Déjà 17 rapports annuels exhibant de gros manques à gagner au préjudice de l’Etat ou des deniers publics. Le Bureau du Vérificateur Général (BVG), c’est de lui qu’il s’agit, a un bilan presque négatif eu égard aux ressources servant à le faire fonctionner.
Le premier rapport annuel du BVG date de 2005, alors la loi qui le créait date de 2003. La structure a été modifiée par d’autres textes dont le plus récent est la loi du 23 décembre 2021, en vue de renforcer son ancrage institutionnel et faciliter sa saisine. Mais, il semble qu’au décompte, l’addition du manque à gagner découlant des rapports du BVG est toujours salée, très salée. Les pauvres deniers de l’Etat, l’argent du contribuable est toujours trop mal géré (euphémisme pour dire qu’il est volé et/ou détourné).
De 2003 à 2022, 18 ans déjà que le Bureau du Vérificateur Général existe dans l’architecture des autorités administratives indépendantes du Mali. Il est, du reste, spécifiquement assis sur le terrain de la traque de la délinquance financière et de la lutte contre la corruption. Mais son bilan d’activités est plutôt mitigé.
Le Vérificateur Général, Samba Alhamdou Baby, a solennellement remis, la semaine dernière, son Rapport annuel 2021 au président de la Transition, le Col Assimi Goïta. Le manque à gagner recensé par ce rapport de vérifications de différentes structures bénéficiant de ressources financières publiques tourne autour de 52 milliards de F CFA. Si l’on s’amuse à ressasser les manques à gagner ou les irrégularités financières relevées par les 17 rapports, c’est plusieurs centaines de milliards qui sont concernés. Combien de ces montants ont-ils été restitués au Trésor public ? Très peu !
Il faut dire que ce dernier rapport fait la synthèse de 33 rapports de missions de vérification et d’évaluation de politiques publiques
réalisées dans divers secteurs de l’Administration publique Les secteurs concernés sont, entre autres, la santé, le transport, le développement rural,
l’éducation, la décentralisation, l’énergie et l’eau, la télécommunication
et les NTIC. Et ce sont des secteurs où la mauvaise gouvernance sévit le plus, puisqu’ils sont souvent cités dans la plupart des rapports de vérification. Ce qui laisse entendre qu’il y a un laisser aller ou un certain laxisme dans les départements concernés. C’est quasiment l’indifférence vis-à-vis des vérificateurs ; car les missions de vérification financière ou de performance n’effraient plus aucun agent public. Et dire que c’est un budget colossal qui est injecté dans le fonctionnement du BVG ! Pour quelles retombées au final ? Quelle évaluation a-t-elle été faite de cette autorité indépendante, dont on dit les ressources humaines employées les mieux payées de la République ?
Au même moment, le Vérificateur Général Samba Alhamdou Baby insiste sur les missions « à vocation préventive, dissuasive et coercitive » de cette autorité administrative indépendante
Le Vérificateur Général soutenait la dernière fois que « la remise solennelle du Rapport annuel du Vérificateur Général est un évènement hautement symbolique marquant un moment inédit de porter à la haute attention » du chef de l’Etat, la synthèse des observations, analyses, critiques et suggestions formulées au compte de l’année 2021. Mais alors, pour quel suivi et quelles incidences ?
Le président de la Transition a alors adressé ses félicitations au Bureau, avant d’indiquer que la traque de la mauvaise gestion des deniers publics doit s’intensifier. « La lutte contre la corruption et la délinquance financière fait partie des priorités des autorités de la Transition. En témoignent les sollicitations importantes adressées au Bureau du Vérificateur Général par les membres du Gouvernement. […] Vous comprendrez alors tout l’intérêt pour moi de recevoir ce rapport et de l’exploiter à souhait pour que des actions décisives puissent être entamées dans le cadre de la lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière, particulièrement dans la gestion efficace des fonds et deniers publics. Je note avec satisfaction la diversité des interventions du Bureau du Vérificateur Général qui a su évoluer sur des vérifications financières et de conformité, des vérifications de performance, des vérifications de suivi de recommandations, et l’évaluation de politiques publiques. Ces interventions ont couvert presque tous les secteurs stratégiques du développement de notre Pays. ». Comme pour dire que le travail du BVG n’ pas encore comblé les attentes. Malgré les milliards injectés dans la prise en charge de ce gendarme de la luette contrer la corruption et la délinquance financière, le mal demeure et semble même pousser des racines. Ne faut-il pas revoir la structuration même du BVG ? Quid des sanctions qui ne permettent pas de guérir le mal endémique de la délinquance financière ? A ce niveau, le V »gal lui-même « suggère qu’une attention particulière soit accordée à l’application effective des sanctions administratives et disciplinaires dans le cadre du suivi de la mise en œuvre des recommandations ».
Rappelons que le rapport annuel 2021 est alimenté par la synthèse de 33 rapports sectoriels qui sont repartis en 20 vérifications financières ou de conformité, huit (8) vérifications de suivi des recommandations, quatre (4) vérifications de performance et une (1) évaluation de politique publique. Lesdits rapports ont tous été publiés sur son site WEB.
Bruno D SEGBEDJI
Un pays de corruption généralisée …..voilà le résumé
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