Depuis bientôt six ans, nous savions que le fichier électoral était source à problème donc un marché de dupe au regard de la fracture sociale que cela avait créé au sein de la classe politique en son temps. Mais qui a eu l’idée juste après les échéances électorales passées de tirer la sonnette d’alarme pour que l’on puisse parfaire ce fichier de la discorde. Le locataire de Koulouba d’une façon voilée avait prévu le blocage du processus électoral à la fin de son mandat. Aujourd’hui, face à l’impasse et à l’imposture qui se préparent, voici donc une piste de sortie. Nous avons foi dans le patriotisme conscient des femmes et des hommes du pays. Comme quoi, ils veulent sortir de l’ornière, du conformisme, de l’impuissance et de la médiocrité. Aussi, c’est à eux qui forment la fierté nationale dont nous voulons nous adresser. C’est par cette pensée d’un grand homme, d’un panafricaniste, d’un visionnaire, au nom de Kwamé N’krumah, le premier président du Ghana qui a vite pris un rendez-vous manqué pour son pays et aussi pour l’Afrique. Dans notre vraie société que l’administration coloniale avait baptisée par mépris de « primitive » et envers laquelle beaucoup de Maliennes et de Maliens qui forment l’aristocratie de l’école se comporte comme si tel était dans la réalité le cas, la démocratie qui partait du respect de nos mœurs et coutumes – et non celle judéo-chrétienne ou arabo-musulmane importée et qui nous perturbe – était établie et avait l’adhésion. Les règles étaient aussi établies et respectées. Aujourd’hui, il n’y a plus cela. C’est là le gros problème qui fait notre drame. Car dans la démocratie sans racine des divers droits que nous revendiquons pour nous émouvoir, pour jouer les importants, où sont les comportements qui dictent notre devoir envers notre pays, notre cher Mali, si grand soit-il. Ressaisissons-nous alors pour sortir du ghetto de la confusion que nous entretenons depuis le renouveau démocratique de 1991. Passons sur biens de choses pour venir à l’inédit qui a été le discours prononcé par ATT, président élu du pays en fin de mandat lors de son séjour française de la semaine dernière. L’inédit sur lequel la quasi-totalité de notre classe politique avait fermé les yeux. Ce qui était une attitude de manque de respect envers le Mali et l’imposture qui nous éclatent à présent dans les yeux. Le 1er septembre dernier, c’est volontairement et nous signons cela qu’ATT ne joue pas un jeu franc. Par malice, il clame haut et fort qu’il ne reconnait point le CNT libyen. C’est le signal que l’homme vrai qui se cache derrière le personnage du président est bien dangereux. Néanmoins, qu’il nous soit permis de lui rendre un hommage bien mérité sur un point : car les envahisseurs ont commencés par nous recoloniser de nouveau et il faudra briser le voile de l’ignorance pour dénoncer cet état de fait, salutaire car dénoncé devant l’opinion internationale et en présence des chefs d’Etats étrangers invités à cette conférence internationale. Salut l’artiste. La suite, on la connaît. A peine a t-il foulé les pieds sur le sol malien que le président s’est empressé d’aller remettre de façon officielle les clés de la nouvelle cité administrative financée à hauteur de plus de 75% par le Guide Libyen. Mais le hic dans tout cela est que le président ATT joue à un double jeu. Sinon comment comprendre que le drapeau des rebelles flotte dans la capitale malienne sans que ce dernier ne pipe un seul mot. Ok passons, car nous osons croire que le service de renseignement n’est en ce moment pas au courant. Mais pourquoi lors de la remise de la clé de la nouvelle cité administrative, l’enseigne publicitaire ou était gravé en lettre d’or le nom du Guide Kadhafi à soudainement disparut et le jour même de la cérémonie ? Les Maliens sont soumis aux caprices de la seule volonté d’ATT. Et tout ceci, sous l’œil bienveillant si ce n’est qu’avec complaisance, de ceux à qui la presse accorde une autorité pour parler avec un minimum d’écoute dans le pays, les leaders politiques. Ils jouent aux abonnés absents par peur d’être critiqués. Les jeux de yoyo, de feintes, entre certains responsables politiques, tout cela sous l’œil vigilant du maître de cérémonie le peuple. Et nous passons pour demander : les gens se plaignent de quoi maintenant. ATT, sous le titre de Président de la République, ne veut pas et ne veux toujours pas d’une liste électorale fiable. Et cela, en son âme et conscience, il sait que nous disons la vérité et notre vérité. Mais dans sa ruse de toujours faire porter le chapeau aux autres, il a réussi, avec une facilité déconcertante, à faire des dupes les gens simples d’esprit, sur sa bonne foi. A présent, le fichier électoral de même que la CENI qui doit être des éléments de justice sont devenus la passion qui est un attribut des sottises pour le Mali. Le Président ATT, dans cette histoire de liste électoral et des reformes politiques en cours portera la lourde responsabilité quand à sa non réalisation et les autres, coupables de n’avoir pas eu une réaction d’honneur envers le Mali qu’il dit aimer tant. Quant à nos partenaires au développement, est-ce que dans leurs pays respectifs, le corps électoral peut être convoqué pour un vote sans qu’on ne sache d’avance le nombre des inscrits à ce vote ? La CENI qui devrait être installée ne l’est pas encore ? Et les démembrements sur lesquels la CENI se repose pour faire son travail sont dans quel état ? La plus grande habileté dans la vie est l’honnêteté, surtout une honnêteté morale, même en politique s’il vous plaît. Alors, avec quel repère certains parlent au nom du Mali ? L’ironie se lasse. Et pour l’avenir du Mali, du pays, il va falloir tout repenser. A cet effet, pour le Mali qui est au-dessus de nous tous, nous invitons le président de la république, les hommes politiques et les responsables de la société civile à faire preuve de courage pour refuser les divers diktats. Qu’ils sachent qu’il y a des moments dans l’existence d’un être humain où il faut savoir se mettre dans la gueule du loup, c’est la seule façon de voir clair. Les anciens présidents de la République que le Mali regarde avec angoisse, n’ont le droit, au regard de leur maturité, de l’expérience de leur savoir-faire et de leur autorité qui seront des atouts, ils n’ont pas le droit diront-nous de ne pas faire leur dernier devoir avec leur dernier souffle pour nous montrer le chemin. Il y a des moments où il faut savoir prendre des risques pour une bonne cause – et la bataille pour le respect du calendrier électoral en est une – au péril de sa vie. Avant de vous quitter, nous tenons à vous présenter nos excuses de la sincérité un peu vive avec laquelle nous nous sommes exprimés si, sait-on jamais, nous avons choqué.
Paul N’guessan