Sevaré, Tombouctou, Bamako, le Président français François Hollande en compagnie de son homologue malien s’est rendu dans des régions maliennes récemment occupées et qui sont en cours de libération. Il a été salué à Tombouctou par toute la population et à Bamako sur la place de l’indépendance par une foule nombreuse pour lui témoigner de la reconnaissance de la patrie libérée. Lui qui a pris la responsabilité d’engager l’armée française dans une guerre au Mali. Mais quelle guerre ? Il s’agit d’une guerre contre la négation des grandes libertés et des droits fondamentaux de l’Homme, contre le terrorisme.
Au cours du point de presse qu’il a animé à la résidence de France, le Président français a d’abord précisé l’objet de sa visite : dire son soutien aux soldats français, à l’action qu’ils mènent depuis trois semaines au péril de leur vie. A cet effet, la mémoire de Damien Boiteux restera à jamais gravée dans les mémoires du peuple maliens et du peuple français, a –t-il souligné. Il est venu également pour saluer l’action des Africains, les Maliens engagés dans la guerre contre le terrorisme, mais aussi les forces de la MISMA qui doivent occuper les villes libérées.
Selon lui la guerre n’est pas terminée, l’action va être poursuivie jusqu’à la libération complète des territoires occupés. « Nous serons aux côtés des Maliens, des Africains y compris au nord du nord Mali pour chasser les groupes terroristes», a –t-il insisté. Il souhaitait également avoir une « discussion amicale » avec le Président Traoré. Tout n’est-il pas parti de la demande de ce dernier pour une mobilisation de la communauté internationale et de la France pour aider le Mali à se libérer de l’invasion.
François Hollande a souligné la responsabilité actuelle des Maliens à engager le processus politique. A cet effet, la feuille de route qui a été adoptée par l’Assemblée nationale le mardi dernier (29 janvier) doit conduire à des élections au mois de juillet et à une réconciliation nationale, selon Hollande.
Concernant les groupes armés indexés pour les exactions commises, l’hôte du Mali s’est voulu réservé sur la question. « Il ne m’appartient pas de dire avec quelle force les Maliens doivent discuter. Ce que je sais, ceux qui portent des armes doivent les déposer et ceux qui utilisent les armes contre les Maliens, à fortiori contre nous, seront combattus et vaincus », a poursuivi François Hollande.
Pour lui enfin, c’est au Mali que les otages sont détenus et il a lancé un message à ceux qui les détiennent, « il est encore temps de les libérer », a-t-il déclaré, car il ferait tout pour qu’il en soit ainsi. Le Président français qui a rencontré il y a quelques jours les parents des otages, avec son ministre des Affaires étrangères, s’est engagé à tout mettre en œuvre pour qu’ils recouvrent la liberté. La France n’a pas vocation à rester au Mali, selon le Président Hollande. Les forces françaises au Mali, 3 500 hommes vont être progressivement remplacées par celles de la MISMA qui aura un appui logistique pour lui permettre de sécuriser l’ensemble du Mali.
« Il y a une phase qui s’engage dès aujourd’hui qui est la phase de l’aide au développement. Ici les ministres sont présents de manière à ce que d’abord l’aide internationale 500 millions d’euros pour le financement de la MISMA et un certain nombre d’actions, puisse être pleinement utilisée ; l’aide européenne très importante qui doit être également mobilisée et puis l’aide française ».
Pour François Hollande, ceux qui se seraient conduits de manière atroces devront répondre devant les tribunaux (la justice malienne et la justice internationale – la Cour pénal internationale). En dehors, toute exaction sera utilisée pour déconsidérer l’action qui est menées, selon Hollande.
Le second message vise la démocratie malienne qui a longtemps été comptée comme un exemple, et dès lors, elle doit continuer à être cette référence. Pour cela, la France soutient pleinement la feuille de route, le processus électoral, l’esprit de concorde et de réconciliation qu’elle comporte. Derrière son intervention au Mali, la France ne vise aucun intérêt autre que « la défense des valeurs, des principes, pour un peuple ami », et aussi la lutte contre « les salafistes, la barbarie et le terrorisme », a souligné François Hollande.
En reconnaissance de la participation des Maliens à la guerre de libération en France, des moments qui été très éprouvant pour son histoire. « Des soldats maliens sous le drapeau français ont permis que l’honneur de la patrie, la mienne puisse être sauvé. C’est parce que je n’oublie pas ce que les Maliens ont fait pour la France, que nous avons pris la décision d’intervenir au côté du peuple malien dans l’épreuve qu’il traversait face au terrorisme », a déclaré Hollande.
Concernant le MNLA qui s’est rendu coupable d’actes criminels, l’hôte du Mali a indiqué qu’il n’a pas à juger tel ou tel mouvement. « Je sais que la démocratie ne se fait qu’avec des partis politiques organisés et avec des forces qui renoncent nécessairement à l’utilisation des armes. Il y a certes cet esprit de revanche, mais il y a aussi l’esprit de concorde. C’est dans un processus politique où toutes les composantes doivent être à leur place, mais des composantes qui acceptent la démocratie et l’unité territoriale du Mali, c’est ça le point le plus important et c’est ce qui a justifié aussi notre intervention. Parce qu’à un moment ce qui était en cause c’était la séparation, et de la séparation on était arrivé à l’annexion, à l’invasion. Ce qui était en cause à travers la colonne de terroristes au nord de Bamako, c’était bien le basculement du Mali tout entier dans le fondamentalisme et dans la visée terroriste ». Pour Hollande si la France intervient avec les Africains et avec le soutien des Européens ce n’est pas simplement pour le Mali, mais pour toute l’Afrique de l’Ouest qui était menacée par cette opération. C’est ce qui explique l’accueil reçu de tous les pays de l’Afrique de l’Ouest qui doivent à travers la MISMA prendre leur responsabilité en fraternité avec les Maliens, selon Hollande.
B. Daou