Report de la remise du rapport du BVG au président de la République : Le bureau du Végal dénonce un complot de la primature

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C’est en principe le mardi 20 juillet 2010 que la première copie du rapport 2009 du Bureau du vérificateur général (BVG) devrait être remis au président de la république, Amadou Toumani Touré. Mais contre toute attente, la cérémonie de remise a été reportée à une date ultérieure avec, un seul argument : l’agenda présidentiel est surchargé. Au Bureau du Vérificateur général, on voit derrière ce report une manœuvre de la primature dont la gestion du programme « Initiative Riz » a été épinglée par les enquêteurs.

 

Après deux semaines de retraite à Sélingué pour mettre la dernière main,  le Bureau du vérificateur général s’apprêtait hier mardi 20 juillet à remettre le rapport 2009 au chef de l’Etat, conformément à la loi instituant le Bureau du vérificateur général. En effet, selon cette loi, c’est le président de la république qui est habilité à recevoir en premier lieu le rapport du BVG. C’est après qu’une copie du même rapport est remise au chef du gouvernement, puis au président de l’Assemblée nationale, avant qu’on ne procède à sa médiatisation par voie de presse et internet.

 

Cette année, le programme concocté prévoyait aussi de rencontrer durant cette semaine  le président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre pour leur remettre une  copie du rapport annoncé « explosif » par le Végal himsel. C’est après tout cela que la traditionnelle conférence de presse de diffusion du document allait être programmée, au moins dans la dernière semaine de ce mois de juillet. Dans ces conditions, le public allait avoir le temps de « disséquer » ledit rapport au cours du mois de la vacance gouvernementale, tandis que la presse en ferait ses choux gras.

Mais, contre toute attente, le départ du processus de diffusion du rapport a été bouleversée par ce « contre- temps présidentiel ». C’est au dernier moment que la présidence de la République aurait reporté la cérémonie de remise du document à une date ultérieure. L’argument avancé est que le calendrier présidentiel ne s’y prête pas. En reportant la cérémonie, rapporte le Bureau du Vérificateur général, les services de la présidence de la République n’ont même pas daigné proposer une autre date précise, se contentant tout simplement de dire : « ultérieurement ». « Ultérieurement » pourrait être quand, lorsqu’on sait que nous sommes déjà à la veille du mois d’août, réputé être celui de la vacance gouvernementale ?, s’offusquent certains collaborateurs de Sidi Sosso Diarra.

 

Ils expliquent que le mois d’août est par excellence la période morte de l’administration publique, où les plus hautes autorités (dont le chef de l’Etat lui-même) prennent leurs congés. Dans ces conditions, il est difficile de parler de la réception du document (le rapport du BVG) par le chef de l’Etat, même en cette période qui constitue l’étape obligatoire du processus de diffusion du dit document. Dire que c’est le rapport de 2009 qui va encore traîner ainsi. Il y a donc de quoi susciter la curiosité, surtout que c’est le dernier rapport de l’ère Sidi Sosso Diarra qui, au cours d’une récente interview accordée à la presse étrangère, a lui-même promis que ledit rapport fera beaucoup de bruits. Est-ce à dire que c’est cet avant-goût de « bruits » qui fait trembler plus d’un?, s’interroge-t-on du côté des vérificateurs.

 

Une seule certitude, en tout cas précisent-ils : le rapport s’annonce explosif, et la Primature, qui fait partie des 40 missions de vérification effectuées par le BVG, est loin d’y avoir les mains propres. En effet, dans sa mission de vérification de l’ensemble des DAF (Directions administratives et financières) des départements ministériels en vue d’aider l’Etat à les reformer, le Bureau du vérificateur général a « fouiné son nez » à la Primature où, dit-on, la gestion de l’Initiative riz dégage assez de « puanteur ». Sidi Sosso Diarra et ses hommes auraient découvert de grosses malversations financières dans la gestion de la fameuse initiative, et s’apprêtent à étaler les faits sur la place publique. De quoi faire paniquer plus d’un à la Primature où des manœuvres sont déjà en cours pour saboter le rapport avant même sa publication, annonce-t-on.

 

Aussi, d’autres sources indiquent que les hommes de Modibo Sidibé sont décidés à organiser une contre-offensive, en mettant tout en œuvre pour discréditer le document avant même sa publication. Mais au bureau du vérificateur général, on se dit serein et on n’entend pas se laisser distraire par de telles agitations. « Tout ce qui compte pour nous, c’est d’informer le peuple malien de la gestion qui a été faite de ses deniers publics », confie un vérificateur.

 

Ce  rapport 2009 qui commence à faire du bruit, comme a prédit le Végal, est le résultat d’une quarantaine de missions effectuées par Sidi Sosso Diarra et ses hommes, avec beaucoup  plus de vérifications de performance que pour les autres fois. Ils rapportent d’ailleurs que c’est une vérification fondée sur l’efficience, les critères économiques, les exigences de la gestion. Les secteurs vérifiés sont, entre autres, les services de l’assiette et du recouvrement, l’équipement, les infrastructures, le développement rural….

Abdoulaye Diakité

 

 

 Un concours du meilleur article sur le traitement du rapport 2009 en vue

Selon le patron de la cellule de communication du Bureau du vérificateur général, Ismaël Diawara, un prix du meilleur article de traitement du rapport 2009 sera institué. En tout, trois prix repartis en trois catégories seront proposés : presse écrite, audiovisuel et réactions sur le net.

C’est le jour de la conférence de presse de diffusion du rapport que la nouvelle sera portée à la connaissance des autres confrères. La période concernée par le concours sera comprise entre cette date et le mois de septembre prochain. Il s’agira d’amener les journalistes à rendre compte du rapport dans un discours compréhensible par le public.

Pour Ismaël Diawara, l’idée de ce concours est venue du constat selon lequel la presse n’arrive pas à traiter les données des rapports du BVG dans un style compréhensible, beaucoup de journalistes se contentant de rendre l’information telle qu’écrite dans le rapport, sans le travailler pour une meilleure compréhension du lecteur.

Aussi, le meilleur article de la presse écrite sera primé, de même que le meilleur reportage de radio ou télé. Le troisième prix sera décerné à l’auteur de la meilleure analyse faite sur le rapport par voie de net. Un jury sera constitué pour les besoins de la cause.

A.D. 

 

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