La crise multidimensionnelle dont les conséquences perdurent toujours, avait fait prendre conscience à l’ensemble des maliens, de la nécessité d’une remise en question profonde de l’appareil étatique nationale. Mais, après le recouvrement de l’intégrité territoriale et l’organisation des scrutins législatives et présidentielle, cette prise de conscience s’essouffle.
Le modèle de démocratie consensuelle, l’économie nationale émergeante et la stabilité politico-sécuritaire n’étaient que de la poudre aux yeux. Après le coup d’Etat du 22 mars 2012, l’exemplarité de la gouvernance à la malienne s‘est effondrée comme un château de sable. Lors de l’occupation des 2/3 de notre territoire nationale, nous avons découvert que l’Armée nationale, jadis fièreté nationale numéro 1, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Ebahis, les maliens ont découvert l’énorme mise en scène soigneusement écrite par le régime en place. Cette cascade de déception a causé un électrochoc au sein de la population.
Avant la présidentielle, un seul mot se trouvait sur toutes les lèvres : le changement. Seule conduite qui peut faire sortir le Mali de l’ornière. Résultat immédiat, une mobilisation sans précédent pour l’élection présidentielle avec à la clé un presque plébiscite pour le candidat Ibrahim Boubacar Keita, présenté alors comme l’homme providentielle. Après un péril qui menaçait jusqu’à l’existence même de notre nation, coup sur coup, notre pays a recouvert son intégrité territoriale et a relevé le défi des élections présidentielle et législatives. Les indicateurs repassent au vert. Le Mali revit !
Mais, à présent, que reste-t-il de cette prise de conscience ?
Plus grand-chose. Elle s’essouffle inexorablement. Principale coupable, la classe politique qui n’a pas tiré les leçons de la crise. Pire encore, elle est retombée dans ses travers.
Sous le régime ATT, le président de la République était le seul maître à bord. Toutes les décisions qu’il prenait étaient bonnes. Il n’y avait point de critique à son encontre. La fameuse démocratie consensuelle tournait à plein régime. Tout le monde était satisfait, même les rebelles. Iyad Ag Ghaly, un des principaux chefs terroristes du Nord a plusieurs fois bénéficié des largesses du président ATT. Le jihadiste a été nommé Consul Général du Mali, à Djeddah, en Arabie Saoudite. Son mandat y fut très court. Les autorités locales, après avoir découvert des activités suspectes entre lui et des groupes terroristes de la région lui ont donné un délai de 24 heures pour qu’il quitte les lieux. A son retour au pays, il a continué à bénéficier du soutien occulte du président ATT. En janvier 2013, il est celui qui a été à la base de l’offensive jihadiste lancée vers le reste du pays. Quand on sait qu’il y avait des connivences entre celui-ci et le président ATT…
Le même scénario est, entrain de se reproduire. Après les législatives, presque l’ensemble de la classe politique malienne s’est alignée derrière le président IBK. Les Maliens espéraient ardemment l’émergence d’une forte opposition avec à la clé une cohabitation, la première dans l’histoire du Mali. Hélas, une fois encore, les politiques maliens ont déçu. L’opposition parlementaire existe, certes, mais elle n’est pas assez forte (seulement 21 députés sur 147). De plus, le président IBK comme son prédécesseur, est le maître incontesté, incontestable du «bateau Mali».
En réalité, notre pays est toujours sous l’application de la démocratie dite consensuelle. Le changement tant espéré n’a pas lieu. Il s’agit de celui qui incombait à la classe politique malienne, celui qui est le plus important.
Mais, d’un autre côté, le conformisme du peuple malien doit également être dénoncé. Le changement n’incombe pas, seulement, à la classe dirigeante politique. Il incombe aussi et surtout à la masse populaire. Certes, le sommet doit donner l’exemple à suivre. Mais, il ya des moments où le doit peuple prendre ses responsabilités et mettre la pression sur les autorités pour que soit fait ce qui doit être fait.
Après plus de vingt ans d’exercice démocratique, force est de reconnaitre que les maliens, manquent de culture démocratique. Actuellement, les maliens assistent, résignés, à la perpétration de ce qui a déjà eu lieu. Une très grande erreur car, à un autre péril, le Mali ne survivra pas.
La flamme de l’éveil de la conscience doit rester allumée. Aucune grande Nation ne s’est construite dans la facilité. L’impulsion du changement, tant souhaité, doit certainement venir du haut. Mais, à défaut, l’instrument démocratique est une arme que tout citoyen peut brandir.
Ahmed M. Thiam
Merci Ahmed M. Thiam.C’est ce que nous avons toujours soutenu ici: les politiques maliens (dans leur majorité) sont des grands opportunistes qui n’ont aucune conviction politique.Ce qui les guide c’est uniquement les postes “juteux” ou ministériels….Voilà pourquoi la dernière solution reste le Dr MARIKO et ses camarades de lutte.Au moins lui MARIKO a une conviction derrière laquelle il se bat.Je suis d’accord avec toi quand tu écris:”…que les maliens, manquent de culture démocratique…”!La preuve lui Dr MARIKO et ses supporters sont incendiés voire insultés ici même sur MWB à cause de leur opinion. 😉
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