Comme d’habitude, après la publication du rapport annuel du Vérificateur Général, les réactions ne se font pas attendre. Cette année, c’est le Coordinateur de la Cellule de coordination du Programme décennal de développement de la justice (PRODEJ), Brahima Mamadou Diallo, qui donne le ton, à travers un entretien qu’il nous a accordé le jour même de la remise officielle du document au président de la République.
e magistrat, qui a gros sur le cœur, depuis la réception d’une copie du rapport sectoriel du Vérificateur général sur la justice, n’est pas passé par quatre chemins pour exprimer sa colère.
Selon lui, ses préoccupations exprimées lors de la séance contradictoire sur le rapport provisoire avec les hommes de Sidi Sosso Diarra n’ont pas été prises en compte dans le document final. Exhibant le procès-verbal qui a sanctionné la séance contradictoire et la lettre de mise au point qu’il a adressée au Végal, Brahima Mamadou Diallo a indiqué qu’il s’était mis d’accord avec les vérificateurs sur la nécessité d’apporter au rapport provisoire des modifications ou des éclaircissements sur plusieurs points.
A le croire, il était convenu de faire ressortir dans le rapport un état des lieux de la justice avant l’avènement du Prodej, afin d’apprécier les résultats obtenus par rapport aux objectifs fixés. Aussi, la mission du BVG avait-t-elle marqué son accord pour la démarcation entre la gestion de la Direction administrative et financière de celle de la Cellule de coordination du Prodej, au niveau du rapport final. "Le rapport aurait gagné en clarté en séparant les deux gestions, en précisant que la DAF utilise les fonds publics et la Cellule de coordination la subvention canadienne. Celle-ci obéit à des règles de comptabilité particulière et elle a été auditée par le passé deux fois par des cabinets privés, mandatés par les représentants canadiens. Cette distinction est très importante, parce que beaucoup ne savent pas que l’Etat du Mali participe activement à la mise en œuvre du Prodej et qu’il libère régulièrement sa part contributive. Dans son état actuel, le rapport provisoire ne saurait apporter un éclairage probant pour le lecteur qui ne maîtrise pas les distinctions significatives entre DAF et CC-Prodej. Les torts ou les mérites de l’un ne sont pas nécessairement applicables à l’autre, et c’est faire œuvre de justice et de pédagogie que d’être précis sur cet aspect ", avait -t-il signifié à Sidi Sosso Diarra, depuis le 11 juin 2010.
"Nous sommes d’accord que le rapport fasse des recommandations nombreuses sur les activités importantes qui restent à réaliser. Mais, nous regrettons que le rapport passe sous silence les très nombreuses réalisations de la CC-Prodej. En ce sens, le rapport du BVG risque de créer une distorsion de la réalité alors que sa finalité est la transparence", a indiqué le Coordinateur. S’agissant de la non-opérationnalité de l’ISJ, le BVG estime qu’il s’agit d’un problème d’indépendance et de budget de fonctionnement et non de moyen logistique ou de formation. Il était convenu d’ajouter: "même si le Prodej a le mérite d’avoir introduit l’outil informatique dans les tribunaux, d’avoir formé les agents et de les avoir équipés en logiciels spécifiques". Le rapport provisoire relève que les marchés relatifs aux travaux de rénovation de Ségou et Mopti ont fait l’objet d’avenants pour des montants respectifs de 4 460 650 de FCFA et 6 278 750 sans justification. Selon le PV de la séance contradictoire, la mission reformulera "sans justification" en "sans autorisation écrite préalable".
«Au regard de toutes ces observations importantes pour la clarification des constats et conclusions du Bureau du Vérificateur général et pour les éclairages nécessaires à la compréhension de l’état des lieux sur les performances du Prodej, portant sur l’accessibilité au service public de la justice, nous sommes étonné de ne voir trace de tout cela dans le rapport final. Mais la grande question, à notre avis, c’est de savoir à quoi joue donc le Vérificateur général ?» de conclure le Coordonnateur du Prodej.
Soumaila GUINDO
