Délinquance financière : Plus de 540 millions FCFA carottés à la Poste du Mali

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Le contrôle réalisé à la Poste du Mali par le Bureau du Vérificateur Général est sans appel : adoption de l’organigramme de la Poste avec des insuffisances par le Conseil d’Administration et non disposition par la Direction de la Poste d’un manuel de procédures administratives, comptables et financières à jour . Auxquels s’ajoutent, des sorties fictives de plomb pour un montant de 4 573 680 FCFA et le non reversement des retenues fiscales d’un montant de 535 980 236 FCFA.

Autant de pratiques qui selon une enquête financière du vérificateur ont précipité la Poste du Mali dans l’abîme. Avec à la clé,  plus de 540 millions (540 553 916F) de francs CFA qui ont pris une destination, jusque-là, encore inconnue pendant les exercices 2019, 2020, 2021 et 2022.

Décidemment, le PDG de la Poste du Mali, M. Ibrahima Haïdara et sa bande sont mal barrés. Les irrégularités financières engendrées au niveau de cette entité étatique dépassent l’entendement. D’où la paralysie de la structure à tous les niveaux. Ou presque. Pire, le service ne procèe pas au paiement régulier des cotisations sociales.

En clair, la Poste du Mali dans son histoire n’a jamais connu une telle hémorragie financière. Pire, elle n’a jamais été confiée à une personnalité, aussi controversée que M. Ibrahima Haïdara, nommé le 2 mai 2018. Pendant  4 ans, les caisses ont coulé. Comme le fleuve Niger dans son lit. Les irrégularités financières sont comptabilisées en plusieurs centaines de millions : 540,55 millions de nos francs.

La poste du Mali n’a pas seulement perdu de sa superbe. Elle a été vidée de son âme, vendue au diable. Et jusqu’aujourd’hui, son PDG Ibrahima Haïdara n’affiche qu’une image de ruine et de désolation. Et pour cause : jamais, la mauvaise gouvernance au sein de ce service n’a atteint un tel degré.

La poste du Mali à vau-l’eau

Jugée, pourtant, stratégique dans la politique de l’Etat malien pour la distribution des courriers, des colis et dans le transfert d’argent, la Poste du Mali n’a pas échappé à l’appétit vorace de ses responsables. Par petite touche, ils ont « sucé » les caisses, érigés le népotisme en mode de gestion. L’espoir tant suscité auprès du gouvernement, a viré au cauchemar. Un flop magistral.

Du coup, la vérification des opérations de recettes et de dépenses des exercices 2019, 2020, 2021 et 2022 de la Poste du Mali est sans appel. En effet, les travaux de vérification ont fait ressortir des insuffisances au niveau de la mobilisation des ressources et au niveau de l’exécution des dépenses. Elle a également permis de passer en revue le cadre institutionnel des activités postales et d’analyser les rôles et responsabilités des acteurs dans les domaines de la gouvernance, de la réglementation et de la régulation.

Dans le cadre de la relance de la Poste, ces acteurs que sont le Ministère de Tutelle, l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications, des NTIC et des Postes, le Ministère chargé des Finances et le Conseil d’Administration ont de grands rôles à jouer notamment dans les domaines de l’apurement du passif, la recapitalisation de la Poste, l’élaboration et le contrôle de l’application de la réglementation postale ainsi que la régulation du secteur postal.

Par ailleurs, il est à noter que la fonction de PCA des EPIC est assurée par le PDG Ibrahima Haïdara. Cette pratique, quoique consacrée par la réglementation en vigueur, affecte la qualité du contrôle des EPIC. Ainsi, le cumul des fonctions de gestion et de contrôle entre les mains du PDG affecte la qualité de la gouvernance de la Poste du Mali.

Des irrégularités financières à la pelle

Le montant total des irrégularités financières à la Poste du Mali s’élève à 540 553 916 FCFA.

Le Magasinier de la Poste n’a pas justifié des sorties de plomb. Afin de s’assurer de la réalité des achats effectués par le Directeur des Moyens Généraux (DMG), l’équipe de vérification a procédé aux entrevues avec le DMG, le Magasinier, le Chef du Service Approvisionnement, le Directeur Financier Comptable (DFC) , les services utilisateurs de plomb que sont le Centre des colis postaux et le Centre de traitement des lettres. Elle a examiné les pièces justificatives des achats et les bons de sortie du magasin. Elle a également effectué des travaux d’inventaire au niveau du magasin.

A la suite de ces travaux, l’équipe de vérification a constaté que le magasinier n’a pas pu justifier la sortie de plomb. En effet, pour des achats de 240 kg de plomb d’un montant de 4 976 480 FCFA, mis en magasin, l’équipe de vérification, après inventaire n’a constaté qu’un stock de 20 kg évalué au prix moyen unitaire de 20 140 FCFA pour une valeur totale de 402 800 FCFA alors qu’aucun bon de sortie n’existe pour les quantités manquantes. La valeur du stock de plomb non justifiée est de 4 573 680 FCFA.

Plus grave, le PDG Ibrahima Haïdara n’a pas procéder au reversement des retenues fiscales aux services des impôts. Ainsi, pour s’assurer que La Poste procède à la retenue des impôts (ITS, CF, TL, TVA) et leur reversement au service des Impôts, l’équipe de vérification a procédé aux entrevues avec le PDG, le DFC, le chargé du suivi du passif. Elle a examiné des bulletins de salaires, les déclarations fiscales des exercices de la période sous revue et la situation des impayés d’impôts fournie par la Poste.

A la suite de ces travaux, l’équipe de vérification a constaté que durant la période sous revue, le PDG Ibrahima Haïdara n’a pas reversé de l’impôt sur le traitement et salaire, de la contribution forfaitaire, de la taxe de logement et de la taxe sur la valeur ajoutée. Ainsi, le montant total de la dette fiscale de la Poste du Mali, au 31 décembre 2022 s’élève à 535 980 236 CFA.

En outre, précisent les enquêteurs, de nombreuses anomalies administratives affectent la gestion de la Poste du Mali. Celles-ci vont de l’adoption par  le Conseil d’Administration de l’organigramme de la Poste avec des insuffisances ; la non tenue par le Conseil d’Administration de la Poste de procès-verbaux et de registre de consignation et le refus du Conseil d’Administration de mettre en œuvre la procédure d’alerte suite à la dégradation de la situation financière de la Poste.

Et comme si ces irrégularités ne suffisaient pas, la Direction Générale de la Poste du Mali ne dispose pas d’un manuel de procédures administratives, comptables et financières à jour. Non plus, elle n’a pas régularisé les arriérés d’avancement de salaires, droits et avantages dus aux salariés et ayants droits. Pire, la Direction de la Poste ne procède pas au paiement régulier des cotisations sociales et  ne tient pas de comptabilité analytique. Aussi, l’organisation comptable de La Poste ne permet pas au Directeur Financier et Comptable de faire un suivi régulier de la comptabilité des receveurs de Postes. De même, la Direction Financière et Comptable de la Poste ne tient pas de comptabilité régulière. Enfin, le Service d’audit interne de la Poste n’est pas organisé conformément aux normes d’audit interne et la Direction des Moyens Généraux ne respecte pas les procédures d’achat par Demande de Cotation et par Demande de Renseignement et de Prix à compétition Restreinte.

En bloc, la gestion de la Poste du Mali est comparable à celle d’une épicerie. D’où une des irrégularités financière de 540,55 millions de francs CFA pendant les exercices 2019, 2020, 2021 et 2022.

Bref, la Poste du Mali a été sacrifiée sur l’autel d’intérêts égoïstes. Autrement dit, la caisse de la structure a subi une saignée financière de plusieurs centaines de millions de francs CFA.

En réalité, cette mauvaise gestion est le fruit d’un système bien huilé, mis en place par le « prince » de la Poste.

Selon ce système, les responsables de la structure veillent aux « bons soins » de leurs pots et de leur propre personne: enveloppes de fin du mois, marché de gré à gré, bon de carburant à gogo, voyages sur la Côte d’Azur et autres cadeaux en nature. Du moins, s’ils veulent éviter les « ennuis ».

Face à de telles pratiques qui ont occasionné un trou de plus de 540 millions de francs CFA dans la caisse de la Poste, le Vérificateur, a transmis une dénonciation de faits au Président de la Section des Comptes de la Cour Suprême et au Procureur de la République chargé du Pôle National Economique et Financier relativement, aux sorties fictives de plomb pour un montant de 4 573 680 FCFA et au non reversement des retenues fiscales d’un montant de 535 980 236FCFA.  Depuis, les responsables de la Poste du Mali ne dorment plus que d’un œil.

Arouna Traoré

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5 COMMENTAIRES

  1. Je suis tout a fait d’accord avec toi Coulibalyke, il faut confisquer tous les biens de ces voleurs ensuite les envoyer a Taoudenit comme tu l’as dit. Mais j’ai peur qu’un article ne nous parvienne de Haidaradjely le journaliste végétatif pour nous dire que ce sont les meilleurs fils du Mali qui travaillent a la Poste comme ce fut le cas après les arrestations au Trésor National et récemment pour les malversations des fonds COVID19!

    • Mon “cher” Kinguiranke,

      Si il n’y avait que la Poste. Regarde donc du côté du gouvernement et des fonds spéciaux. A quoi servent ils d’après toi ?

      • Sarkozy porte toujours le bracelet electronic as sa main pourquoi ne pas regarder de ce cote? LeGoupil33 sale troll occupes-toi de ta tres maudite France le royaume de SODOM et GOMORRA

    • Tout cela va bien sûr faire un gros trou dans la caisse. Braves gens, cotisez-vous pour la renflouer avant qu’il ne faille augmenter le prix des timbres. Au vrai, et pour aller au fond des choses, on voit mal pourquoi les agents des postes se priveraient alors que tout le monde, du haut en bas de l’échelle, se sert sans grand dommage. Kinguiranke, sans doute, le premier.

  2. Pour rendre dissuasif ce fléau qui gangrène tous les secteurs de développement de ce pays, il faut rouvrir le bagne de Taoudénit où les bagnards serons incarcérés en travaillant pour extraire du sel qui servira à nourrir le bétail malien. Avec çà, nous vous assurons que personne ne volera aucun sous du contribuable malien. Il faut absolument des actions dissuasives, sinon les bandits sévirons toujours sans aucune crainte.

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