Près de 103 milliards de F CFA de perte : La partie visible d’un vampirisme anti-peuple

0

Le Vérificateur général a rendu public son rapport annuel au titre de l’année 2006. Le rapport a décelé un manque à gagner de près 103 milliards de F CFA pour le Trésor public, soit l’équivalent de 69 % de la masse salariale annuelle. Une situation due essentiellement à la fraude et à la mauvaise gestion.

Le rapport 2006 du Vérificateur général, le 2e du genre depuis qu’il est installé, a été porté à la connaissance de la presse vendredi dernier au cours d’un point de presse. Le manque à gagner constaté par ses missions de contrôle sur la période 2002-2006 s’élève à 102 631 496 281 F CFA, soit un peu moins de 103 milliards de nos francs. Cette perte représente 69 % de la masse salariale annuelle de la fonction publique ou même deux fois le budget prévu annuellement pour équiper l’administration malienne.

Cette perte sèche pour l’économie nationale est révélée par 27 missions de contrôle portant sur les services de l’assiette comme les impôts et la douane, les ministères de la Santé et de l’Education à travers le Prodess et le Pise, et leurs Daf, ainsi que les ministères des Mines, de l’Energie et de l’Eau ; de la Culture. Le secteur agricole, à travers l’Office du Niger, est également épinglé.

Les droits de douane irrégulièrement apurés, constituent près de 70 % de ce manque à gagner qui se chiffre à près de 38 milliards de nos francs de taxes et impôts non recouvrés par la direction générale des impôts sur des opérateurs économiques. L’importation frauduleuse des hydrocarbures a occasionné 15 milliards de F d’argent volatisé. Des chèques impayés relatifs aux règlements des droits et taxes des produits pétroliers ont créé un trou de 18 milliards. Mais, le Végal a noté que sur ce montant, 16 milliards ont été à ce jour régularisés.

Santé, Mines, Education : 7 milliards de pertes

Du fait des détournements et de la mauvaise gestion, 7 milliards de F CFA de pertes sont reprochés à l’Office du Niger. Les trois ministères (Santé, Education et Mines) font une perte cumulée de plus 7 milliards. La Santé, où le Programme décennal de la santé (Prodess) a fait l’objet de vérification, l’argent dépensé pour les cérémonies de réception et les missions est estimé à 3 milliards, les entretiens de véhicules font près d’un milliard. Toutes ces dépenses sont six fois plus élevées que celles consacrées à la santé à proprement parler.

L’Education est prise dans la nasse des vérificateurs pour des livraisons fictives de manuels scolaires se chiffrant à 3 milliards de F CFA. La Daf du ministère des Mines, de l’Energie et de l’Eau s’est illustrée dans l’achat pour la seule journée du 31 décembre 2005 de thé, sucre d’une valeur de 11 millions de F CFA. La Daf du ministère de la Culture a été épinglée pour le manque à gagner constaté dans l’exécution budgétaire sur la période 2005 de 13,3 millions de F.

Les irrégularités constatées dans les différentes Daf découlent, selon le rapport, du fait du fractionnement des marchés, les dépenses douteuses et la violation des règles de passation de marché et de détournement.

Le Végal, Sidy Sosso Diarra, a expliqué que la publication du présent rapport a pris deux semaines de retard par rapport à 2005 pour la simple raison que le volume du travail était plus énorme cette année. Selon lui, il a eu 26 structures contrôlées contre 10 en 2005. Il a jugé long le temps consacré à la procédure contradictoire.

Le 3e rapport portant sur 2006 est déjà en chantier. Aux dires du Végal, une cinquantaine de missions sont prévues avec des thèmes identifiés. Le travail est en cours. Une dizaine de missions a commencé et 3 ou 4 rapports sont déjà ficelés.

Le rapport 2006 est sur le site web depuis le vendredi 30 juin 2007 à l’adresse du bureau du Vérificateur général : www. bvg.mali.org
Abdrahamane Dicko



Il faut le dire – Le masque qui tombe

En emprisonnant, puis en condamnant des journalistes qui n’ont fait que leur travail, le chef de l’Etat et la justice à son service jettent par terre tout ce qui a été acquis comme libertés démocratiques au Mali.

L’éléphant serait-il devenu un tout petit lièvre ? Premier de la classe il y a peu, le Mali, il faut le dire, se retrouve être le « symbolisé », c’est-à-dire le porteur du pendentif à l’effigie âne que le dernier de la classe porte au cou jusqu’à ce qu’un autre bourricot se fasse piéger. Hélas !

Car, il va falloir attendre des lustres pour voir un autre faire pire. Car, jamais en Afrique, un régime n’avait réussi la « prouesse » de mettre en prison, d’un seul coup et sans raison, cinq journalistes.

Voilà pourquoi il ne passe pas de jour sans que la presse internationale n’évoque l’affaire ; que des confrères d’autres pays, expriment leur sympathie. Le Capitole n’est pas loin de la roche Tarpéienne. Hatè ! A présent, le Mali réel est désobligé pour une histoire de « maîtresse » totalement fictive.

Et il en restera toujours ainsi tant que des concitoyens, sachant qu’ils ne méritent pas les places qu’ils occupent mais qu’ils comptent garder envers et contre tous, s’autoriseront à faire plaisir au boss de plus en plus sensible à la louange démagogique.

Pour eux, l’essentiel n’est ni dans le respect de la loi ni dans le discernement, il est de faire plaisir au grand patron. Pour eux, l’image du Mali à l’extérieur n’est que crottin de cheval à côté de celle du prince, qui vaut tous les sacrifices. Pour eux, la démocratie, en définitive, n’est que leurre.

Mais cette fois-ci, ils ont raté leur « coup ». Car la presse sortira vainqueur de l’épreuve qui ne fait que commencer. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin si les voies de recours existent pour casser le verdict inique du Tribunal de la Commune III ?

Pourquoi s’arrêter quand le CPJ New York demande la reprise du procès ? Pourquoi s’arrêter étant donné qu’il existe une Cour internationale des droits de l’Homme ? Or pour que la presse gagne à tous les coups, il faut qu’il y ait un vaincu : c’est celui qui a enfin jeté le masque.

A. M. T.

Commentaires via Facebook :