Le rapport annuel 2009 fait la synthèse de 43 rapports relatifs à des missions de vérification effectuées au sein de 40 services publics. Au total, le Vérificateur général et son équipe de choc ont décelé un manque à gagner de 112 milliards de FCFA. Ce chiffre bat le record de tous les rapports du Bureau du Vérificateur général de sa création à nos jours. C’est le rapport de 2006, qui jusque-là, détenait le record avec un manque à gagner d’environ 102 milliards de FCFA. Comme le Vérificateur général le déclarait, le 6 juillet 2010, à notre confrère " Jeune Afrique ", ce rapport va faire, certainement, " beaucoup de bruit ".
Le Vérificateur général, Sidi Sosso Diarra, a procédé, hier, à la remise officielle de son rapport 2009 au président de la République, Amadou Toumani Touré. Cinquième du genre, la traditionnelle cérémonie de remise du rapport s’est déroulée dans la salle des Banquets à Koulouba en présence du Premier ministre, Modibo Sidibé, des membres du gouvernement, des représentants des institutions de la République, des membres du Secrétariat Général de la Présidence de la République, des collaborateurs et d’autres invités de marque.Selon Sidi Sosso Diarra, son rapport annuel 2009 fait la synthèse de 43 rapports relatifs à des missions de vérification effectuées au sein de 40 services publics. Les secteurs suivants ont été couverts : développement rural, infrastructures, assiette et recouvrement, santé, solidarité, recherche scientifique, emploi, formation professionnelle, finances publiques, élections et justice. Trente-neuf missions ont été effectuées à l’initiative même du Bureau du Vérificateur Général. Quatre missions ont été consécutives à des saisines que le Bureau du Vérificateur Général a reçu en application de l’article 11 de la loi instituant le Vérificateur Général.
A le croire, pendant l’exercice 2009, les relations avec les services vérifiés ont globalement été empreintes de cordialité et de franchise. Il a, cependant, attiré l’attention du président de la République sur le fait que certains services, " avec l’accord de leurs ministères ", n’ont pas cru devoir fournir au BVG les extraits de leurs bases de données nécessaires à l’accomplissement diligent des missions de vérification. De manière générale, il a relevé que la conservation des documents comptables est mal assurée. A ce titre, il a demandé à l’Etat de prendre des mesures drastiques pour imposer le respect des dispositions légales. En outre, poursuit-il, des mesures urgentes doivent être prises pour auditer le système d’information de la chaîne des dépenses publiques, au sein de laquelle de nombreuses faiblesses ont été constatées dues essentiellement aux dysfonctionnements des verrous de sécurité de l’application informatique.
Sans avancer de chiffres, Sidi Sosso Diarra a révélé, que 22 des structures vérifiées pendant la période ont fait ressortir des préjudices financiers importants causés à l’Etat, dont certains, fort heureusement, peuvent être immédiatement réparés. Mais, selon des sources proches du BVG, le rapport
La loi impose au Bureau du Vérificateur, comme garant de son objectivité, de respecter le principe du contradictoire avec les entités au sein desquelles ses vérificateurs mènent leurs travaux. Sidi Sosso Diarra estime que sa structure a conscience de cette obligation légale et elle s’en acquitte du mieux que possible. Selon lui, le respect strict du principe du contradictoire est devenu, au fil du temps, une des valeurs cardinales du Bureau du Vérificateur Général et un pilier incontournable de la qualité de ses travaux. Ainsi, sont désormais annexés aux rapports de mission tous les documents ayant contribué à la mise en œuvre de la. Procédure contradictoire.
Le Vérificateur général et ses hommes ont constaté, avec satisfaction, que leurs recommandations sont largement mises en œuvre. Ainsi, le suivi effectué en 2008 fait ressortir à 75% le taux de mise en œuvre des recommandations formulées suite à leurs travaux de 2005 et 2006. Ce taux est de 61% pour des recommandations formulées en 2007, qui ont fait l’objet d’un suivi en
Il s’est félicité, également, des contributions de taille du président ATT, de celles du gouvernement et de la Justice dans les actions de recouvrement des manques à gagner et de suivi des recommandations. Cependant, explique-t-il, la faible diffusion des résultats des efforts du BVG maintient les citoyens dans la méconnaissance du chemin parcouru et laisse planer des doutes et des hésitations. " Cette situation mérite, à notre avis, de retenir votre attention ", a-t-il souligné.Au terme de six ans de pratique, Sidi Sosso Diarra estime que le Bureau du Vérificateur Général du Mali a des spécificités qui constituent la trame de sa force et que le Mali gagnerait à préserver. Selon lui, ces particularités le rendent complémentaire des autres structures de contrôle. " L’expérience accumulée milite en faveur de ce constat. En particulier, malgré sa jeunesse et en dépit des difficultés inhérentes à ses missions, le Bureau du Vérificateur Général figure, aujourd’hui, parmi les structures les mieux outillées et préparées pour conduire les vérifications de performance ", a-t-il ajouté. Avant d’expliquer que, dès son entrée en fonction, le Bureau du Vérificateur Général s’est lourdement investi dans l’acquisition des compétences et de l’expérience nécessaires à la réalisation de ce type de vérification." En matière de vérification financière, qui tend à rechercher les fraudes et les indices de corruption, les travaux accomplis par le Bureau du Vérificateur Général sont plus amplement connus. Il ne conviendrait pas de s’y appesantir. Plus que quiconque, je sais que sans votre appui constant le Bureau du Vérificateur Général n’aurait pas surmonté toutes les difficultés auxquelles il a été confronté ", a-t-il conclu.
Prenant la parole, le président de la République a félicité Sidi Sosso Diarra et ses hommes pour la qualité du travail abattu. Il a salué les progrès réalisés sur le plan du renforcement des capacités.
Amadou Toumani a, également, salué l’ensemble des services de contrôle, avant de les inviter à une synergie d’action en vue de la vérification rationnelle des ressources de l’Etat. Il a renouvelé sa disponibilité totale pour la mise en œuvre effective des recommandations, mais aussi pour le recouvrement total du manque à gagner constaté par le rapport 2009, à travers des mesures plus efficaces dans le traitement des dossiers. Ce, dans le respect et dans la discrétion. " La lutte contre la corruption n’est pas un spectacle. Je préfère travailler dans la discrétion. Vous pouvez compter sur mon soutien. J’ai souhaité la création du Bureau du Vérificateur Général. Je l’ai eu et je continuerai jusqu’au bout. Je vous dis : beaucoup de courage ! ", a déclaré le président.
Soumaila GUINDO