Vers la formation du nouveau Gouvernement : Les défis du Premier ministre Diango Cissoko

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Réputé discret, conciliant et ayant une dense expérience politique, le nouveau Premier ministre aura pour tâche première de rassurer la classe politique, l’ex-junte et le peuple malien sur sa capacité à réussir là où Cheick Modibo Diarra a honteusement échoué : libérer le Nord et organiser des élections propres dans quelques mois.

 

Django Cissoko

Au sortir du coup d’Etat du 22 mars 2012, suivi du retour à  un ordre constitutionnel fragile, le Mali devait trouver un Premier ministre pour établir un équilibre entre le clan des putschistes et la mouvance du refus du putsch.

Cet oiseau rare n’a malheureusement pas été l’ex-chef du gouvernement, Dr Cheick Modibo Diarra. Il vient de partir sur la pointe des pieds par la toute petite porte avec un grand ouf de soulagement pour tout un peuple.  Les circonstances du départ de l’astrophysicien, qui a tiré un léger profit d’une grosse erreur de casting, mettent davantage de pression sur son successeur.

On pourra tout reprocher à Diango Cissoko, mais nul ne saura évoquer une moindre immaturité politique chez ce natif de Kita âgé aujourd’hui de 63 ans. Il a passé au moins 30 ans dans la haute administration où il a côtoyé divers milieux politiques du pays. Ce grand commis de l’Etat a l’avantage d’avoir su être à l’écoute  et surtout collaborer avec différents courants de pensée politique qui ont jalonné l’histoire du Mali depuis l’indépendance. Son récent manteau de Médiateur de la République lui a d’ailleurs permis de  s’ouvrir encore aux sollicitations d’un peuple meurtri, d’une armée traumatisée, d’une classe politique divisée. Le nouveau Premier ministre doit d’abord chercher à rassurer les acteurs politiques sur sa neutralité vis-à-vis des états-majors. Le fait que son prédécesseur est le chef d’une formation politique, le RpDM, membre d’un regroupement politique, la CSM, a pesé dans ses dérives. L’ambition de ce potentiel candidat à l’élection présidentielle  n’a pas du tout arrangé les choses pour lui. Diango Cissoko est, lui, a priori, à mille lieues de tout calcul électoraliste. Ayant servi sous les régimes UDPM, Adéma-PASJ et sous l’indépendant ATT, Diango Cissoko devra renforcer son capital confiance tant auprès de l’ex-junte qu’aux yeux du président intérimaire.

Celui-ci aura  aussi pour souci de voir en son nouveau Premier ministre, non le frondeur invétéré qu’à été Cheick Modibo Diarra, mais le collaborateur loyal avec lequel il voudra nouer quasiment des relations de complicité au sommet de l’Etat. Dans ce sens, ce sera une complicité à trois têtes entre le chef de l’Etat, le PM et le chef de l’ex-junte, non moins président du comité militaire de la réforme des forces armées et de sécurité.

Ce rôle du Premier ministre doit lui permettre de fédérer les énergies entre pro et anti-putschistes pour un meilleur climat de compréhension et la stabilité de la transition. Les tempéraments de conciliateur et de discrétion, doublés d’une grande intelligence et d’une capacité d’écoute extraordinaire chez le désormais ex-Médiateur de la République lui permettront de réussir là où le colosse ségovien à échoué.

Par ailleurs, après avoir instauré la confiance dans la sphère politique, Diango doit, à travers des actes de haute portée, montrer que l’ère Cheick Modibo Diarra est une triste expérience à oublier rapidement. Cette phase sera entamée après la formation du nouveau gouvernement, annoncée pour cette semaine. Une équipe gouvernementale qui, n’aura visiblement, pas besoin de grands chamboulements pour ne pas  reprendre presque à zéro.

Les dossiers sensibles comme la dotation des militaires en moyens adéquats doivent être impulsés de façon remarquable. L’arrivée imminente à Bamako des formateurs  et experts militaires européens (pour rehausser les capacités d’intervention de l’armée) sera l’occasion pour le nouveau PM de convaincre la grande muette sur sa volonté de régler militairement aussi le drame du Nord.

En outre, à propos des concertations nationales, Diango doit donner un coup de pied dans la fourmilière constituée par le président de la commission d’organisation de ces assises, le Directeur de cabinet de l’ex-PM, Pr Oumar Kanouté. Ce geste permettra, rapidement de remodeler cette commission de concert avec le président intérimaire pour que ces assises se tiennent dans les meilleurs délais et que le pays reparte sur de meilleures bases.En posant ces bases, le PM devra ensuite redorer le blason du Mali auprès des partenaires dont certains ne cachaient pas leur froideur à l’égard de l’ancien chef du Gouvernement. Ce qui lui facilitera les discussions avec eux pour appuyer le processus électoral. Grand commis de l’Etat, le Talleyrand malien a la faveur des pronostics. A lui de tirer profit de toutes les cartes qu’il a en main pour marquer définitivement l’histoire du Mali. Bon vent ! Que Dieu protège le Mali!

Bruno D SEGBEDJI

djitosegbedji@yahoo.fr

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9 COMMENTAIRES

  1. J +10

    Cela fait demain 14/12/2010, 10 jours que les armes débloquées du port de Conakry sont à la disposition de l’armée malienne dans le fief de la junte militaire à Kati.

    Depuis aucun acte militaire en faveur de la reconquête des régions nord du pays n’a été entrepris.

    Mais des actions tape à l’œil (lancement en grande pompe d’un recrutement massif de 2000 jeunes dans l’armée) et les manœuvres dilatoires de l’écartement manu militari du premier ministre CMD.

    Sinon rien!

    Les maliens ont donc, au moins, des sujets de conversation pour les 3 prochains mois (Départ précipité de CMD, nomination inattendue de Diango Cissoko, formation de son gouvernement, etc et etc.) c’est à dire tout sauf la libération du nord du pays et l’organisation des élections.

    La magie est que ça marche à tous les coups, internautes, grins, milieux politiques, professionnels et familiaux, tout le monde s’engouffre dans la brèche pour oublier l’essentiel, pourvu que Kati ne prenne jamais la direction du nord du pays.

    On va tourner en rond encore pendant 9 mois avant d’attaquer manu militari Diango Cissoko à son tour!

    Son tort?

    Il est tout simplement un peu trop clair, il ressemble donc à un rebelle Touareg, et pourquoi pas à un Shebab, ou un rebelle congolais, et Kati va se méfier de lui, Dioncounda serait d’accord et les maliens commenteront, comme d’habitude.

    Ainsi va mon pays coupé en deux et pour très longtemps.

    En attendant, Kassin compte les jours depuis la libération des armes réclamées par le Copam, Mp22 et acolytes.

    Demain 14/12/2012: J+10

    À bientôt mes amis !

  2. Vraiment le mali a trouver un homme qu’il faut pour le poste de premier ministre maintenent on peu dormir en paix d’apres ses experiences dans administration malien vive le mali vive arme malien vive capitaine SANOGO et je sallut aussi la bonne comphension du président de la republique Dioncounda TRAORE .

  3. nous attendons avec vigilence car les ministres de cmd en tout cas la majeur partie sont les meilleurs ( justice,finance,ad.ter.,emploie,)nous ontfait les preuves donc soyez sage au moment du choix sinon le peuple va se soulevé.

  4. Bonjour,
    Pour être stable, un gouvernement d’union nationale nécessite un ÉQUILIBRE entre les différentes sensibilités en incluant toutes les forces vives de la nation sans oublier la société civile.

    L’INDISPENSABLE SOUTIEN de tous les Maliens dépendra de cet équilibre.

    Aidé par un Président conciliant et fédérateur, compte-tenu des enjeux, en homme de loi, aimant la justice et la médiation, le nouveau premier Ministre, Giango Cissoko, saura-t-il réaliser efficacement cette première vraie médiation publique, à travers la constitution du gouvernement d’union nationale, pour sortir, DURABLEMENT, le Mali de cette crise ?

    Espérons-le.

    Bon courage et bonne médiation pour une vraie union des Maliens.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
    E-mail: Webanassant@yahoo.com

    • Dr que Allah vous entendent, mais tant que ce Sanogo continue d’exercer dans ce pays rien ne peut fonctionner, sans être président il prend toutes les décisions par la force des armes….les armes qu’il n’a jamais pu utilisé pour libéré le pays occupé et soulager la peine de notre peuple meurtri…et pourtant il a fait le serment sous le drapeau et au son de notre hymne de défendre l’intégrité de ce pays…mais au contraire il le bafoue chaque jours un peu plus… il dit que le premier ministre n’est pas élu lui est-il élu à la présidence de la République et il annoncent dejà le gouvernement…il est de la même classe que Iyad Aghali et les membre du MNLA pour le Mali…les gens qui bafouent la dignité de leurs propre pays leurs propre peuple…notre pays n,a pas la culture de la violence mais ces gens ont introduit la barbarie la plus inouïe dans ce pays au peuple digne.

  5. C’est la première fois qu’il arrive à un niveau aussi élevé et stratégique, on ne peut le juger qu’a la tache…. sécretaire géneral fut il de la présidence ou du gouvernment reste tout de même un sécretaire, un organisateur, un coordonateur, une sorte de mémoire, il n’a pas de décision à prendre…. donc… on ne peut rien dire…

    Ce qui est sur Django est un homme mûr, solide et bien au fait des rouages de l’administration, de la politique et jouit donc d’une bonne base et d’un capital remarquable pour reussir sa mission, ce que je lui souhaite vivement comme tous les maliens qui au delà de l’humiliation consommée, souffrent physiquement, moralement, socialement et économiquement du fait de ce stupide coup d’état d’un certain 22 Mars….

    C’est sûr et certain qu’il ne se comportera pas comme le novice, gâteux, immature et grotesque CMD…

    Bon Vent Django et inscris toi en lettres d’or au panthéon de notre riche et désormais tumultueuse histoire.

  6. je pense que Diango ne peut pas faire bouger les choses. Il a été au centre de l’Etat et n’a posé aucun acte pour empêcher la situation actuelle de notre pays.
    Mais, wait and see.
    Le Mali a besoin d’un autre type de dirigeant.

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