Avant et après la visite de Macron, beaucoup d’infos ont circulé sur le net. Au-delà des détails, IBK ne devrait pas aller accueillir Macron à Gao, ou la présence du drapeau malien dans les cérémonies, ou encore le tapis rouge. Il y a eu des choses encore pires à Gao. Toute la visite de Macron s’est passée dans le Camp de la force Barkhane à Gao : l’atterrissage et le décollage de son avion. À part le survol de la ville qu’il a fait dans un hélico. Selon le protocole français, c’était un déplacement militaire ; le président français ne voulait aucune commodité. Il a voulu que le cadre du camp reste en son état sans changement, pas de tapis rouge. Lors de la conférence de presse, la presse avait droit à deux questions. Une a été posée par une journaliste malienne, Traoré Anane Keita, la femme de feu Chouaïdou Traoré de Nouvel Horizon, et l’autre par une journaliste française. Les deux questions ont été adressées à Macron. Pour rappel, la Force Barkhane est basée au Tchad, avec des bases au Mali, Niger, Burkina Faso ; elle compte 4000 hommes dans ses rangs, 3 drones, 7 avions de chasse, 17 hélicoptères dont 10 au Mali, 6 à 10 avions de transport, 4 Cassar, 300 véhicules logistiques et 300 véhicules blindés dont certains sont à Gao. C’est la plus importante base des forces françaises engagées à l’extérieur.
Grâce à la France
C’est grâce à la présence de nos confrères français que la présidence de la République a pris des dispositions pour convier des journalistes maliens à Gao. Sans quoi les deux chefs d’Etat allaient faire leur conférence de presse devant la presse française seule. Ils étaient une trentaine de confrères français qui ont effectué le voyage avec Macron. Ils ont eu droit à une conférence avec leur président devant la presse malienne, et seuls les journalistes français ont posé des questions. Cette conférence de presse bilan était différente de celle conjointement animée par IBK et Macron. C’est après cette conférence de presse que le président Macron a quitté Gao. Le président IBK devrait faire le même exercice au niveau du camp des Forces armées maliennes avant son départ. Mais le président malien s’est enfermé avec l’ORTM, seul, pour une interview. Son service de communication nous a fait savoir que le président a souhaité s’exprimer sur l’ORTM. En tout cas, ça a été la fausse note de cette mission et ça prouve que le président n’a pas besoin des autres médias. Si ce n’était pas la France, la presse malienne n’allait pas faire ce voyage.
Macron contre Iyad
Au terme de sa visite, avant de rentrer à Paris, le président français a animé une conférence de presse réservée à la presse française, même si des journalistes maliens y ont assisté. C’est au cours de cette conférence de presse que notre confrère Christophe Boisbouvier de RFI a fait savoir que l’Algérie protège le terroriste Iyad Ag Ghali. Et Macron de répondre : «Rien ne me permet de confirmer ce que vous venez de dire. Mais, par contre, je peux prendre ici deux engagements : le premier ce que hier j’ai eu au téléphone le président Bouteflika avant de survoler l’Algérie, de me rendre sur le sol malien par courtoisie. Après le message de félicitations qu’il m’avait envoyé, je lui ai fait part de ma détermination sur ce sujet, de mon souhait d’en parler avec l’Algérie de manière très franche. Le deuxième, c’est-à-dire partout où nous sommes en situation d’agir, nous agirons avec une détermination accrue, ni plus ni moins». Autrement, l’Algérie doit faire des efforts. Petite lecture du politiste : la France a besoin de l’Algérie, le Mali a besoin de l’Algérie. L’Algérie ne veut pas d’une base militaire française à sa porte (Mali) ; le terrorisme au Mali peut servir à implanter cette base. Alors, la fin du terrorisme justifiant la base arrange qui ? Suivez mon regard… L’Algérie regrettera un jour sa danse hésitante envers le Mali malgré ses discours pour nous rassurer.
Gao a faim
La délégation du président IBK a déjeuné au gouvernorat de Gao. Le président, les trois ministres Tiena Coulibaly, Tieman Coulibaly et Abdoulaye Diop, et certains membres de la présidence ont mangé d’un côté ; la presse et les maires venus des contrées étaient dans une autre salle. C’est dans cette salle, où se trouvait la presse, que les gens ont du mal à avoir à manger. Certains confrères ont bandé leurs muscles pour avoir des plats. Cela parce que les serveurs se sont servis d’abord avant les invités. En plus de bien manger, ils ont aussi rempli leurs sachets noirs de riz et de viande. Certains nous ont même remerciés parce que cela faisait trois jours qu’ils n’avaient rien mangé. Les Forces armées maliennes, qui ont donné le reste du repas à certains jeunes bloqués à la porte, ont eu droit à des remerciements. Après le départ de la délégation, certains sont venus constater par eux-mêmes s’il ne restait pas encore à manger. Pendant que d’autres quémandaient des personnalités pour avoir de quoi manger.
Pourquoi le Mali ?
Il serait protocolairement logique que le nouveau président de la République française, et Sylvie Goulard, nommée ministre des Armées, aillent saluer le Général de division Xavier de Woillemont, qui commande la Force Barkhane, basée à N’Djamena, au Tchad. Mais la rencontre avec le président tchadien Idriss Deby serait alors inévitable, ce qui exposerait E. Macron à certaines critiques… Pendant la campagne, Marine Lepen était passée par le Tchad, elle avait même été reçue en audience par le président Deby. Donc, s’envoler pour le Mali, rencontrer le président Ibrahim Boubacar Keita avant de se rendre à Gao, où se trouve le millier de militaires français de la “plateforme opérationnelle-désert” de Barkhane, serait plus “tranquille”, et surtout hautement symbolique. En effet, l’opération Serval, dont est issue Barkhane, a été lancée en janvier 2013 par François Hollande pour «aider les Forces Armées Maliennes à arrêter la progression des groupes terroristes et à les repousser tout en assurant la sécurité des populations civiles ; aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale et sa souveraineté ;» etc. De toutes les façons, il faut regarder la vérité en face, et ce n’est pas une analyse nouvelle. Comment peut-on espérer au Mali que Barkhane stoppe le terrorisme, alors que, quels que soient les plans sécuritaires mis en place, l’Etat français et les autres Etats européens n’arriveront pas à prévoir ou empêcher les attaques sur leur propre territoire ?
Pour les soldats français
Cette visite au Mali est avant le respect d’une promesse de campagne. C’est pour cela que le président Macron est arrivé au Mali pour son premier déplacement militaire. C’est à Gao qu’il a été accueilli par son homologue malien. Les deux hommes ont un entretien puis animé une conférence de presse qui a porté uniquement sur la lutte contre le terrorisme dans le Sahel et plus particulièrement au Mali. Le président français a assuré que la France continuera ses efforts militaires au Mali, et aidera le Mali dans le cadre de l’application de l’accord d’Alger 2015. Le nouveau président français a renouvelé l’engagement de la France aux côtés du Mali, mais dans le strict respect de l’accord issu du processus d’Alger en 2015. Sur la situation de la région de Kidal, qui échappe au contrôle des autorités maliennes, la France restera dans le cadre de la Minusma. Après la conférence de presse conjointe, Macron a visité l’unité Barkhane avant un briefing à huis clos avec les commandants des forces Barkhane et Sabre (forces spéciales). Le président français a volé en hélicoptère pendant environ un quart d’heure au-dessus de la ville de Gao et de la boucle du fleuve Niger, pour voir les conditions tactiques de combat, à basse altitude. Ensuite, Emmanuel Macron a déjeuné au milieu des soldats avec lesquels il a échangé. Dans l’après-midi, il a visité une antenne chirurgicale… Toutes les activités se sont déroulées au camp Barkhane.
Ce qu’il faut retenir
Faut-il rappeler que c’est une visite à des forces françaises engagées dans la lutte contre le terrorisme et que rien n’oblige, lors d’une visite qui n’est ni une visite de travail, ni à fortiori une visite d’Etat, d’aller dans la capitale. Les autorités des deux pays sont tombées d’accord sur cette formule. Pourquoi chercher encore la petite bête ?En arrivant à Gao pour cette visite historique, le nouveau président français, Emmanuel Macron, après avoir échangé avec les troupes françaises, européennes, la Minusma et les autorités maliennes, a décidé de fixer trois priorités pour le Mali, à atteindre très rapidement. On peut retenir entre autres la libération totale des régions du Nord du Mali, y compris Kidal, par un engagement ferme contre les groupes terroristes et le banditisme ; l’accélération de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation signé il y a deux ans ; la finalisation rapide des forces du G5 Sahel, force qui sera composée de 5.000 hommes pour combattre le banditisme et l’insécurité dans la zone sahélienne. En guise de bonne foi, Macron a demandé à IBK de vite finaliser les projets et de l’inviter à Bamako pour une rencontre d’opérationnalisation de la force du G5.
Les optimistes
Pour certains Maliens, avec cette visite et à ce rythme, les choses vont vite changer et le Mali sortira enfin d’une prise d’otage de la France qui ne dit pas son nom. Le Mali a toutes les chances de retrouver la paix si la nouvelle France d’Emmanuel Macron levait l’embargo sur les armes imposé au Mali. Car cet embargo empêche notre pays de se doter en armes efficaces de guerre, tels les hélicoptères et autres avions de combat. Les lois sur la programmation militaire et sur la sécurité, avec à la clé plusieurs centaines de milliards, pourront enfin donner des fruits avec l’acquisition future de nouvelles armes qui étaient bloquées depuis le début du mandat d’IBK. Emmanuel Macron semble être celui qui va couper les vivres aux rebelles du MNLA et de la CMA au profit d’un Mali en paix et d’un monde tranquille.
Didier Dakouo, désavoué !
Que s’est-il passé ? La question mérite d’être posée au vu du comportement de certains militaires à l’égard du général Didier Dakouo, qui, de surcroît, est actuellement le chef d’état-major général des armées maliennes. Certainement que beaucoup d’eau a coulé sous le pont Wabaria de Gao. Des soldats aux hauts gradés en passant par les sous-officiers, lors de la visite de Macron, les soldats passaient devant le général Didier Dakouo sans le saluer. Certains sont même montés sur ses pieds sans savoir que c’était leur chef. D’autres l’ont fait sciemment. Il connaît les réalités du terrain ; il sait combien les soldats souffrent sur le terrain. Mais, pour certains, il ne fait rien pour l’amélioration des conditions des soldats ; il ne les rend visite quand il y a le ministre ou le président. Tout le contraire des discours qu’il tenait quand il évoluait avec eux sur le terrain. Aujourd’hui, certains hommes au front n’ont aucun respect pour le général Didier Dakouo. Pourtant, il était leur chouchou et les hommes lui faisaient entièrement confiance. Son silence face à certaines dérives au sein de l’armée n’est pas apprécié, et les soldats ne le lui ont pas caché le vendredi 19 mai à Gao. Mon général, vous avez le temps de rectifier le tir.
Un abattoir moderne à Kidal
Un projet de construction d’un abattoir moderne d’une valeur de 50 millions a été lancé le 11 mai à Kidal. L’évènement a eu lieu sur un site situé à un kilomètre de la ville, en présence des autorités administratives et des représentants des éleveurs et des bouchers. D’une durée de trois mois, ce projet a pour objectif de doter la population de la ville de Kidal d’un abattoir moderne, répondant aux normes d’hygiène en vigueur. De plus, le site servira aussi de cadre de concertation entre les différents éleveurs provenant de localités (Kidal et Ménaka) et de cultures différentes. «Á ce jour, les abattages se font à ciel ouvert dans des conditions d’hygiène et de sécurité sanitaire délétères. Alors, la construction de l’abattoir moderne est une chance extraordinaire pour la population de Kidal, car, il aura une incidence positive sur la santé des consommateurs et la qualité de la viande fournie», s’est réjoui Oufene Ag Mohamed, le vice-président de la coordination de la ville de Kidal, lors de son allocution. Ce projet financé par la Minusma, à travers sa section SSR-DDR, s’inscrit dans le cadre de la Réduction de la Violence Communautaire (RVC), au profit de la population de Kidal. À son achèvement, il permettra à la population de consommer de la viande saine. Lors de son discours, le chef de bureau de la Minusma à Kidal, Christophe Sivilllon, a souligné le côté social de ce projet tout en remerciant les autorités administratives et locales : «ce projet va faciliter quotidiennement l’échange mutuel entre les différents groupes pour renforcer la cohésion sociale au sein des éleveurs des différentes communautés». Une pose de pierre symbolique du démarrage du projet, qui va aussi créer des emplois aux jeunes désœuvrés de Kidal, a été organisée pour clôturer la cérémonie.
La seule arme qui vaille c est le développement.Il suffit pas d avoir de l argent pour avoir des armes.les lois de programmation vont juste aux elites politiques de s enrichir
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