Afin d’éviter un vide constitutionnel aux conséquences désastreuses et dramatiques, les autorités maliennes ont organisé des élections à la tête du client. Se sont retrouvés au sprint final, deux farouches adversaires camarades IBK et Soumi. Du coup, il fallait s’attendre à une crise postélectorale. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui mettant notre pays entre stabilité et déstabilisation.
Le peuple malien retient son souffle, malgré la proclamation des résultats finaux de la présidentielle de 2018 et la prestation de serment de celui désigné par l’Administration Territoriale. Et confirmé par la suite par la Cour Constitutionnelle.
Après un 1er tour contesté par la majorité des 24 candidats, il fallait s’attendre à un vrai fiasco au second tour. N’étant pas parvenu à accorder leur violon pour une décision salutaire, les contestataires se regardaient en des hommes sans foi. Finalement, face à IBK désigné 1er, il fallait quelqu’un. Ainsi, dans leur notation absurde, celui qui arrivait en 2ème position s’appelle Soumaïla Cissé alias Soumi champion. Auréolé d’une campagne propre et bénéficiant de nombreux soutiens, Soumi se jette dans la marre de la fraude, de la complaisance et de la jungle. S’estimant vainqueur avec plus de 51%, il lui est attribué une note d’à peu près 33% contre plus de 67% à celui qui est contesté partout, Ibrahim Boubacar Kéïta alias IBK. Voulant rester des démocrates et des républicains, les combattants de la lutte démocratique portent des plaintes auprès de la Cour Constitutionnelle. Mais, avant que celle-ci ne confirme les notes de l’Administration Territoriale, le Mali a été bafoué, humilié et mis sous l’éteignoir. Par le club des présidents sans vergogne de France et des clubs des présidents d’Afrique qui se soutiennent au détriment du peuple souverain. Parce qu’ils ont vite félicité IBK comme étant le président élu par le peuple. Comme pour dire que la souveraineté du Mali est jetée aux chiens errants. Presqu’alors contrainte, la Cour Constitutionnelle dirigée par Manassa Dagnoko n’avait plus le choix que d’entériner le choix de la France et ses états dérivés. Parce qu’il s’agit de mettre fin à la souveraineté du Mali afin de proclamer l’entité Azawad qui va regrouper Kidal, Tombouctou, Gao, Ménaka et Taoudéni.
Finalement, au sortir de ces joutes contestées, aux résultats contestés et non reconnus, la braise a couvé sous la cendre. Notre chère patrie se retrouve depuis entre stabilité et déstabilisation.
STABILITE
Pour sa stabilité, les tenants du pouvoir semblent dans une expectative découlant d’un compromis voire une compromission. Il s’agit de se mettre à plate-couture pour gérer le pays pendant les 5 ans à venir avec une Minusma aux ordres de la France. Moyennant l’application de l’accord d’Alger indiquant l’autonomisation de la zone de l’Azawad. Qui finalement va s’ériger en Etat indépendant comme l’exemple du Soudan du Sud. Une grande partie des hommes en uniforme ayant bénéficié des strapontins pour se mettre au service de la famille Kéïta-Maïga. Ceux censés se rebeller ont été mis en garde par la France et valets à se tenir autrement.
DESTABILISATION
En proclamant des résultats biaisés, le peuple dans son ensemble s’est senti trahi, volé, spolié. Alors, de l’intérieur du pays jusqu’à l’extérieur, les Maliens estiment qu’il faut se lever afin de préserver les acquis d’une lutte farouche ayant abouti à la démocratie, au multipartisme et à la liberté d’opinion et d’expression. Des acquis qui sont réellement menacés si l’on n’y prend pas garde. Du coup, depuis les résultats, des marches et meetings se succèdent à travers la République et à travers le monde. Ces agitations des Maliens qui se succèdent et qui drainent à chaque sortie plus de monde sont inquiétantes. Il faut le dire, sans risque de se tromper, que ces marches sont en train de faire perdre à l’Etat sa crédibilité, des économies et finalement, il y aura des réactions malencontreuses. Ce qui peut être fatal pour un régime aux abois.
Quoi qu’il en soit, personne au Mali ne veut des troubles aux conséquences incalculables. Pour un pays presqu’à genou depuis le putsch de mars 2012 et dont les 5 ans (2013 à 2018) en a rajouté. Alors, il reste aux acteurs politiques de se remettre en cause pour nous éviter le chaos.
Boubacar DABO