconditionnel d’un salarié malien s’évaporent avec la rapidité de la mousse du thé. Son amour à l’endroit des régimes politiques peut s’en aller comme la fumée des feux des brochettes, si jamais il ne peut plus en déguster. Un grand homme de culture disait : “Les flatteries gonflent l’idiot mais font maigrir l’intelligent.

IBK sait-il que le Mali est pauvre ?

Le gouvernement risque la chute parce qu’il ne sait pas que notre pays, le Mali, est pauvre. IBK sait-il aujourd’hui que son peuple est pauvre ? Jusqu’où appréhende-t-il les limites de sa misère ? Lui-même n’était pas riche lorsqu’il accédait au pouvoir il y a 32 mois de cela. Le luxe insultant des palais, le goût des champagnes, les avantages du pouvoir ont-ils laminé la mémoire de notre président à telle enseigne qu’il ait oublié l’agonie de son peuple, déraciné par la “redoutable arme de la faim” et la pauvreté ? Pour les plus durs, qui survivent à cette pauvreté imposée par un Etat qui va à vau-l’eau, ils finissent par mourir de paludisme ou de Sida, abandonnés par un pouvoir qui ne peut pas soigner sa population.

Certains hommes politiques ont oublié leurs conditions d’il y a à peine quelques années. Ils étaient de pauvres militants qui n’avaient que comme unique fortune les superlatifs des slogans révolutionnaires. Ils avaient de la peine à acheter de l’essence. Aujourd’hui, ils roulent dans des voitures rutilantes et leurs comptes en banque sont bourrés. Ils ont été promus à des postes de responsabilités diverses en acceptant de fermer les yeux sur les dérives du régime. “Dans le tiers-monde, la manière dont les nouveaux riches oublient leur passé est déroutant“, interpellait Jean Labens dans Sociologie de la pauvreté. Ils ont oublié jusqu’à leurs vrais amis de galère et camarades de luttes. Beaucoup ont même trahi pour passer à table. Leurs bedaines ont poussé à la rapidité des gorgées de champagnes qu’ils ont ingurgitées avec leurs maîtresses.

Cris de douleurs de la naissance d’une nouvelle nation

« Chaque obus orchestré, chaque injustice admise ou créée, chaque détournement béni, chaque oppression organisée est un appel du pied au reversement des institutions. »

En effet, chaque faux coup d’Etat manqué, chaque détournement de fonds est une invite au renversement. Ce qui nous amène à croire que l’armée en réalité joue un rôle secondaire dans le renversement d’un président au pouvoir en Afrique. Les militaires vivent dans les mêmes conditions misérables que les populations civiles. Dans leur extrême pauvreté, ils se retranchent dans l’illusion des jeux de hasard pour devenir “magiquement” millionnaires. Le P.M.U malien est devenu pour la plupart de ces exclus du système, une raison suffisante de vivre. Pardon, de ne pas mourir. Parier sur des chevaux parfois mieux nourris et entretenus que certains parieurs maliens, tel semble être le nouveau sacerdoce de ces millions de Maliens qui rêvent de s’enrichir vite et vite.

Tout régime qui maintient son peuple dans la pauvreté, crée les conditions de sa propre chute. Un château construit par de l’argent mal acquis, un milliard fêté, dans un pays comme le Mali où la majorité rumine la galère au quotidien sont autant de signes qui poussent à la révolte. Dans le contexte socio-économique de notre pays, toutes les conditions sont réunies pour que le peuple crie un jour “Haro sur le baudet !” et réclame le changement. Seulement quand l’heure aura sonné, plus personne ne pourra arrêter le compte à rebours. L’honneur des Maliens emportera le bonheur des hommes au pouvoir. Une nouvelle génération de femmes et d’hommes prendra en main la destinée du peuple. Les traîtres seront trahis, et les opportunistes profiteront comme d’habitude d’une situation dont ils ne seront pas acteurs. Peut-être, ceux qui verront ces jours écriront une nouvelle page de l’histoire de notre pays. Car l’injustice, la corruption, la pauvreté, l’insécurité, l’arrogance et le mépris sont les cris de douleurs de la naissance d’une nation libre, nouvelle.

Les “conseilleurs” du Président

« La grandeur et la popularité d’un régime se mesurent au degré et au nombre de sacrifices qu’il peut faire accepter au peuple qu’il gouverne. Le reste : les grands partis de masse avec des millions de militants, les louanges à travers la presse d’Etat ou payée etc., n’est que chimère. » Or, la marche de l’opposition du 21 mai, à travers sa forte mobilisation, sonne comme une révolte populaire. Elle illustre l’incapacité du régime d’IBK à faire accepter davantage de sacrifices aux Maliens, tandis qu’au sommet de l’Etat, c’est la dilapidation des maigres ressources. Les populations en ont ras-le-bol et tôt ou tard, ils le manifesteront. Plaise à Dieu que ce soit par des moyens pacifiques.

Les “conseilleurs” à la présidence se doivent de le rappeler à notre chef d’Etat, IBK, si tant est qu’ils sont acquis à la cause du Rassemblement pour le Mali, et s’ils aiment vraiment ce pays. Ils se doivent de ramener l’homme fort de Koulouba sur le vrai chemin du progrès, au lieu de vouloir faire de celui-ci leur vache à lait qu’ils traient à volonté. Une vache ne produit pas indéfiniment, messieurs les “conseilleurs

Le silence du peuple pourrait être interprété comme une acceptation de la part des hommes au pouvoir. Mais qu’ils ne se trompent pas. Le 26 mars 1991, la veille, personne, même pas les plus grands marabouts de Moussa Traoré n’avaient envisagé la révolte populaire. Les martyrs ont offert leurs poitrines et sont morts en bâtissant un pont pour la traversée des futures générations. Qu’on retienne la leçon : le silence des Maliens n’est pas synonyme de béni oui oui !

Acculé par la pauvreté, son avenir emprisonné dans l’incertitude du temps, le peuple dans un héroïque sursaut final, se réveillera au moment où l’on l’attendra le moins ; au moment où notre roi sera sûr de de tout contrôler, maitriser, grâce à ses ‘’conseilleurs’’ nationaux et internationaux. Il ne verra pas les signes avant-coureurs. Quand un chef de l’Etat choisit de ne pas entendre les cris, les pleurs et les souffrances de son peuple, sa chute le surprendra. Monsieur le Président, vous pouvez encore éviter le plus redoutable des coups d’Etat : La révolte des pauvres. Comment ? Pour se faire, un peu d’eau, de paille, de ‘’kini’’ et quelques fois de ‘’dableni’’ pour la majorité des Maliens.

Henri Levent

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