La signature de ces accords, qui portent sur différents secteurs, notamment l’élevage, les infrastructures ou encore la formation professionnelle, est intervenue au terme d’une réunion plénière, élargie aux deux délégations et coprésidée par le Premier Soumeylou Boubeye Maiga et son hôte marocain, le Dr Saad Dine El Otmani.
Dans une courte déclaration à la presse, à la fin de cette séance de travail et de signatures, M. Maiga a engagé la coopération entre nos deux pays à poursuivre ces échanges, dans un premier temps par le biais des deux ministres des Affaires étrangères du Mali et du Royaume du Maroc.
Les chefs de la diplomatie “vont voir dans quelle mesure nous pourrons avoir un cadre de dialogue stratégique” face à des défis communs qui nécessitent une concertation et une consultation permanentes. Il s’agira, aussi, de pousser la coordination et la concertation dans les instances internationales pour développer les convergences, chaque fois que cela s’impose, sur l’ensemble des questions abordées lors de cette visite et de ces échanges entre les deux parties.
“Pour sa part, le gouvernement du Mali est disponible et s’engage à aller le plus loin possible dans le développement de ces relations, avec la détermination du président Ibrahim Boubacar Keita”, a déclaré le chef du gouvernement malien.
Il a exprimé la claire conscience que Rabat et Bamako entament ainsi une nouvelle étape dans leurs relations et qu’il n’y a “pas de limite aux convergences et au développement des relations» entre les deux pays. Selon lui, la composition de la délégation malienne est assez indicative des questions discutées (Défense, Affaires étrangères, Economie et Finances, Transports, Elevage, Formation professionnelle”. Il s’agit de “donner un nouvel élan à nos relations bilatérales qui avaient déjà connu un moment d’intensité en 2013-2014, quand sa Majesté le Roi Mohammed VI avait participé à l’investiture du président Ibrahim Boubacar Keita et avait effectué aussi, au Mali, une visite d’Etat à la suite de laquelle nos échanges économiques, notamment, ont connu un certain développement, de même qu’il y a eu des investissements dans le domaine social au Mali”.
“Nous nous sommes parlé comme le font des amis et des frères, c’est-à-dire de manière très franche, très approfondie sur l’ensemble de ces questions, y compris la question nationale qui est importante dans chacun de nos pays, la question de la sécurité régionale et pour conclure sur la nécessité qu’il y a à développer davantage nos relations économiques pour qu’elles soient au niveau de nos relations séculaires et, surtout, qu’elles soient à la hauteur des échanges importants entre les acteurs économiques et sociaux de part et d’autre dans nos pays”, a déclaré M. Maiga.
Et le Premier ministre de poursuivre sur l’ancrage des relations entre les pays dans l’histoire. “C’est cette profondeur qui fait qu’elles (ces relations) n’ont jamais été altérées même si, par ailleurs, nous estimons qu’elles devraient être à la hauteur de l’amitié et de l’estime réciproques entre nos deux peuples et nos deux chefs d’Etat”.
L’évocation de l’histoire et de l’enracinement séculaire des liens maroco-maliens ne fut jamais absente des interventions des deux chefs de gouvernement. Le Dr Otmani en a fait autant, en déclarant que la visite de son homologue malien honore ces relations très anciennes. “Je suis sûr que votre visite au Maroc, donnera un nouvel élan à nos relations bilatérales. Nous sommes là pour améliorer nos échanges tant sur le plan scientifique, commercial qu’économique et à tous les niveaux”, a dit le chef du gouvernement du Royaume chérifien.
Auparavant, dans un discours liminaire, à l’entame de la réunion de travail, il avait exprimé l’attachement du Maroc à la coopération Sud-Sud et l’engagement du Royaume à ne pas faire économie de ses efforts “pour accompagner le Mali, pays frère et voisin, dans les secteurs socio-économiques qu’il estimera prioritaires, dans un environnement jouissant de la stabilité, de la sécurité et de la paix”.
Au-delà des réalisations faites à la faveur des accords signés à l’occasion de la visite du Roi Mohammed VI au Mali, en février 2014, le Dr Otmani s’est réjoui du renforcement de la coopération entre le Mali et le Royaume du Maroc, avec la signature de ces six nouveaux accords. “C’est en vertu de cette riche et inaliénable tradition de coopération avec les Etats frères subsahariens que le Maroc entend remplir activement sa part de responsabilité historique. N’est-il pas l’un des premiers Etats, avec le Mali, initiateurs de l’intégration africaine ?”, a dit Saad Dine El Otmani.
Le ton était sensiblement le même lors des échanges entre le Premier ministre Maiga et le président de la Chambre des représentants, M. Habib El Maliki, qui a déclaré que cette visite s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations bilatérales qui revêtent une dimension historique. “Cette épaisseur historique caractérise nos relations et explique la grande qualité qui a été toujours une constance dans le mode de gestion de nos relations bilatérales, depuis des décennies”. Le Maroc ne peut que faire le maximum pour consolider la stabilité du Mali, a asuré M. El Maliki avant d’ajouter que “tout ce qui touche la sécurité et la stabilité du Mali, touche le Maroc” dont l’appui à notre pays est acquis.
Le terrorisme qui s’est “mondialisé dans sa remise en cause des valeurs qui fondent les Nations unies et auxquelles le Maroc est attaché”, la question migratoire dont une nouvelle politique est adoptée par le Royaume qui, de pays de transit, est en passe de devenir un pays d’accueil pour “des compatriotes africains” en quête de mieux-être, les changements climatiques dont l’installation dans l’agenda international a bénéficié du rôle prépondérant du Maroc et de sa diplomatie… Voici les grands axes de l’intervention du président de la Chambre des représentants marocains.
En retour, Soumeylou Boubeye Maiga a apprécié les propos de haute teneur de son hôte à l’endroit du Mali, de sa délégation et des relations entre les deux pays, ajoutant que les valeurs de tolérance, de diversité, de religiosité, d’islam et d’arabité que nos deux pays défendent sont aujourd’hui les cibles de la menace terroriste. En face, “devant la dimension transnationale de cette menace, nous devons mettre la coopération au cœur de notre réponse…”, a répondu M. Maïga. Il a ajouté que la dimension historique commande des relations plus intenses, à un niveau plus élevé avec plus de densité et de profondeur. Selon lui, ”nous pourrons apprendre mutuellement les uns des autres dans tous les secteurs”, qui ont fait l’objet des discussions entre les deux parties. Et de souligner le rôle important du Maroc dans la question de la stabilité et de la sécurité “dans le vaste espace sahélien, devenu un enjeu stratégique”.
Le Premier ministre malien s’est réjoui “du retour du Maroc au sein de sa famille africaine qu’il n’aurait jamais dû quitter”, faisant allusion à la réadmission du Royaume au sein de l’Union africaine (UA). Et Habib El Maliki de signaler que, par exemple, l’adhésion du Maroc à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) “est une option stratégique et non de conjoncture et de circonstances” parce que les regroupements régionaux africains sont la voie privilégiée pour renforcer l’Afrique et son influence mondiale.
Plus tôt, dans la matinée, Soumeylou Boubèye Maiga s’était recueilli sur les tombes de feu Sa Majesté Mohammed V et de feu Sa Majesté Hassan II, dans l’imposant Mausolée érigé à la mémoire de ces deux illustres personnalités royales du Maroc contemporain. M. Maiga a laissé des mots dans le Livre d’Or de ce lieu de mémoire de tout un peuple.
Envoyé spécial
Moussa Diarra