“Au lieu de perdre son temps sur des débats, il faut plutôt mener des actions pour lutter contre la corruption dans notre pays”. Ces propres courageux sont ceux du vérificateur général à l’occasion de la présentation de son bilan à la presse le weekend dernier.
Sidi Sosso Diarra dont le mandat expire ce 31 mars, répondait ainsi au gouvernement qui, il y a quelques semaines, effectuait une sortie médiatique dénonçant la célèbre expression “manque a gagner” utilisée dans les rapports du vérificateur général pour désigner le pactole sinon la manne financière qui échappe chaque année à l’Etat du fait des malversations et autres délinquances financières des voleurs de la république. Les ministres Sanoussi Touré, Lassine Bouaré et autres chantres de la république qui, pour la circonstance, se sont érigés en avocats du gouvernement pour battre en brèche le travail du Bureau du vérificateur général peuvent continuer à gesticuler. Autrement dit, Sidi Sosso Diarra restera toujours fidèle à sa démarche. Les arguments avancés par le gouvernement à propos de l’expression manque à gagner sont dénuées de tout sens. A vrai dire, si cette sémantique fait jaser le régime, cela prouve à bien d’égards que la sérénité n’est pas du côté du gouvernement. Qui, à travers cette sortie médiatique, entend affaiblir le bureau du vérificateur général. Tout porte à croire que la mission du futur vérificateur reste compliquée.
En attendant, Sidi Sosso Diarra qui dispose encore de quelques semaines à la tête du bureau, n’a pas mâché ses mots à propos de l’attitude du gouvernement. A qui il a d’ailleurs fait savoir que l’expression manque à gagner est la marque de fabrique du Bureau du vérificateur général depuis sept ans. Pour lui, le bureau a toutes les raisons d’utiliser l’expression. D’ailleurs il n’entend pas s’en débarrasser. “Pour ceux qui redoutent encore, elle sera belle et bien dans le prochain rapport”, a-t-il déclaré. Avant de préciser à ses détracteurs que les membres du bureau ne sont pas des illuminés pour embêter qui que se soit. Et pour cause l’expression qui crée le tournement dans le camp du gouvernement, n’est pas une invention. Sanoussi Touré et autres le savent très bien. Pour preuve l’expression manque à gagner est utilisée dans les rapports de plusieurs institutions supérieures de contrôle. Le vérificateur général cite, en exemple, le rapport du vérificateur général du Québec 2010-2011, celui de la cour des comptes en France (février 2011) et même les rapports de la cour de cassation en France, entre autres.
Pourquoi donc autant de polémique pour une expression pourtant utilisée de longues années par le végal ? Sidi Sosso Diarra est-il en train d’être lâché par le gouvernement ? Visiblement oui et notre cher vérificateur général le sait lorsqu’il évoque les tentatives du ministre de l’économie et des finances de loger le budget de fonctionnement du Bureau du vérificateur général au Trésor. Cela au moment où le végal et son équipe effectuaient une mission de vérification financière au même Trésor. Ce qui signifie à l’évidence que les chances de l’aboutissement de la mission au Trésor étaient minces.
La seconde réalité qui démontre que le gouvernement a tourné le dos au BVG est que la direction des Douanes et celle des impôts ne coopèrent plus avec le bureau. Autrement dit, ces directions ont choisi de ne plus transmettre au BVG les informations sur les transactions. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Ça veut dire ce que ça veut dire. Et Sidi Sosso Diarra l’aura compris. L’avenir du bureau du vérificateur est donc compromis. C’est d’ailleurs pourquoi, il faut ouvrir les yeux et ne pas se laisser briser, a expliqué le végal.
Amadou N’DJIM