Samedi 9 Octobre. Le Vegal nous ouvre les portes de son bureau. Il faut montrer quand même patte blanche, surtout en ce début de week end, pour passer après la forte sécurité (gardes républicains, officiers de gendarmerie et de police) qui veille sur l’homme et son bureau.
Sidi Sosso Diarra nous reçoit dans son bureau assez spacieux que la paperasse commence à noyer. Quelques valisettes non défaites encore prouvent que le maitre des lieux vient tout juste d’arriver d’Abidjan.
L’entretien est emprunt de cordialité et l’homme le plus craint des corrompus ne fait apparaitre aucun signe de grandiloquence tant dans l’accueil que dans le look ou les propos. Même ses quatre téléphones (un parmi eux ne doit pas coûter plus de 15 000 F CFA sur le marché) qui n’arrêtent pas de sonner trahissent un air d’austérité qui devrait certainement le caractériser.
Au terme d’un entretien d’une bonne heure, le Vérificateur Général qui est un descendant de la grande famille des Diarra de Ségou doit mesurer mieux que quiconque que l’expérience indélébile vécue pendant sept ans à la tête de ce bureau est de loin la plus riche d’une carrière universitaire et professionnelle teintée de tous les succès.
A cœur ouvert avec le VG !
Le Ségovien : Ces derniers temps, Ségou a assez remarqué votre présence dans la cité qui vous a vu grandir. Comment devons-nous expliquer cette nouvelle forme de votre vision ?
Sidi Sosso Diarra : En fait, avec un tour que les autorités nationales devaient faire pour constater certaines réalisations dans la Zone Office du Niger et étant ressortissant de Ségou, on m’a demandé de me joindre à la délégation. Ce que j’ai fait avec plaisir. Aussi, cela m’a permis de mieux connaitre ma région.
Le Ségovien : On pense pourtant que cette proximité avec les populations, surtout en ce qui concerne votre ville natale serait d’ordre politique ; vous n’êtes pas tenté de descendre dans l’arène politique dès la fin de votre mandat au BVG l’an prochain comme certains vous prêtent cette intention ?
Sidi Sosso Diarra : Effectivement, on me prête beaucoup d’intention mais ce que je peux dire actuellement, c’est que je suis tenu de respecter une stricte neutralité dans ce sens jusqu’à la fin de mon mandat le 31 Mars 2011. Je vous donne rendez-vous le 1er Avril 2011 et là, je pourrai livrer le fond de ma pensée. Jusque là donc, je me dois d’être totalement apolitique et ne participer à aucune activité politique de façon notoire et publique
Le Ségovien : Ce n’est pourtant pas le cas avec votre frangin, Cheick Modibo Diarra qui vient de créer le RDM (Rassemblement pour le Développement du Mali). Vous mettez de l’eau dans le moulin de ceux qui croient que vous roulez pour lui…
Sidi Sosso Diarra : Oui, la création du RDM est très récente. Elle a été lancée alors que je me trouvais à Abidjan. Bon, effectivement, Modibo a décidé de descendre dans l’arène politique et de déclarer ses intentions. Je ne peux pas me prononcer dans un sens, dans un cas comme dans l’autre car, tout compte fait, je pourrais le nuire, compte tenu de ma position. Ensuite, ça risquerait de nuire à mon travail car, encore une fois, je suis tenu de rester strictement neutre sur le plan politique, sinon mon travail ne sera pas crédible.
Le Ségovien : En fait, de votre point de vue personnel, Cheick Modibo Diarra que vous aviez encadré dès son enfance à l’école, peut-il être un bon candidat, un bon président ?
Sidi Sosso Diarra : Alors, je reviens encore sur ce que je viens de dire. Actuellement, je ne peux pas avoir de point de vue sur un sujet aussi politique, même s’il s’agit de mon frère. Je me dois d’observer la stricte neutralité politique. Et puis, je crois que, même pour Modibo, je ne pense que c’est une bonne chose que je me prononce dans un sens ou dans un autre, parce que ma position ne me le permet pas et je pense que ce ne serait pas lui rendre service.
Le Ségovien : Vous discutez quand même de ce sujet, ne serait-ce qu’en famille…
Sidi Sosso Diarra : Bon, nous sommes des frères ! Comme vous l’avez dit, quand notre père a été mis en prison, j’avais douze ans et Modibo avait 6 ans. J’ai eu la chance de l’encadrer un peu. Et puis, en dehors de ça, nous avons de très très bons rapports entre frères. Il nous arrive d’échanger sur beaucoup de choses, y compris sur des domaines politiques. Bon, ce sont des discussions off record !
Le Ségovien : Le nouveau cinquantenaire que notre pays vient d’entamer est une nouvelle paire de manche pour chacun de nous. Avez-vous espoir pour le devenir de ce pays lorsqu’on sait que chaque rapport que vous publiez fait part d’une corruption galopante qui gangrène notre économie ?
Sidi Sosso Diarra : Je crois qu’il y a beaucoup de raisons d’espérer. Effectivement, le niveau de corruption qu’on détecte au cours de nos travaux n’est pas acceptable, compte tenu de la situation économique de notre pays. Mais, disons qu’en 5 ans de mission, j’ai vu que les choses ont déjà commencé à bouger dans le bon sens et je crois que très honnêtement, notre pays a eu à faire ses preuves dans le passé. Actuellement, nous traversons une période difficile mais je suis convaincu qu’il y a des hommes et des femmes, jeunes et adultes, qui ont le potentiel de mettre ce pays sur les rails.
Le Ségovien : Vous qui contrôlez et qui publiez les rapports, où se situe la corruption au Mali ?
Sidi Sosso Diarra : Nous, par définition, nous traitons essentiellement avec les services administratifs ou les institutions. Dans tous les cas de corruption que nous décelons en fait, il y a au moins une des parties qui se situe dans cette sphère de l’administration. La corruption suppose un corrupteur et un corrompu. Souvent, dans ce que nous voyons, le corrompu se situe au niveau de l’administration et le corrupteur au niveau des opérateurs économiques. Pour ce qui est du volume, c’est sûr que les impôts et la douane sont les deux directions où il y a le plus de déperdition par définition, parce que c’est là où passe le plus d’argent, mais dans tous les autres secteurs, il y a de la corruption. Les formes sont aussi variées qu’il y a d’individus et qu’il y a d’opérations. Le corrompu et le corrupteur sont des êtres intelligents. Ils varient les formes, ils ont toujours une longueur d’avance sur nous autres qui devront faire l’enquête. Donc, il faudrait que nous aussi, nous fassions preuve d’imagination encore. Les formes de corruptions sont donc variées, c’est normal mais les poches de corruption, il faut les trouver dans les ministères et les directions générales où il y a le plus de fonds qui transitent.
Le Ségovien : Alors, qu’a apporté vraiment l’institution du BVG au Mali après 6 ans ? Êtes-vous fiers du travail abattu ?
Sidi Sosso Diarra : Moi personnellement, j’en suis fier mais je suis le plus mal placé pour apprécier ce travail. Ce que je peux dire, c’est que depuis qu’on a commencé, si je fais un cumul de tous les manque à gagner de l’Etat, la somme avoisine les 350 milliards de F CFA sur 5 ans. C’est beaucoup et j’estime que c’est un niveau inadmissible pour un pays comme le nôtre. Ce qu’il faut voir maintenant sur ce montant, c’est que déjà une partie non négligeable a été récupérée. Moi-même je sais qu’il y a une année où, entre le Trésor et l’INPS, on a fait entrer 23 milliards de F CFA en 4 ou 5 mois. Il y a ce que nous faisons recouvrer et il y a les sommes que récupère aussi le Pool Economique. Sur ces 350 milliards, je pense qu’une centaine a pu regagner le chemin du Trésor public. Ce n’est pas négligeable pour notre structure qui a un budget tout compris de 3 milliards de F CFA par an. Si on fait un calcul rapide, on peut trouver que c’est une structure plus que rentable, financièrement s’entend. Ce qui me parait le plus important, c’est qu’après chaque rapport, nous faisons des recommandations pour corriger les dysfonctionnements, parce qu’il vaut mieux attaquer le mal à la racine que de s’occuper des symptômes tout le temps. Et de ce point de vue là, il y a des progrès remarquables, parce que quand nous faisons des recommandations, en moyenne deux après, nous repassons au même endroit pour voir ce que les gens ont fait pour mettre en œuvre ce que nous avons recommandé. Actuellement, nous sommes à un taux de mise en œuvre qui est entre 65 et 70 %. Cela veut dire que, partout où nous sommes passés, vraiment les disfonctionnements significatifs ont eu déjà plus qu’un début de correction. Avec le temps, quand le BVG aura fait le tour de toutes les grandes administrations, si le même élan continue, si la même volonté politique reste, la gouvernance de l’administration va s’améliorer.
Le Ségovien : Certaines fois, il vous est arrivé au cours de votre mission d’avoir eu peur ?
Sidi Sosso Diarra : Souvent oui, mais toutes les fois, c’est après coup. Je crois que c’est cela qui fait la différence entre quelqu’un qui est courageux ou pas. Je ne sais pas quel écrivain disait que le courageux est celui qui a peur après le danger. Si je dois avoir peur avant, je n’irai nulle part. Quand vous exercez le métier de contrôleur, ne vous attendez jamais à être reçu les bras ouverts. Moi même, quand je suis contrôlé, je n’aime pas voir des contrôleurs. C’est la même chose. Et puis, nous touchons à de gros intérêts. C’est un métier risqué, mais il faut intégrer cela. Je ne dis pas que je suis téméraire. Je ne braverai pas les dangers mais je sais que la peur existe, je l’assume.
Le Ségovien : Avec l’expérience de ses 6 ans et demi, racontez-nous dans quelle circonstance, la peur vous a animé.
Sidi Sosso Diarra : Je ne résonnerai pas en termes de peur, mais je fais cas du problème de pression. Quand vous devez aller dans certaines structures, les gens vous abordent pour vous dire : « est ce que vous savez qui travaille ici ? Si vous allez, vous risquerez ceci ou cela…. ». Cela arrive souvent et ça ne veut pas dire que les responsables qui sont au devant de cette structure soient derrière cela. Ce sont d’autres personnes qui essaient de vous intimider. Les fois où j’ai eu le plus de pression, c’est quand je me suis occupé des services se rattachant à la Présidence la République et à la Primature. Les gens nous avertissaient : « si vous allez là-bas, vous allez avoir tous les problèmes du monde ». Eh bien, nous sommes allés et tout s’est bien passé.
Le Ségovien : Alors, racontez-nous une anecdote de cette forme de pression que vous avez vécue presque un mandat maintenant.
Sidi Sosso Diarra : En fait, je ne chercherais pas loin. Le danger n’est pas venu là où je l’attendais parce que je me disais souvent qu’un jour, un haut responsable me créera des ennuis, mais le problème est plutôt venu de mon service. Des fonctionnaires qui travaillaient avec moi ont essayé de contourner ce qui était convenu entre nous. Pour les avoir mis à la porte, ils ont utilisé des arguments et des moyens pas très orthodoxes. Finalement, je me suis retrouvé en prison alors que bon…..je pensais que le danger allait venir plutôt d’ailleurs. La leçon que je retiens, c’est que souvent on va chercher très loin les ennemis alors que les pires sont sous vos pieds, à l’intérieur de la maison. Il y a donc des gens qui touchent de gros salaires ici, mais qui ne sont pas forcement d’accord avec la philosophie du BVG.
Le Ségovien : Tant à l’intérieur de l’institution qu’en dehors, ce sont certains magistrats qui vous font payer votre façon de gérer le service quand des services financiers ou comptables vous dénient votre manière de contrôler. Vous êtes un homme amer vis-à-vis d’eux ?
Sidi Sosso Diarra : Non, vraiment pas ! J’aurai pu être amer si j’avais été pris par surprise, mais ce travail, quand je l’ai choisi, j’avais bien mesuré toute la portée ; j’avais conscience de toutes les répercussions que ça allait avoir sur ma vie privée, sur ma vie publique. Et puis, la réaction des entités contrôlées ne m’étonne pas du tout. Je vous dis : l’être humain est ainsi fait ; personne n’aimerait être contrôlé. Si à fortiori, vous devez convaincre la personne qu’elle a dilapidé des montants importants, c’est clair, il ne faut pas s’attendre à des réactions amicales. Je ne suis pas du tout amer face aux réactions que les uns et les autres ont pu avoir par rapport aux résultats de mes travaux. Là où, en revanche, j’estime que les choses auraient pu être équitables, c’est qu’en termes de protection, nous sommes descendus dans l’arène sans nous donner certaines armes qu’il faut. De façon anecdotique, je parlais de mon petit passage en prison. Aujourd’hui, j’ai moins d’immunité sur ce plan qu’un officier de police que vous ne pouvez pas comme ça attraper et le mettre en prison. Il y a, à ce niveau, des préalables et des précautions pour ce faire, tandis qu’avec moi, sans ménagement on l’a fait. Et jusqu’à présent, aucun texte n’a été pris dans ce sens. Ce n’est pas de l’amertume, mais je pense que ce sont des choses qu’on aurait pu m’épargner mais ce n’est pas grave, nous baliserons le terrain pour mon successeur.
Le Ségovien : A la décharge de certaines structures contrôlées comme l’Office du Niger, et ce malgré tout le boucan qu’on a entendu sur sa vérification (vous aviez même dit sur RFI que vous n’aviez arrêté que le menu fretin), la justice a pourtant libéré les 4/5 des inculpés. N’est ce pas un désaveu pour vous et votre institution ?
Sidi Sosso Diarra : Ça ne peut pas être un désaveu pour nous. En fait, chaque année, bon an mal an, on transmet quelques dizaines de dossiers au Procureur. En toute souveraineté, il fait son travail. On n’arrête pas des gens comme ça. Tous ceux qui ont été arrêtés à l’Office du Niger ne l’ont pas été sur des motifs légers. Il y avait de sérieuses présomptions pour les mettre aux arrêts. Maintenant et une fois qu’ils ont passé devant les assises, ce n’est pas rien. Ceux qui ont pu recouvrir leur liberté, c’est tant mieux et c’est tout le mal que je leur souhaite savent que les montants incriminés n’ont pas été mis en cause. Relisez bien les jugements. Dans presque tous les cas, la justice a demandé le recouvrement ou la restitution des montants détournés. C’est cela qui nous importe. Moi, je ne souhaite pas amener quelqu’un en prison mais, mon travail c’est regarder la régularité et la sincérité des opérations de recettes et de dépenses effectuées pour le compte de l’Etat. Maintenant, c’est la loi qui dit qu’en faisant ce travail, si je découvre des cas qui constituent des infractions à la loi pénale, je dois saisir le Procureur de la République ou le juge de paix à compétence étendue. Ce n’est pas une initiative personnelle. C’est la loi qui m’y oblige. Si je ne le fais pas, je deviens complice
Le Ségovien : Qu’est ce que vous répondez alors aux gens qui disent qu’en acceptant un bail à l’Office du Niger, vous optez pour la complicité, vous cultivez les délits que vous combattez dans l’entreprise, une sorte de deal entre vous.
Sidi Sosso Diarra : Soit ces gens là ne savent pas compter ou leur arithmétique est bizarre. Comme tout malien, j’ai déposé une demande parce que je vous avais dit que mon mandat expire le 31 Mars 2011. Il faudrait que je songe demain à ce que je vais faire. J’ai demandé une superficie de 100 hectares. L’Office du Niger m’a expliqué que c’était trop, car l’aménagement d’un seul hectare coûte 4 millions de F CFA. On m’a convaincu que si j’exploitais bien les 50 hectares, ce serait plus rentable. Donc, les 50 hectares me couteraient, pour les deux ans prévus pour l’aménagement, 200 millions de F CFA. Vous pensez que si c’est un acte de corruption, au lieu de soutirer de l’argent à l’Office du Niger, je suis dans l’obligation de m’endetter pour réaliser cet aménagement. C’est pourquoi, je parle d’arithmétique bizarre. Si je m’étais octroyé même un hectare en titre foncier, là on peut comprendre, puisque les terrains de l’Office du Niger ne sont pas donnés entièrement. Ils le sont sous forme de baux. Maintenant, après vous, si vos enfants veulent continuer avec le bail, il y a des clauses pour cela. Il n’y a pas de deal entre l’Office du Niger et moi.
Le Ségovien : Autrement, devrait-on revoir encore le BVG en Zone Office du Niger ?
Sidi Sosso Diarra : Non seulement, nous y serons à l’Office du Niger mais en plus nous allons davantage nous approcher de l’Office du Niger car j’ai proposé, et pour le moment accepté au budget, l’ouverture de l’Antenne du BVG de Ségou l’an prochain comme je l’ai fait à Kayes et Mopti. Chaque fois que nous aurons des missions dans la région de Ségou, que ce soit l’Office du Niger ou ailleurs, cette antenne nous permettra d’être en contact permanent avec les autorités et les structures où nous devons réaliser nos misions. J’espère la rendre fonctionnelle d’ici fin février 2011, c’est-à-dire avant mon départ.
Le Ségovien : Des milliards à un niveau, des centaines de millions à d’autres niveaux ont été engloutis dans les festivités du cinquantenaire sur les plans national et local. La gestion de ces fonds vous intéressera-t-il un jour ?
Sidi Sosso Diarra : Ça m’intéresse au plus haut point, mais malheureusement, moi je suis en fin de mandat. C’est donc mon successeur qui aura l’occasion de contrôler ces fonds. Nous, notre programme pour la période qui va jusqu’au-delà de ma date de départ est déjà tracé. Les dépenses du cinquantenaire ne sont pas prévues dedans et même si elles l’étaient, matériellement, je n’aurai pas le temps de faire faire une mission comme ça jusqu’au bout parce que c’est un travail énorme. Mais je crois qu’en tout état de cause, c’est une nécessité de faire le point des dépenses du cinquantenaire au Mali. Cela fait partie des choses que je vais suggérer à mon successeur, ça me semble important de le faire comme nous l’avions fait avec la CAN 2002.
Le Ségovien : Un de vos cousins Dembélé vous suggère, pour réussir votre mission de lutte contre la corruption, de recommander de payer les fonctionnaires maliens au même taux que les salariés du BVG. C’est bête ou réfléchi ?
Sidi Sosso Diarra : La réflexion n’est pas bête, mais pour arriver à ce niveau de salaire au BVG, cela m’a pris quand même 12 mois de discussion avec les autorités. J’étais convaincu et je le suis toujours qu’avec un niveau de salaire trop bas, le métier que nous faisons nous expose à toute sorte de tentation. Au jour d’aujourd’hui, avec les salaires qui sont payés à mes effectifs, je suis convaincu que, quelqu’un qui voudrait perdre son emploi ici réfléchira par deux fois avant de le faire. Le niveau de salaire est un élément important pour mettre les gens à l’abri de certaines tentations. C’est pour cela que la petite corruption, aujourd’hui néfaste me parait quasi inévitable, (je ne fais pas l’éloge de ce type de corruption) compte tenu du niveau de salaires dans ce pays. Le fonctionnaire moyen, pour essayer d’arrondir les fins de mois est obligé de vivre de certains expédients. Là où ça devient grave, c’est la grande délinquance financière. Cependant, la petite délinquance financière nuit au bon fonctionnement du pays.
Le Ségovien : Il ne vous est jamais arrivé de penser à la démission pendant votre mandat qui s’achève même sous la contrainte de votre épouse ou de vos enfants ?
Sidi Sosso Diarra : Si j’écoutais ma famille, j’aurai jeté l’éponge il y a longtemps. Compte tenu de ceux qu’on leur décrit comme risque, mes mamans, mon épouse m’y poussent, les enfants parce que je ne les voie presque pas. Maintenant, vouloir démissionner par peur ou par inquiétude non ! Bon, des fois quand l’administration me joue des tours, dans l’énervement, je peux être tenté de dire, si c’est comme ça j’arrête, mais cela ne dure jamais plus de quelques secondes
Le Ségovien : Votre mandat s’achève dans moins de 6 mois. Que ferez-vous après ?
Sidi Sosso Diarra : Je viens de parler de ma parcelle réservée à l’Office du Niger. Je n’ai même pas commencé les travaux. Le canal d’irrigation ne sera fonctionnel que, peut être l’an prochain. Ensuite, avant de venir ici, j’avais mon cabinet d’audit. Je peux toujours prendre le train en marche. Et puis, il y a beaucoup de possibilités, y compris même le domaine politique puisque vous avez soulevé ça. Je ne me ferme aucune porte. Ce qui est important, c’est la santé et j’espère que Dieu me donnera la santé nécessaire, sinon j’ai plein de projets à partir du 1er Avril prochain.
Le Ségovien : Que signifie cette barbiche blanche que vous portez désormais ?
Sidi Sosso Diarra : (Grand éclat de rires). En fait, l’explication de la barbiche est très simple. J’ai fait l’Ummrah. Pour ceux qui pratiquent ce rite, on sait qu’on n’a pas le temps de s’occuper de certaines choses comme dormir, se reposer ou même se raser la barbe les matins. On va pour adorer Dieu et tout votre temps est consacré à cela. Quand je suis allé, au bout de deux semaines, ma barbe avait poussé. A chaque fois, les gens trouvent que c’est bien, que ça me donne un air plus mâture, d’autres trouvent que c’est plus beau ainsi et elle est restée. Si un jour, ça me fatigue à cause de l’entretien, je la raserai et c’est plus simple.
Propos recueillis par Moutta