Issue d’un accouchement lourdement entravé par le boulet des préjugés, ‘l’effroyable’ institution du Vérificateur Général est en passe de déjouer tous les pronostics. Après deux années d’existence effective, le service tant redouté au départ s’illustre moins comme un instrument d’oppression que par ses contributions utiles à la bonne gouvernance. A défaut de prétendre au miracle d’abattre l’hydre des pratiques frauduleuses dans l’administration malienne, le Végal peut tout au moins se prévaloir de prouesses qui crèvent le plafond. Et qui justifient la fierté de ses dirigeants, la confiance des partenaires extérieurs.rn
Pour en arriver là, le Végal n’est point entré d’un pied fataliste dans le concert des instruments dédiés au contrôle des affaires publiques au Mali. Après le dur combat des compétences pour sa direction, une démarche non moins minutieuse devait jalonner le processus de son organisation interne. Celle-ci aura nécessité près de douze mois au cours desquelles l’institution s’est d’abord dotée des préalables nécessaires à ses missions. Attribution d’un local provisoire équipé, sécurisation des dossiers, recrutement d’un personnel compétent sont les principales tâches que le patron des lieux, M. Sidi Sossoh Diarra, assure avoir accomplies dans la plus grande rigueur.
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En tout cas, grâce au labeur de 83 employés – dont la compétence est constamment renforcée par la formation -, le Végal semble se distinguer par une constance et une régularité peu communes aux services publics. Le nombre des rapports devrait d’ailleurs tripler par rapport à l’année précédente, nous a confié M. Diarra, en promettant la future publication pour fin Mars 2007. Cette performance a logiquement un coût que notre interlocuteur reconnaît pour avoir englouti, l’année dernière, plus de la moitié des deux (2) milliards F CFA alloués comme budget (le restant a été reversé au trésor public par ses soins). Toutefois, devait-il ajouter, l’institution n’en est pas budgétivore outre mesure, à en juger par ses contributions concrètes aux ressources financières de l’Etat. Ainsi, sans être suffisamment explicite sur les progrès attendus dans ce domaine, le Vérificateur Général attend beaucoup plus que les treize (13) milliards de manque à gagner exhumé au cours de l’exercice précédent. « Nous sommes une institution rentable », en a-t-il déduit pour relativiser sur le coût de ses prestations. Au demeurant, l’institution du Végal est assez attractive pour bénéficier d’appui lui permettant d’atténuer le coût de son fonctionnement. « Tous les bailleurs sont officiels disposés à nous accompagner », s’en est réjoui Sidi Sossoh Diarra, en révélant que quatre (4) millions de dollars sont disponibles du côté de partenaires canadiens très rattachés au renforcement de la bonne gouvernance au Mali. La manne, précisera-t-il, est essentiellement destinée à la formation des cadres, mais elle devra également contribuera pour 700 millions F CFA à la construction d’un nouveau siège pour l’institution.
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Les difficultés et entraves qu’affronte le Végal sont plutôt internes, à en croire le principal Vérificateur, qui les attribue à la sensibilité de toute mission de contrôle et de détection de malversations. Tout en reconnaissant que l’administration et le secteur privé s’organisent pour le bloquer, M. Diarra considère que cette hostilité est beaucoup plus rassurante qu’une indifférence face à ses activités. « Personnellement cela ne me chagrine pas, c’est plutôt le contraire qui m’aurait inquiété. Tant que c’est comme cela, c’est que nous sommes sur la bonne voie », a-t-il déclaré, en ajoutant que l’indépendance de tout Végal respectable et respecté s’arrache plus qu’elle ne s’octroie
rnA. Keïta“