Polémique autour de la gestion de l’initiative riz : Le végal épingle le conseil des ministres

0




Au cours de la présentation de son rapport 2009 aux journalistes hier mercredi 14 août 2010, le Vérificateur général, Sidi Sosso Diarra, a vivement critiqué le conseil des ministres coupable d’avoir régularisé un marché de gré à gré de plus de 12 milliards de nos francs dans le cadre de l’Initiative riz  en violation totale du Code des marchés publics au Mali.

C’est à l’hôtel Radisson sis à l’ACI 2000 que le Vérificateur général, Sidi Sosso Diarra et l’ensemble de ses collaborateurs ont présenté hier le rapport 2009 aux hommes de médias. Le document annoncé pour explosif fait état d’un manque à gagner pour l’Etat de 112,37 milliards de Francs CFA sur une période allant de 2006 à 2008. Une perte énorme provoquée par la fraude et de la mauvaise gestion portant sur 22 structures. Dans le détail, elle résulte de la fraude pour 19,32 milliards de FCFA (17%) et de la mauvaise gestion pour 93,05 milliards de CFA (83%). Cependant, on estime du côté du Bureau du vérificateur général que 48,41 milliards de FCFA, soit 43%, sont encore recouvrables.

Devant la presse, Sidi Sosso Diarra a réaffirmé que plusieurs structures et projets de l’Etat ont été vérifiés, notamment la fameuse Initiative riz qui a, en son temps, fait couler beaucoup d’ancre et de salive. Et l’opposition, par la voix du PARENA, s’était aussi insurgée contre l’Initiative riz du Premier ministre.  Les résultats des vérifications semblent avoir donné raison aux détracteurs du projet car on y dénonce la passation d’un marché de gré à gré portant sur plus de 12 milliards de FCFA à « Togouna Agro-Industrie », sans se soucier de son enregistrement. Cette transaction avait été faite par le ministre de l’industrie et du commerce, Ahmadou Abdoulaye Diallo qui assurait à l’occasion l’intérim de son collègue des Finances, Abou-Bakar Traoré en déplacement.

Pourtant,  a rappelé le végal à la presse, « notre code des marchés publics n’admet pas le payement d’un marché de plus de 500 000 FCFA sans son enregistrement ». Il s’est insurgé contre l’agissement du «  conseil de ministres qui s’est permis de régulariser le marché  entaché d’irrégularités ».

Le Vérificateur souligne que le conseil de ministres est en faute par le fait que le  code des marchés publics n’admet pas qu’un marché soit régularisé avant son enregistrement. « Le marché n’aurait pas dû régulariser ce marché », a dénoncé le végal dont l’un des vérificateurs, en l’occurrence le magistrat, M. Moumini Guindo, a précisé que malgré cette régularisation, la faute reste toujours punissable. « La régularisation d’un marché est en quelque sorte un repentir, qui n’efface pas la faute parce que le repentir est tardif. La poursuite est toujours faisable et c’est la commission de saisine instaurée au niveau du BVG qui statuera sur la faisabilité de la poursuite judiciaire », a-t-il annoncé.

Outre ce dossier, selon le végal, les vérifications ont concerné  la question du suivi des recommandations des précédents rapports ; les infrastructures, équipements et transports ; les services d’assiette et recouvrement ; de la santé et solidarité ;  la recherche scientifique, emploi et formation professionnelle ; les finances publiques, élections et justices ; les saisines reçues. Le rapport 2009 est finalement la somme de 19 vérifications financières, 10 vérifications de performance, 10 missions de suivi de recommandations et 4 vérifications sur saisine.

Abdoulaye Diakité

 

Les ambassades dans la ligne de mire du végal

Le Vérificateur général entend mettre le cap sur les ambassades pour le reste de son mandat qui s’achève en 2011. Elles seront inspectées depuis Bamako, puis des missions seront dépêchées dans les différentes représentations diplomatiques du pays. Déjà, une mission a été effectuée à l’ambassade du Mali à Genève où des problèmes avaient été signalés.

Sidi Sosso vérifie, la corruption flambe ?

Depuis l’avènement du Bureau du vérificateur général, les rapports se suivent et se ressemblent, mais la corruption s’aggrave dans notre pays. De 98 milliards de FCFA en 2008 aux  106 milliards en 2007 et 112 milliards pour cette année, les rapports du vérificateur général confirment l’aggravation de la gabegie et de  la corruption dans l’administration publique. A quoi donc sert la lutte contre la corruption ? De deux choses l’une : soit ce que le végal nous raconte n’est pas fondé, ou la volonté politique n’est pas à la hauteur de la lutte contre la corruption. Pour beaucoup de Maliens, il faut mettre fin au cinéma.

Le végal écarte un possible télescopage entre le BVG et la prochaine Cour des comptes

Dans le projet de réformes constitutionnelles, il est question de la création de la Cour des comptes dans notre pays pour être conforme à une exigence de l’UEMOA. La Cour des comptes,  initiative française et le Bureau du vérificateur général (BVG) expérience canadienne, vont chasser tous sur le terrain de la mauvaise utilisation des deniers publics. Beaucoup de gens redoutent donc un conflit de compétence entre les deux institutions. Pour Sidi Sosso Diarra, le champ de la lutte contre la corruption est tellement vaste au Mali pour qu’il y ait télescopage entre ces deux structures. « Le BVG a un travail d’investigation de pédagogie et d’assistance technique, or, la Cour des comptes a un travail de certification. Il faudra une synergie entre les deux structures », a expliqué M. Diarra.

Abdoulaye DIAKITE

Commentaires via Facebook :