Sacrifiant à une tradition républicaine, les différentes composantes de la société civiles, les organisations religieuses et les familles fondatrices de Bamako ont présenté, la semaine dernière, leurs vœux de Nouvel An au Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta.
Cette présentation de vœux, qui intervient dans un contexte de retour progressif à la normalité dans notre pays, après une crise fratricide qui a longtemps menacé son existence, a été mise à profit par les intervenants pour féliciter non seulement le nouveau locataire de Koulouba pour son élection, mais aussi de saluer le vent de normalité qui souffle désormais sur notre pays, après la tenue sans anicroches des dernières élections législatives. Aussi, a-t-elle permis à ces intervenants de témoigner leur soutien indéfectible à certaines actions entreprises par les nouvelles autorités, comme dans le domaine de la lutte contre la corruption et la difficile réconciliation, sans laquelle il ne saurait y avoir d’actions de développement.
Première personnalité à sacrifier à ce principe républicain qui veut que le Chef de l’Etat reçoive des vœux pour la nouvelle année, le représentant des familles fondatrices de Bamako, Modibo Niaré. Il a commencé par féliciter le Président IBK pour sa brillante élection à la magistrature suprême. Tout en se réjouissant du bon déroulement des opérations électorales, Modibo Niaré a eu une pensée pour les victimes des récents évènements qui ont secoué le Mali.
«Les gens ont beaucoup souffert de ces événements. Nous nous devions de redresser le pays, à travers un retour définitif à l’ordre constitutionnel. Nous ne pouvions faire autrement. C’était pour nous tous un devoir de mémoire», a-t-il indiqué avant de formuler, au nom des familles fondatrices, ses vœux pour l’année 2014.
A la suite des familles fondatrices de Bamako, il revenait à l’Imam Mahmoud Dicko d’adresser, au nom de la communauté musulmane et au nom de l’institution qu’il dirige, le Haut Conseil Islamique du Mali, ses vœux au Président de la République. Dans son intervention, le porte-parole de la communauté musulmane du Mali a rappelé que notre pays est une nation soudée, au sein de laquelle il ne doit y avoir aucune idéologie séparatiste ni violence.
La paix, l’entente, la tolérance et la concorde sont des vertus sociétales sur lesquelles est fondée notre société, a souligné l’Imam Dicko. Comme lors de la dernière présentation de vœux, la question du Nord, qui préoccupe toujours, n’a pas été passé sous silence par le Président du Haut Conseil Islamique du Mali, qui a sur ce sujet appelé au dialogue.
«Si nous savons que le Mali est un et indivisible, nous devons nous mettre à table pour discuter. Ceux qui, à un moment donné, étaient égarés, sont aussi des Maliens. Nous devons aller vers le dialogue, pour qu’ensemble nous trouvions une solution définitive aux divergences. C’est en cela que le Mali parviendra à une paix durable» a déclaré Mahmoud Dicko. Le Président du HCI a aussi salué les initiatives prises par le Président de la République depuis son élection. La tenue des Assises sur la décentralisation et des Concertations nationales sur le Nord est un signe d’espoir pour la paix au Mali, a-t-il souligné.
Par ailleurs, El Hadj Mahmoud Dicko s’est félicité de l’initiative partenariale de notre pays avec le Royaume chérifien, dont l’un des actes majeurs est l’envoi récent de 500 Imams au Maroc, pour une formation de deux ans sur les principes de l’Islam. Il a souhaité que cette initiative favorise l’insertion des élèves coraniques dans la vie socioéconomique et a réitéré le soutien de la communauté musulmane au Président de la République dans la lutte contre la corruption dans notre pays.
L’archevêque Zerbo et l’AGEMPEM sur la même longueur d’onde que le HCI
Pour Mgr Jean Zerbo, archevêque de Bamako, l’Eglise voit deux structures, déjà mises en place au Mali, dont le bon fonctionnement devrait nous éduquer au respect de la justice et du droit. Il s’agit, selon lui, du Bureau du Vérificateur et de l’Espace d’Interpellation Démocratique. Elles devraient inculquer aux Maliens et Maliennes, la culture de la probité, de l’honnêteté, du respect des biens publics et privés, ainsi que l’amour de la justice et du droit.
Autres préoccupations de l’Eglise catholique: l’emploi des jeunes, le foncier, le dialogue et la réconciliation, la justice et la paix et le principe sacro-saint de la laïcité de l’Etat. Pour l’archevêque de Bamako, l’église catholique souhaite que le Président et son Gouvernement, ainsi que toutes les institutions du Mali, contribuent, à tous les niveaux, au respect et au développement d’une telle culture.
«Il nous faut continuer à vivre en paix, comme des frères et sœurs, des enfants de Dieu, dans l’acceptation de nos différences religieuses, ethniques, linguistiques, culturelles et sociales». Mgr Zerbo a réitéré l’engagement de son Eglise à poursuivre la promotion d’une telle culture, à travers toutes ses structures éducatives, les écoles et universités, ses services sociaux, le Centre Foi et Rencontre et l’Institut d’initiation au dialogue interreligieux de Bamako.
S’agissant de la difficile question du foncier, l’archevêque de Bamako a rappelé la nécessité d’une bonne gestion de notre patrimoine commun, la terre, et des différents espaces. Conscient que la lutte contre la corruption n’est pas au-delà de nos forces, et que la victoire peut être gagnée si la volonté politique y est, le Dr Youssouf Dembélé, Délégué Général de l’Association des Groupements d’Eglises et Missions Protestantes Evangéliques au MALI (AGEMPEM), a lui aussi promis au Président de la République, le soutien de la communauté protestante évangélique dans ses efforts visant à traduire les mots en actes, pour le bien de la Nation Malienne.
Pour Youssouf Dembélé, la situation du Nord en général et celle de Kidal en particulier préoccupe toujours. «Nous prions que Dieu vous accorde la sagesse de gérer ce problème, dans la dignité et dans le maintien de l’intégrité territoriale du Mali. Il faut savoir faire de la peine aux amis, aux partenaires, quand la vérité est en jeu» a-t-il dit. Concernant la situation de l’école et la nébuleuse question du foncier, le Dr Youssouf Dembélé a tout simplement déclaré: «le dysfonctionnement chronique de l’école malienne est une cause de profonde inquiétude pour l’Eglise. Elle formule le vœu qu’une thérapie de choc soit trouvée, en vue de la ressusciter l’école et de redonner espoir à notre jeunesse».
Il poursuivra : «l’AGEMPEM est particulièrement frustrée par l’anarchie, la cupidité et l’impunité qui prévalent dans la gestion du foncier au Mali. Elle se voit astreinte à un procès interminable pour le terrain qu’elle a dûment acquis pour construire son siège. D’autres membres de notre association connaissent les mêmes épreuves, comme l’Eglise Evangélique Protestante du Mali, avec sa parcelle BF de Fadjiguila Doumanzana, illégalement occupée au vu et su de tous par des gens qui jouissent d’une impunité totale. La parcelle AM de Faladiè Extension de l’Eglise Evangélique Protestante du Mali est aussi occupée par une association, malgré un procès défavorable».
La société civile déplore «l’effondrement» de l’Etat
Cette convergence de vues sur les grandes questions du moment fut aussi partagée par les organisations de la société civile. Représenté par son Président, Bouréïma Allaye Touré, le Conseil National de la Société Civile a souligné l’état d’effondrement dans lequel se trouve notre pays, malgré toutes les alertes et interpellations qu’il n’a cessé de signifier aux pouvoirs publics depuis 2007, d’une part, et la contribution des forces vives dans la sortie de crise, d’autre part.
Pour Bouréïma Allaye Touré, en confiant ses destinées, de manière très nette, à Ibrahim Boubacar Kéïta, le peuple attend de lui des actions concrètes et très significatives de son engagement à servir le Mali d’abord et à assurer aux Maliens la quiétude, par la libération totale et sécurisée du territoire national. Contre poids au pouvoir dirigeant, la société civile malienne a, selon son Président, joué un grand rôle dans la résolution de la crise qui a secoué notre pays.
Ainsi, elle a œuvré à la condamnation sans détour du coup d’Etat survenu le 22 mars 2012, en violation des dispositions de la Constitution et a eu une démarche énergique et soutenue pour l’annulation des concertations nationales, au regard des risques certains de déviance par rapport aux dispositions de la Constitution de février 1992, épargnant ainsi au Mali une nouvelle catastrophe
Les organisations de la société civile du Mali se sont aussi investies dans l’apaisement et le rétablissement de la quiétude sur l’ensemble du territoire national, particulièrement dans les grandes villes et à Bamako, face à l’insécurité grandissante et dans l’amélioration du climat social électoral, apaisé à travers la sensibilisation, la mobilisation citoyenne, le suivi de la préparation et l’observation soutenue des élections entre autres.
S’agissant de la santé, Boureïma Allaye Touré lancé l’appel de la société civile au Président IBK face aux contraintes et difficultés qui persistent dans ce secteur. Il s’agit principalement de la mortalité maternelle et infantile, qui reste l’une des plus élevées au monde; de la malnutrition chronique des enfants et des couches vulnérables; du coût élevé des produits pharmaceutiques et des soins et des faux médicaments qui pullulent sur nos marchés, dégradant la santé des citoyens maliens.
En recevant ces différents vœux, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta a réaffirmé son engagement à traduire en actes les promesses faites au peuple malien durant sa campagne. S’adressant aux familles fondatrices, le chef de l’Etat a promis de mériter la confiance du peuple malien: «tous les actes que nous poserons seront motivés par cette volonté d’assurer le bien-être du peuple malien» a-t-il dit.
Réagissant aux propos de Mahmoud Dicko, de Mgr Zerbo et du Dr Youssouf Dembélé, IBK les a assurés de la démarche qu’il entend adopter pour lutter contre l’impunité et la corruption. Mais, cette lutte, le Président Kéita tient à la mener dans le plus grand respect des droits de la défense. «Nous n’avons aucun sentiment de rancœur contre qui que ce soi. La lutte que nous mènerons contre la corruption se fera sans règlements de comptes. Mais il faut que la justice soit. Nous combattrons l’impunité de toutes nos forces».
IBK martèlera que tous les dossiers relatifs au foncier seront décortiqués à l’aune de la justice et avec toute la rigueur qui se doit. Pour conclure, il a sollicité l’accompagnement de ses interlocuteurs, avant de formuler, à son tour, ses vœux de Nouvel An.
Yaya Samaké
Je ne vois pas ce que les familles fondatrices de Bamako ont de plus que les familles qui ont fondé HAMDALLAHI, SEGOU, TOMBUCTOU, GAO ou TESSALIT.
Bamako est aujourd’hui la capitale du Mali parce que les maliens le veulent ainsi; elle est bâtie par l’argent de tous les contribuables maliens et même par ceux qui ne sont pas encore nés car ils vont devoir payer la dette contractée en leur nom. Je ne vois donc aucune raison de d’inviter les familles de BKO sans inviter les familles fondatrices de toutes les villes, de tous les villages et tous les hameaux du Mali.
Lisez et relisez la constitution, monsieur le Président! le Mali n’est pas une féodalité héréditaire.
continuez avec vos plaisenterie la limite entre le jitumu et beledougou c,est le fleuve joliba…….bamako n,existait pas…suivez mon regart….
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