SUR LE DOSSIER DE LA CMDT : Le Vérificateur général menacé

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Ballotté de toutes parts par les sangsues de la République, le Bureau du Vérificateur général (BVG) serait-il en train de mettre la clé sous le paillasson ? Toujours est-il que les agents du BVG chargés de contrôler la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) ont été sommés de lâcher prise au motif que l’Etat ne peut plus assurer leur sécurité.

 « Le Bureau du Vérificateur général a pour ambition première de devenir une structure de contrôle reconnue pour son professionnalisme, ainsi que pour l’importance et la qualité de ses travaux. La priorité, durant mon mandat, sera de le doter de professionnels compétents, honnêtes et intègres, travaillant avec objectivité dans des conditions leur garantissant l’indépendance matérielle et morale », ainsi parlait Sidi Sosso Diarra à sa prise de fonction comme Vérificateur général.

Chargé de vérifier la gestion des ressources publiques, son statut est défini dans la loi n°03-030 du 25 août 2003, qui s’inspire du modèle fourni par le Vérificateur général du Canada. Aujourd’hui, comme au moment de son institution, de nombreux citoyens se demandent à quoi sert le Vérificateur contre la corruption généralisée au Mali ? Une interrogation de plus en plus légitime pour qui suit son cheminement.

En effet, de sources bien informées, nous apprenons que le bureau du Vérificateur général a été sommé d’arrêter sa mission de contrôle au niveau de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT), une boîte aux pandores et vache laitière des différents régimes du pays.

Motif invoqué : l’Etat ne serait plus en mesure d’assurer la sécurité des agents du Végal sur le terrain. Un argument facile et peu convaincant pour de nombreux citoyens. Pour eux, l’Etat se soucie plutôt des retombées politiques de la mauvaise gestion de la CMDT que de la sécurité des vérificateurs.

Piétinements

Cette suspension de la mission de contrôle intervient au moment même où l’on s’interrogeait sur la suite judiciaire de celle effectuée au niveau de l’Office du Niger. En effet, suite aux investigations dans les zones de Diabali, Molodo et Ndébougou, il a été constaté un détournement de fonds de l’ordre de 700 millions de F CFA. Fort de ces preuves de malversations, le BVG a tout simplement demandé et obtenu l’arrestation des directeurs des zones de Diabali, de Molodo et de Ndébougou ainsi que leur Daf, le comptable et le caissier.

Les présumés coupables avaient été écroués grâce à la collaboration du juge de Niono. Mais, Halla Touré, précédemment directeur de zone de Niono qui avait été arrêté sur instruction du BVG puis relâché et mis à la disposition de la direction de l’Office du Niger a de nouveau été arrêté pour détournements de fonds au préjudice de son service employeur. A la date d’aujourd’hui, personne ne sait réellement où la justice malienne en est avec ce scandale.

Levier important de la démocratie et de la bonne gouvernance à travers la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion, le BVG est en passe de devenir de plus en plus une coquille vide puisque ni ses missions ni ses rapports ne sont suivis d’effets. Et ce sont les autorités, qui avaient annoncé à grands renforts de publicité son institution comme la preuve irréfutable de leur volonté de lutter contre la corruption, sont en train de le vider de son sens.

La lutte contre la corruption et la mauvaise gestion permet non seulement de moraliser la gestion des affaires publiques, mais elle contribue également à asseoir la légitimité et la crédibilité des acteurs publics vis-à-vis des citoyens. « Voilà pourquoi j’ai pris l’option, dans les cinq années à venir, de consacrer une grande partie des ressources du Bureau à ce domaine particulier… » Telle était l’ambition de Sidi Sosso Diarra et de son équipe à leur prise de fonction. Une volonté d’assainissement aujourd’hui compromise par les considérations politiciennes, voire personnelles.

Après diverses tentatives de joindre le Vérificateur général depuis jeudi dernier, nous apprenons qu’il est parti pour le pèlerinage à La Mecque.

La rédaction

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