Lutte contre la corruption sous IBK : Trois rapports du Végal, mille mots et des maux !

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Remise des rapports de 2013 et 2014 du vérificateur général au chef de l’État : Un préjudice de plus de 153 milliards FCFASans aucun doute, après la gestion de la crise sécuritaire qui sévit au  Nord, le deuxième front sur lequel le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta était attendu est celui de la lutte contre la corruption. Mais contre toute attente plus d’un an après son arrivée aux affaires, trois rapports lui ont déjà été soumis par le bureau du vérificateur général, sans qu’aucun délinquant à col blanc ou du moins supposé l’être, ne soit inquiété par la justice. Pourtant l’année 2014 avait été décrétée celle de la lutte contre la corruption.

 

‘’Mandé Massa’’ avait promis de mener une lutte implacable contre la corruption. Mieux qu’une simple promesse, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, celui la même qui a juré, la main sur le cœur, de rompre avec certaines habitudes déviantes sous le règne de son prédécesseur Amadou Toumani Touré, avait décrété l’année 2014 comme l’année de lutte contre la corruption. Une décision qui avait été applaudie, par l’écrasante majorité de la population malienne assoiffée de justice. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’année 2014, celle là même qui avait été décrétée celle de la lutte contre la corruption a été marquée par de scandaleuses affaires de corruption, impliquant les proches du pouvoir. Il s’agit des dossiers de l’achat d’un nouveau Boeing présidentiel, et celui relatif au contrat de fourniture d’équipements militaires. Deux dossiers scandaleux qui avaient suscité le courroux du Fonds Monétaire International (FMI) contre le Mali, et fait les choux gras de la presse nationale et internationale. Agacé par les critiques des partis politiques de l’opposition et de la presse, IBK avait martelé lors d’une de ses rencontres avec les partis politiques de la majorité « qu’il ne protégerait personne ».

Depuis, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, semble avoir perdu son élan et ses ardeurs qui le motivaient tant à lutter contre la corruption. Serait-il, tenté où contraint de suivre les traces de son prédécesseur, Amadou Toumani Touré ?

Au stade actuel on est tenté de répondre par l’affirmatif.  Pour cause, depuis son installation à la tête du pays en septembre 2013, trois rapports lui ont été soumis par le bureau du vérificateur général, Amadou Ousmane Touré. Il s’agit du rapport annuel 2012, qui fait état d’un manque à gagner de plus de 49 milliards de Fcfa,  dont  7, 57 milliards Fcfa représentant la fraude et 41,82 milliards Fcfa au titre de la mauvaise gestion. Et les rapports annuels 2013 et 2014, officiellement remis au président République, la semaine dernière, qui font état d’une gabegie financière de l’ordre de 153 milliards de Fcfa. Soit 80,21 milliards de Fcfa, pour le rapport annuel 2013, dont 12,28 milliards au titre de la fraude et 67,93 milliards Fcfa imputés à la mauvaise gestion. Quant au rapport annuel 2014, il fait état d’un manque à gagner de près de 80 milliards (72,97milliards de Fcfa), dont 33,95 milliards au titre de la fraude et 39,02 milliards relevant de la mauvaise gestion.

Le paradoxe qui fâche !

Le paradoxe qui fâche s’est bien le fait que les montants détournés connaissent une nette hausse, et de surcroît sous le ‘’règne’’ d’un président jusque là supposé être le plus coriace que le Mali démocratique ait connu.  Pas un seul supposé coupable, excepté le l’ex DG du PMU-Mali, d’ailleurs qui se la coule douce au bord de la Seine. Pourtant, le premier magistrat de la République, avait révélé en 2014,  que plusieurs dossiers ont déjà été transmis à la justice.

Question : que se passe t-il donc ? La justice ne fait-elle correctement son travail ? IBK ne veut-il pas finalement « humilié les chefs de famille » tout comme son prédécesseur ATT ?

Une chose est sûre, le président Ibrahim Boubacar Keïta, à la surprise générale de tous, a déjà averti le vérificateur général, Amadou Ousmane Touré, « qu’il n’est pas le père fouettard » et que « sa mission n’est pas la chasse à la délinquance financière ». Comprenne qui pourra.

Lassina NIANGALY

 

 

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