Les fouilles « archélogico-financières » réalisées à l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/tics et Postes (AMRTP) est sans appel : surfacturations à la pelle, vols et détournements de fonds. Auxquels s’ajoutent, des dépenses injustifiées et le changement des règles de la comptabilisation, d’une année à l’autre. Autant de pratiques qui selon une enquête du BVG ont précipité l’AMRTP dans l’abîme. Avec à la clé, 4,5 milliards de francs CFA (4 525 370 963F) qui ont pris une destination, jusque-là, encore inconnue.
Décidemment, le Président de l’AMRTP, Monsieur Cheick Sidi Mohamed Nimaga, ancien PDG de la SOTELMA et ses complices sont mal barrés. Le gouffre financier creusé au niveau de cette structure dépasse l’entendement. D’où la paralysie de la structure à tous les niveaux. Ou presque.
En clair, l’AMRTP dans son histoire n’a jamais connu une telle hémorragie financière. Pire, elle n’a jamais été confiée à une personnalité, aussi controversée que le DG, M. Cheick Sidi Mohamed Nimaga : pendant les années 2016, 2017 et 2018, les caisses ont coulé. Comme le fleuve Niger dans son lit. Les détournements n’ont pas été comptabilisés en centaines de millions. Mais en milliards de nos francs.
La régulation des télécommunications, entre guillemets
L’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/tics et Postes n’a pas seulement perdu de sa superbe. Elle a été vidée de son âme, vendue au diable. Et jusqu’aujourd’hui, son Président Cheick Sidi Mohamed Maïga, n’affiche qu’une image de ruine et de désolation. Et pour cause : jamais, les gaffes au sein de ce service n’ont atteint un tel degré.
Jugée, pourtant, stratégique dans la politique des télécommunications de notre pays, l’AMRTP n’a pas échappé à l’appétit vorace de ses responsables. Par petite touche, ils ont « sucé » les caisses, érigés le népotisme en mode de gestion. L’espoir tant suscité auprès du gouvernement, a viré au cauchemar. Un flop magistral.
Réputée comme la veine régulatrice des télécommunications au Mali, l’AMRTP a vite fait de taire ses ambitions. Raison invoquée par les enquêteurs : l’utilisation des fonds et des recettes de la structure à d’autres fins. Estimé à 4,5 milliards de francs CFA, cette manne financière aurait fondu comme du beurre au soleil. Ce n’est pas tout. Loin s’en faut.
Même le Directeur du Département Administration et Finances de l’AMRTP ne recouvre pas l’exhaustivité des créances clients. Du coup, les enquêteurs ont procédé à des confirmations de paiements auprès des clients. Ainsi, ils ont constaté que le Directeur administratif et financier (DAF) n’a pas recouvré des créances des opérateurs titulaires d’autorisation d’assignation de fréquence et de ressources en numérotation. En effet, de 2016 à 2018, des clients ont cumulé des créances importantes d’un montant de plus de 10 milliards FCFA (10 779 524 244F) au 31 décembre 2018. Toutefois, au cours des enquêtes, l’AMRTP a recouvré 6,5 milliards FCFA (6 558 126 308F). Le montant total restant dû à la date du 14 janvier 2020 est de 4,2 milliards FCFA (4 221 397 936F) dont 1,8 milliards (1 816 684 716F) ont fait l’objet de moratoire de paiement et 1 882 750 000 FCFA connaissent une procédure en contentieux.
Par ailleurs, le Chef du Service Clientèle ne facture pas l’intégralité des redevances dues. Pour s’assurer de l’émission exhaustive des factures relatives aux différentes redevances, les enquêteurs ont rapproché les décisions d’assignations de fréquence et d’attributions des ressources en numérotation non résiliées aux situations de facturations au titre des exercices 2016, 2017 et 2018. Du coup, ils ont constaté que le Chef du Service Clientèle n’a pas facturé des redevances pour des clients titulaires d’autorisations en cours de validité. En effet, il a arrêté la facturation de 11 clients bénéficiaires d’autorisation alors que les décisions d’attribution concernées n’ont pas été résiliées. Les redevances annuelles non facturées s’élèvent à la somme de plus de 26 millions FCFA (26 972 350 F).
Le Chef Comptable et sa mafia
Du côté de la comptabilité de l’AMRTP, les irrégularités frisent le dol. Elles sont plus criardes les unes que les autres. Le Chef comptable n’a pas enregistré la totalité des redevances facturées.
Cependant, pour s’assurer de l’enregistrement exhaustif des redevances dans la comptabilité de l’AMRTP, l’équipe de vérification a procédé au rapprochement des redevances facturées à celles enregistrées dans les livres comptables au titre des exercices 2016 et 2017. Elle a constaté que le Chef Comptable n’a pas enregistré dans sa comptabilité des factures signées par le Président du Conseil de régulation pour un montant total de plus 244 millions FCFA (244 574 862F. De plus, des factures totalisant un montant de 473 590 249 FCFA ont été enregistrées dans les livres comptables pour un montant de 399 404 434 FCFA soit une minoration de créance de 74 185 815 FCFA. Le montant cumulé des redevances non enregistrées sur la période sous revue est de 318 760 677 FCFA. Plus grave encore, la constatation est abandonnée en ce qui concerne la comptabilisation exhaustive des factures de redevances. L’AMRTP a comptabilisé l’ensemble des factures concernées et fourni les extraits de compte du grand livre accompagnées des pièces justificatives correspondantes. Elle a aussi mis à la disposition de l’équipe de vérification les documents relatifs au rattachement à l’exercice 2015 de la redevance n°160031/ MENIC-AMRTP-DG d’un montant de 41 760 000 FCFA soit un montant effectivement comptabilisé de 277 000 677 FCFA. En bloc, les redevances comptabilisées à titre de régularisation sont des créances à recouvrer pour un montant de plus de 277 millions FCFA (277 000 677F).
Pourquoi ? Seul le Président de l’AMRTP, M. Cheick Sidi Mohamed Nimaga et ses complices, pourraient y répondre à l’heure actuelle.
Bref, l’AMTRP a été sacrifiée sur l’autel d’intérêts égoïstes. Autrement dit, la caisse de la structure a subi une saignée financière de plusieurs milliards de francs CFA.
En réalité, cette mauvaise gestion est le fruit d’un système bien huilé, mis en place par le « prince » de l’AMRTP.
Selon ce système, les responsables de la structure veillent aux « bons soins » de leurs potes et de leur propre personne: enveloppes de fin du mois, marchés de gré à gré, bons de carburant à gogo, voyages sur la Côte d’azur et autres cadeaux en nature. Du moins, s’ils veulent éviter les « ennuis ».
Face à de telles pratiques qui ont occasionné un trou de 4,5 milliards de francs CFA à l’AMRTP, le Bureau du Vérificateur Général (BVG) exigent à ce que le Président de l’AMRTP, M. Cheick Sidi Mohamed Nimaga et ses complices rendent à César ce qui n’est pas à eux. Et cela dans un bref délai. Passé ce temps, des poursuites seront engagées. Du coup, les responsables de l’AMRTP ne dorment plus que d’un œil. Et cela, depuis la transmission du dossier au Pôle économique et financier.
Affaire à suivre !
Jean Pierre James